Mahamane Ousmane at- il délibérément trompé son électorat dans cette histoire de procès devant la Cour de justice de la Cedeao ? La question est au centre de tous les débats depuis que, hier, mardi 31 mai 2022, le verdict est tombé. Maintes fois repoussé, à la demande de l’une ou l’autre partie, la sentence attendue de longue date par les Nigériens est désormais connue.
Mahamane Ousmane, l’ancien président du Niger d’avril 93 à janvier 96 et challenger de Bazoum Mohamed au second tour de l’élection présidentielle passée, a été débouté de toutes ses prétentions.
Ainsi se ferme un feuilleton qui a été plus qu’un camouflet judiciaire pour Mahamane Ousmane. Candidat de l’opposition arrivé au second tour de l’élection présidentielle, il n’a eu de cesse de revendiquer la victoire, accusant, avec des preuves d’ailleurs, son adversaire d’avoir organisé un véritable hold-up électoral. Et pour revendiquer sa victoire usurpée, l’ancien président a dit préférer faire confiance à la justice qu’il a saisie en juin 2021. Bien que sceptiques, les Nigériens se sont laissés charmés par l’initiative, tant son conseil, Me Lirwana, a su faire étalage d’arguments irréfutables. Il a été d’ailleurs organisé des points de presse à cet effet, largement suivis et relayés sur les réseaux sociaux.
Il est clair, au sein de l’opinion publique nationale, que Mahamane Ousmane contestait les résultats du second tour de l’élection présidentielle et que la bataille judiciaire qu’il avait engagée visait à gagner gain de cause. Pour les Nigériens, l’issue de l’élection présidentielle n’était pas encore connue et Mahamane Ousmane n’a pas encore accepté sa défaite. Ils viennent de tomber des nues en découvrant la nature de la plainte de Mahamane Ousmane. « Violation de ses droits humains ». Mieux, l’ancien président n’a pas introduit une requête pour contentieux électoral avec Bazoum Mohamed, mais plutôt un contentieux avec l’État du Niger. Que cherchait-il ? Ses prétentions, visiblement, n’ont rien à voir avec la question pour laquelle des milliers de Nigériens se sont battus, pour son compte ; une bataille électorale qui a conduit nombreux d’entre eux, dont Hama Amadou, Boureima Moumouni dit Tchanga et Saidou Tahirou , entre autres, en prison. Si elle a été présentée aux publics comme une contestation de l’élection de Bazoum Mohamed à la tête de l’État, la requête de Mahamane Ousmane devant la Cour de justice de la Cedeao n’a cependant rien à voir avec les résultats de l’élection, encore moins avec Bazoum Mohamed. Sa requête porte sur le motif suivant : « violation de ses droits humains » et c’est l’État du Niger qu’il attaque.
Une profonde déception ressentie chez les Nigériens, notamment ceux qui, par naïveté, ont cru en l’homme et en sa détermination à revendiquer une victoire électorale qu’on lui a volée. Son combat, selon toute vraisemblance, est tourné vers un autre objectif. Selon de nombreux commentaires, Mahamane Ousmane a sans doute cherché une réparation financière en parlant de violations de ses droits humains. Il savait nécessairement qu’il ne gagnerait pas un procès portant sur la contestation des résultats électoraux. Mais, on peut se poser la question de savoir à quel moment, exactement, at- il changé de fusil d’épaule. Quoi qu’il en soit, Mahamane Ousmane a mené son petit monde en bateau.
Le verdict de la Cour de justice de la Cedeao est un coup dur pour le challenger de Bazoum Mohamed. Il perd son procès, auréole le pouvoir de celui dont il prétendait contester la victoire et perd, au bout du compte, tout crédit politique aux yeux de ses compatriotes.
Laboukoye