Depuis la mise à nu de l’affaire Khalif Security qui, du reste, s’apparente à l’affaire Ibou Karadjé, l’opinion nigérienne est restée sur sa faim quant aux contours de cet autre scandale de la gouvernance de Mahamadou Issoufou. En réalité, l’affaire est loin d’être à son épilogue. Car des langues sont en train de la claquer pour faire des déballages sur l’affaire. Au PNDS, fédération régionale de Dosso, le mécontentement est à son comble depuis que des militants du parti ont appris que c’est Assamaou Garba qui a fait venir son neveu Abdoul Kader Boubacar Mamadou Badjé alias Kader BCEAO, dans le réseau du parti pour débaucher les militants des autres partis dans le département de Gaya, la terre natale de son père, Boubacar Mamadou Badjé. Le travail de débauchage et de corruption des militants des partis adverses ne pourra être mené sans des moyens financiers conséquents.

C’est ainsi que Foumakoye Gado, à l’époque ministre du Pétrole et homme de confiance de Mahamadou Issoufou, l’a présenté au ministre de la Défense pour l’introduire dans le réseau des marchands d’armes, d’avions et matériels militaires. Une lettre, en date du 26 avril 2019, signée par Moutari Kalla, ministre de la Défense, a consacré son introduction dans le réseau. Laquelle lettre a loué ses compétences techniques et humaines pour appuyer le ministère de la Défense nationale. Cela, pendant que des soldats meurent comme des mouches sur le terrain.

Aussitôt introduit dans la mafia d’achat d’armes pour le compte du ministère de la Défense, Abdoul Kader Mamadou Badjé signe un premier contrat de plusieurs milliards de FCFA pour l’achat de matériels militaires et d’avion avec le Pr Issoufou Katambé qui a succédé à Moutari Kalla à la tête du ministère de la Défense. Après, une avance a été accordée à Khalif Security pour l’achat des matériels. Après un tour en Afrique du Sud avec des officiers supérieurs de l’armée nigérienne pour un semblant d’achat de matériels et d’avion. Kader Mamadou Badjé est revenu au Niger pour commencer le travail pour lequel il a été recruté. Au commencement, il a acheté une ambulance et des produits pharmaceutiques pour le village natal de son père.Après, Abdoul Kader Boubacar s’installe dans la zone de Gaya et au-delà comme un véritable souverain en utilisant abondamment l’argent public, offrant des salles de classe à l’Etat. Il a été tellement généreux au point de se faire appeler Kader BCEAO.

Comment l’affaire a-t-elle été ébruitée ?

Après les dépenses extravagantes pour la victoire du PNDS aux dernières élections et la construction d’un internat à Mujiya avec l’argent public gracieusement offert par le canal du MDN, Kader BCEAO a été décoré par Bazoum Mohamed pour service rendu. Et pour davantage le récompenser, les portes du ministère de l’Education nationale lui auraient été grandement ouvertes. Tous contrats de construction d’internats pour jeunes filles, de classes et autres bâtiments auraient été attribués à Abdoul Kader Boubacar Mamadou Badjé, le patron de Khalif Security. Ce qui aurait donné la salive à un ministre du gouvernement actuel. Selon une source bien renseignée, le ministre en question aurait demandé au patron de Khalif Security de lui céder quelques marchés en le menaçant de balancer son dossier de la défense dans la rue. Et la suite est bien connue, le dossier est dans la rue et Kader serait en fuite. Mais, on l’aurait aperçu au décès de son grand frère à Cotonou. Il revenait de l’Inde.

Ali Soumana