Kalla Moutari est un homme qui souffre énormément. Il souffre de savoir sans pouvoir parler. Dans une interview accordée à notre confrère La Flamme et consécutive à notre article « Scandale au ministère de la Défense nationale : le responsable de Khalif Sécurité au centre de l’affaire en cavale »,, l’ancien ministre de la Défense nationale s’est prêté à un exercice dont il n’a pas toutes les cartes ou plutôt dont il ne peut parler pour se disculper. Qu’il ait claqué la langue, même sans rien dire d’autre que de ressasser que ce n’est pas lui qui a attribué ce marché, est toutefois plein de non-dits intéressants. D’abord, Kalla Moutari n’a, malgré tout ce qu’il a dit et répété, dit que ce n’est pas lui qui signé la recommandation dont copie a circulé sur les réseaux sociaux. En revanche, il se contente de dire qu’il n’a recommandé personne auprès de personne. Le document seraitil un faux que l’intéressé attribuerait aux services de son successeur ?
Il ne le dit pas formellement. Cependant, il demande, quand bien même il l’aurait fait, s’il serait plus coupable que ceux qui auraient donné le marché. « Qui a donné le marché ? Qui a signé le marché ? », s’est-il interrogé, laissant entendre que ce n’est pas la même personne qui a attribué le marché et qui l’a signé. Le ministre Issoufou Katambé qui lui a succédé à ce poste serait-il concerné par ce scandale ? Kalla Moutari, qui se plaint de constater que l’on ne parle pas du tout de celui qui a donné le marché et/ ou qui l’a signé, souligne, sans ambages, qu’il a assez enduré comme ça. « Je ne peux vouloir ce pays, ce régime, le Pnds, plus que tout le monde », histoire de dire que si on le pousse à bout, il n’hésitera pas à faire le déballage nécessaire.
Des non-dits, on retiendra surtout que Kalla Moutari n’est pas prêt, au nom du militantisme et de la solidarité entre camarades, à endosser des choses vilaines qu’il n’a pas faites. Il l’a dit sans ambages : « Ça n’exclurait pas que je me défende quand c’est nécessaire ». Un avertissement assez clair pour ceux qui s’aventureraient désormais, dans les rangs du Pnds Tarayya, de flécher le député Moutari qui précise, à desseins, qu’il va d’autant le faire avec aisance qu’il a pour ça, la liberté du député qu’il est.
Kalla Moutari en a assez et c’est remarquable dans ses propos. Il n’a pas hésité à souligner que le ministre actuel qui a résilié le contrat, même s’il ne dit rien des raisons qui l’ont amené à le résilier. Kalla a également profité pour faire les louanges du régime et c’est de bonne guerre. Les questions gênantes, comme celle de l’avance de paiement perçu ? « Je n’en sais rien », répondait-il invariablement.
Laboukoye