Depuis quelques jours, les usagers nigériens font face à une pénurie sévère du gasoil. Impactant sévèrement la vie des consommateurs individuels et de certaines entreprises. Cela tombe mal pour une économie déjà exsangue. Un pays pourtant producteur de pétrole depuis bientôt une décennie. L’approvisionnement du fameux gasoil est devenu un véritable casse-tête, et il faut tout un parcours du combattant. Il faut, là aussi, être un heureux élu, muni d’un bon selon certaines sources, pour se voir livrer une certaine quantité du précieux liquide. Les stations-services ont du mal à satisfaire les longues files qui attendent d’être servies. Officiellement, cette pénurie serait due au « développement d’une spéculation sur le prix du carburant, ainsi qu’à des ventes frauduleuses des quantités destinées à la consommation nationale vers l’extérieur ». Certains évoquent également la ruée de ressortissants de certains pays voisins sur le gasoil destiné à la consommation intérieure. C’est la raison pour laquelle, le Gouvernement a décidé de suspendre l’exportation du gasoil vers l’extérieur dès le 1er juin 2022, et aussi envisager des sanctions contre les stations-services indélicates. Il est vrai qu’il y a actuellement une conjecture défavorable, tant du point de vue national avec la fraude comme indiqué par le Gouvernement, et surtout le terrorisme qui sévit dans plusieurs régions du pays, notamment Diffa et Tillaberi, qu’international avec la guerre Russie-Ukraine. Mais, on peut légitimement se poser plusieurs autres questions, dont celle en lien avec cette pénurie de gasoil et le prêt Eximbank de Chine. L’on se souvient qu’en 2013, le Niger a contracté un prêt estimé à 2 milliards de dollars auprès de la banque Eximbank de Chine.
Ce prêt a été évoqué pour la première fois par le président de l’Assemblée nationale de l’époque lors de l’interpellation de celui qui était ministre de l’intérieur, Hassoumi Massoudou à propos de la destitution du Président du Conseil de Ville de Niamey, Oumarou Moumouni Dogari. Le montant que le président de l’Assemblée nationale a avancé a été vite battu en brèches, sinon tourné en dérision, par plusieurs membres du Gouvernement dont le Premier ministre Bridji Rafini. Aujourd’hui, les nigériens connaissent ceux qui leur ont caché la vérité en leur avançant un faux montant. Toujours est-il que les nigériens sont en train de rembourser ce prêt au prix le plus fort. Avec un coût élevé du litre de l’essence et du super à la pompe au grand dam des nigériens qui pensaient qu’une fois que le Niger serait entré dans le cercle fermé des pays producteurs de pétrole, le précieux liquide leur reviendrait moins cher qu’au moment où il était importé. Ils se rendent compte aujourd’hui, à leur corps défendant, que les choses ne sont pas comme ils l’espéraient. L’une des conditions du fameux prêt Eximbank de Chine serait justement l’hypothèque du pétrole nigérien sur une durée de plus de deux décennies. Jusqu’à ce que les Chinois entrent dans leurs droits. Est-ce le compte à rebours qui a commencé ? En tout cas, pour l’instant, certains nigériens se posent des questions et estiment qu’il faut regarder du côté de ce prêt pour pouvoir expliquer la cherté du prix du carburant à la pompe et même cette rupture aigue dans la fourniture du gasoil.
Bisso