On ne cessera jamais de le dire assez, la gestion politique du régime de la renaissance d’Issoufou Mahamadou, durant une décennie, en dépit d’énormes ressources financières mises à sa disposition par les bailleurs de fonds internationaux, figurera très certainement dans les annales noires du Niger contemporain. En effet, derrière des concepts désincarnés, des slogans trompeurs et d’arguments spéciaux de tout ce qui aura constitué le cheminement politique d’Issoufou Mahamadou, pendant une trentaine d’années, se dissimulait, en fait, un grand monstre politique, un fin démagogue et un impitoyable imposteur démocratique. Le personnage se voulait et se voyait vertueux sur toute la ligne, se posait en donneur de leçons de bonne gouvernance et de démocratie, mais, à l’épreuve du pouvoir, ce fut la consécration du pouvoir personnel que l’on aura observée chez lui, dont les répercutions seront profondes et durables sur le devenir du pays. On voit, aujourd’hui, une des illustrations les plus éloquentes de l’exercice du pouvoir suprême à des fins purement personnelles, claniques et partisanes, avec le cas de l’ancien Haut Commandant de la Garde Nationale, Sidi Mahamadou, qui vient de faire parler de lui d’une manière rocambolesque dont seul le régime de la renaissance d’Issoufou Mahamadou détient le secret. Riche, très riche comme Crésus, ce muezzin défroqué (on raconte qu’il a séjourné au Soudan dans ce cadre) qui aura troqué le minaret contre le béret rouge, Sidi Mahamadou, est l’incarnation vivante de la ‘’issoufoumania’’ qui aura caractérisé la gestion du pays durant les deux mandats précédents. Jamais, dans l’Histoire du Niger contemporain, la corruption, les détournements de deniers publics et l’enrichissement n’auront atteint un tel niveau d’intensité que sous ce régime dit de la renaissance du Niger. Le cas de Sidi Mahamadou illustre parfaitement la gestion paternaliste et patrimoniale instituée par Issoufou Mahamadou, dont les suites logiques viennent rattraper, en pleine figure, son successeur actuel, Mohamed Bazoum. Disposant d’un géant coffre-fort à son domicile où s’entassaient de grosses liasses de billets de banque, Sidi Mahamadou apparaissait dans un des rôles du légendaire film de Jean Fernandel, ‘’Ali Baba et les 40 voleurs’’, celui bien entendu des voleurs, pendant que le fiston incarnait celui d’Ali Baba’’, le ‘’voleur des voleurs’’. Chez nous, au Niger, cette situation cocasse est exprimée par cet adage populaire : « Zey na zey zeye, tchétchico si » (« Un voleur a volé un autre voleur, point de revendication ! ») ! Malheureusement pour le pauvre Sidi Mahamadou, voulant prendre le contre-pied de cette idée courante, il l’aura appris à ses dépens, en tentant de retrouver les sommes que son gamin de 15 ans réussissait à soutirer du coffre-fort de papa, dont il avait appris par coeur la combinaison, à force de perspicacité. Ce fut alors pour le bambin la découverte de la caverne d’Ali Baba, un filon d’or dans lequel il venait puiser très régulièrement de quoi aller ‘’mettre le feu en ville’’, comme on dit couramment, avec une bande d’ados gâtés comme lui. On raconte que ce n’est pas moins d’une centaine de millions de nos francs que le gamin de Sidi Mahamadou aurait réussi à soustraire de cette caverne de billets de banque, jusqu’à ce que le père s’aperçût, un jour, de la situation. Automatiquement, la question qui viendrait à l’esprit est celle-ci : Combien y avait-il dans ce coffre-fort, pour qu’une telle opération fût passée inaperçue de la part du dépositaire paternel, pendant un laps de temps ? Ensuite, où est-ce que l’ancien Haut Commandant de la Garde Nationale, qui n’était pas dépositaire attitré de deniers publics, a-t-il trouvé tout cet argent ? On parle de milliards qui se trouveraient thésaurisés par l’ancien patron de la Garde Nationale !
Voilà, une fois de plus, un nouveau casse-tête que devra résoudre, dans les jours à venir, le président Bazoum, déjà fragilisé par les cas d’Ibou Karadjé (le scandale de la Présidence), du Ministère de la Défense Nationale (MDN) et bien d’autres sales casseroles du régime de la renaissance Acte I et II filées, comme des patates chaudes, à Mohamed Bazoum !
A présent, ce que tous les Nigériens attendent du président Bazoum, c’est de voir la suite qu’il donnera à cette affaire. En effet, au regard de ce qui vient de se passer au niveau de la Garde Nationale, il serait recommandable de la part du président de la république d’y envoyer une inspection d’Etat, afin de faire toute la lumière sur la gestion de cette institution sous le commandement de Sidi Mahamadou.
Les citoyens nigériens espèrent que ce limogeage sera sans préjudice de l’obligation d’inspecter cette gestion manifestement douteuse, pour que cela puisse servir de leçons pour les nouveaux responsables de ce grand corps d’Etat. Cependant, beaucoup d’entre eux restent tout de même très sceptiques quant à la possibilité réelle du président Bazoum d’aller au-delà de l’acte formel pour passer à l’action, pour sévir contre les cas flagrants de mauvaise gestion, de corruption et d’enrichissement illicite de la part d’un régime politique auquel il avait lui-même appartenu, et dont, aujourd’hui, il est le premier héritier. Combien de ces cas pareils sont-ils légions, aujourd’hui, dans notre administration publique, dans les institutions étatiques et les corps habillés de l’Etat, dans l’indifférence générale du président Bazoum, sans que celui-ci puisse décider solennellement de mettre fin à cette impunité si caractéristique du Niger d’Issoufou Mahamadou ? Ces cas sont nombreux et flagrants, visibles, palpables, se passant souvent de tous commentaires, et qui témoignent de l’esprit de désinvolture et surtout du manque inadmissible du sens de l’Etat et des responsabilités de la part du concepteur et géniteur du creux Programme de la renaissance, lequel qui se sera révélé, dans les faits, comme une grosse arnaque politique, exactement comme celle consistant à vendre de la…glace à un esquimau ! Après le MDN, c’est autour de la Garde Nationale d’être sous les rampes de l’actualité brûlante, avec l’exubérance de Sidi Mahamadou pour un niveau d’enrichissement qui dépasse l’entendement humain, dans un régime qui professait à cor et à cri les vertus de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption sous toutes ses formes, de l’impunité ! Mais, en réalité, le régime de la renaissance n’était ni plus, ni moins qu’une vaste entreprise de prédation des ressources publiques conçue et mise en marche par Issoufou Mahamadou et son clan politique, qui essaime, aujourd’hui, dans toutes les hautes sphères de l’appareil d’Etat. Le mal semble donc profond et durable, et seule une thérapie de choc, à la hauteur de la gravité de ce cancer social, pourra permettre de guérir le Niger d’aujourd’hui et de demain.
Une chose demeure cependant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car, tôt ou tard, les cadavres putréfiés et gonflés du régime de la renaissance finiront par remonter à la surface, et quant à ceux dissimulés dans des placards, la nauséabonde odeur issue de leur état de décomposition avancé achèvera de rendre irrespirable l’air du Niger !
Sanda