COHO ou le chaos, serait-on tenté de se poser la question ? Après une interruption de deux (2) années pour cause de pandémie du COVID-19 l’édition 2022 du Hadj a été autorisée, à nouveau, par les autorités saoudiennes compétentes. Mais, cette édition 2022 a été décidée avec beaucoup de restrictions dans les différents quotas attribués aux pays demandeurs de visa Hadj. Pour le cas spécifique du Niger, c’était un peu plus de 7000 places qui lui ont été attribuées. On imagine que ce nombre semble très insuffisant au regard de la forte demande nationale à cause de deux années d’interruption du Hadj, et cela suffit pour provoquer le branle-bas dans tous les sens, entre le Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra (COHO), le Ministère des transports, via l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) et les agences privées de Hadj et Oumra. A quelques heures seulement de l’ouverture officielle du cinquième pilier de l’Islam, à la Mecque et à Médine plusieurs centaines de pèlerins nigériens (environ 17000) attendent encore d’hypothétiques vols provenant de ‘’Max Air’’, la compagnie nigériane adjudicataire du contrat de transport des pèlerins nigériens.


Telle un serpent de mer, depuis plusieurs années, la question du Hadj au Niger soulève tous les débats possibles autour de l’organisation matérielle et logistique de ce rite religieux annuel, les éditions se succédant dans la rivalité de la médiocrité grasse, indigne d’un pays dominé, pourtant, à 99% de musulmans, mais incapable d’honorer la foi des pèlerins, qui, parfois, au prix de mille sacrifices, se privent de tout pour accomplir cet ultime pilier de la religion du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui !) ! En effet, que l’on ne se trompe pas, le Hadj est devenu, de nos jours, une activité lucrative, très lucrative même, un gros business qui brasse, chaque année, des milliards que se partagent avionneurs, autorités aéroportuaires, agences de pèlerinage, agences de voyage, agences immobilières, structures étatiques et autres intervenants. Comme on le voit, seul le pèlerin, qui a versé, intégralement, son argent à l’agence (qu’importe la source de cet argent, cela ne regardant que le concerné et son seigneur !), qui a formé l’intention d’accomplir cette obligation conditionnelle, en renonçant, momentanément, à ce monde d’ici-bas, agit dans le sens de ce que l’on appelle, couramment, ‘’Fissabillahi’’ (Sur le chemin de Dieu), tout le reste ne courant que derrière un éventuel profit terrestre. Or, justement, lorsque l’argent s’approche trop des choses, même des choses sacrées, le risque serait grand quant aux convoitises matérielles que cela pourrait susciter entre les hommes. Visionnaire et inspiré divin, le Prophète de l’Islam avertissait déjà, dans un Hadith authentique, sa communauté contre la tentation de l’argent, par ces mots sublimes et tranchants : « L’argent sera plus dangereux pour ma Oummah que ne l’est un loup pour une bergerie » ! Malheureusement, c’est ce qui semble arriver au Hadj, dans notre pays !


Si le diagnostic du malaise dans l’organisation du Hadj était partagé par tous, en revanche, les solutions proposées pour en guérir ne faisaient guère de consensus entre la création d’une structure indépendante et d’une compagnie aérienne pour piloter les opérations du Hadj au Niger. Il y eut les deux créations avec le COHO et Niger Air Ways, sans que le problème du Hadj fût résolu de manière satisfaisante. En ce qui concerne le COHO, il était censé apporter des améliorations notables dans l’organisation du Hadj et de la Oumra dans le pays, en mettant fin au désordre ambiant qui caractérisait souvent le déroulement de cette importante activité. Mais, au finish, il n’aura guère rempli une telle mission, à cause sans doute de l’affairisme débridé et surtout du manque de professionnalisme observés dans la direction de cette institution. Pour le cas précis de l’édition 2022 du Hadj, le COHO aura fait montre d’une incompétence notoire, à la fois dans le choix du transporteur aérien et dans l’organisation matérielle proprement dite du Hadj, en ne se prenant pas à temps, comme l’a fait le Nigeria, dans les préparatifs administratifs, diplomatiques et autres formalités nécessaires, afin de parer à toute éventualité. Peinard, après pourtant deux années d’hibernation pour cause de pandémie de COVID-19, le COHO s’était assoupi sur ses oreillers, sans rien faire à temps, attendant seulement la dernière minute pour se faire bouger le cul, comme on dit couramment. Quant au choix du transporteur, à savoir ‘’Air Max’’, tout le Niger sait l’OPA (Offre Publique d’Achat) que cet avionneur a lancée, depuis plusieurs années, sur le transport des pèlerins nigériens. En effet, avec l’arrivée au pouvoir d’Issoufou Mahamadou, exprès, l’on a procédé, de façon sournoise, à la l’élimination pure et simple des compagnies aériennes nationales de la compétition pour la désignation du transporteur des pèlerins nigériens, en créant, de facto, une position quasi-monopolistique à cet avionneur nigérian, dont les accointances avec le régime de la renaissance sont de notoriété publique. Aujourd’hui, l’Histoire semble rattraper les uns et les autres dans cette tragédie que vit, chaque année, l’organisation du Hadj au Niger, car les défaillances actuelles relevées dans l’exécution du contrat de transport du contingent de pèlerins nigériens auront achevé de convaincre le dernier des sceptiques sur l’impérieuse nécessité de réfléchir sur le devenir même du COHO, qui semblerait être plus à la solde de ‘’Max Air’’ que de se soucier du sort des milliers de pèlerins nigériens. On avait ainsi créé le COHO, non pas pour améliorer l’organisation du Hadj et de la Oumra au Niger, mais uniquement pour placer cette structure sous la tutelle administrative du Premier Ministre, dont son savait pertinemment qu’il ne pouvait être issu que des rangs du PNDS/Tarayya, afin de mettre celle-ci à la disposition de ‘’Max Air’’.
En ce qui concerne la compagnie aérienne nationale, dénommée ‘’Niger Air Ways’’, elle n’aura existé que sur le papier, car jamais, elle n’a pu disposer, dans la réalité, même d’une roue usée d’avion ! D’ailleurs, on n’a fait qu’y envoyer des personnes du sérail politique du parti rose, sans grande capacité managériale pour rendre opérationnelle une telle compagnie. Le résultat inéluctable des courses, c’est que, ni le COHO, ni Niger Air Ways, n’auront contribué à l’amélioration de l’organisation du Hadj et de la Oumra au Niger, bien au contraire, ils auront été même les instruments attitrés de l’aggravation de la situation, mieux, de la descente aux enfers actuelle que l’on peut observer au niveau de l’édition 2022. Et tant que cette collusion entre certains milieux politiques et certains sphères d’affaires persistera dans la question du Hadj au Niger, il est certain que nous n’en serions pas au bout de nos peines.


Quant au président Mohamed Bazoum dans tout cela ? Certains de ses proches estiment qu’il aurait fait exprès de laisser pourrir les choses, mettre les uns et les autres en face de leurs responsabilités et prendre les décisions appropriées, au moment opportun.
Affaire à suivre !

Sanda