Bazoum Mohamed, en accédant au pouvoir dans les conditions que l’on sait, pour avoir occupé certaines responsabilités – et non des moindres dans les précédents gouvernements – savait bien les problèmes du pays et surtout tout ce que les nigériens peuvent attendre d’une alternance, et même celle dont il se flatte, farfelue soit-elle, pour se réconcilier avec une démocratie mise à sac par leur socialisme immonde, peu digne des idéaux dont il se réclame. Il promit alors qu’il luttera sans faiblesse contre l’impunité, avertissant que chacun répondra désormais de ses actes et pouvait même faire croire à aucune interférence dans la gestion des ennuis judiciaires des uns et des autres, car, confessait-il, plus personne ne sera d’un secours pour un autre, et que chacun, face à sa responsabilité, devra s’assumer. Les Nigériens, en entendant un tel discours, même par les rancunes qu’ils peuvent encore avoir contre un système qui les brimait, pouvaient se retrouver dans cette parole neuve, croyant qu’un vent nouveau commençait à souffler sur leur démocratie violentée, et qu’enfin, un socialiste vrai arrivait et qu’il était possible de croire à sa parole, à ses promesses de changement, à la lutte promise contre les délinquants à col blanc qui infestent le système dont il héritait de son mentor Issoufou Mahamadou, l’homme qui s’en fout des critiques, avançant les yeux fermés, même dans l’erreur et la gaffe.

Mais voici plus d’une année que Bazoum Mohamed commande, plus d’une année qu’il marche sans avancer, notamment sur un tel aspect de sa gestion sur lequel les Nigériens l’attendent pour mieux apprécier qu’il soit décider ou non à amorcer un nouveau cap, et réhabiliter le socialisme dont des errements ont détruit l’image dans le pays. L’homme avait cru qu’en sacrfiant un agneau, ce Ibou Karadjé dont on a abusé de la naïveté politique, de la jeunesse et du désir de grimper dans la hiérarchie politique et dans l’élite économique que fabriquait le système, et même un ministre en fonction qui paie ainsi par Dieu pour en vouloir à tant d’autres personnes sur l’échiquier sans qu’on ne puisse comprendre ses animosités débordantes, les nigériens pouvaient lâcher du lest, pour ne pas trop lui demander sur le dossier de l’impunité, laissant toujours à son ombre, les bandits d’Etat à gros poils qui l’entourent, et travaillent avec lui pour perpétuer le même mal. Pourtant, tout le monde sait, autour de Mahamadou Issoufou, et dans certains secteurs, les hommes et les femmes qui ont abusé de leur position, pour voler et piller, pour s’enrichir et spolier l’Etat. Bazoum, comme certains l’ont cru dès au départ, ne peut rien contre ces gens, car ce sont, peuvent prétendre ces détracteurs, ces gens qui l’ont porté au pouvoir, braquant une élection et trafiquant des résultats électoraux. Pour leur gangstérisme, ils attendent de lui, une gratitude et une «impunité méritée» et l’homme en ayant conscience de ce devoir, est devenu dubitatif, frileux à porter l’entièreté de son pouvoir arrangé, car grignoté par les gloutonneries insatiables d’un autre qui cherche à le priver de ses prérogatives constitutionnelles.

Alors qu’un nouveau bruit vient réveiller les Nigériens sur le fait que le problème est à la racine, que la malgouvernance est dans l’ADN même du socialisme nigérien, et que celle-ci fait partie désormais des traditions établies dans la conception même que les socialistes nigériens ont du pouvoir, n’ayant qu’une vision mercantiliste de la gestion de l’Etat pour s’en aliéner aussi gravement, l’on est étonné d’apprendre que celui qu’on chassait de son poste après les révélations sur sa nouvelle fortune suspecte trouvait un nouveau point de chute que lui fait un autre conseil des ministres. Comme quoi, les hommes du sérail, comme il en était ainsi depuis Issoufou, ne sont pas punissables. Peuvent-ils en avoir conscience, du moins la garantie, pour continuer à commettre les mêmes fautes ? Bazoum, est le continuum de Issoufou Mahamadou: il est incapable d’assainir et de sévir contre le mal qui gangrène le pays, son administration et son armée.

L’on ne peut que constater l’impuissance du magistrat suprême à honorer sa parole, à sévir dans les rangs de ceux qui peuvent jurer d’avoir «fabriqué» son destin politique, disant à ceux qui veulent les entendre qu’ils sont ceux qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui à la tête du Niger. Depuis quelques jours, par les gâteries d’enfants choyés, l’on apprend la vie de princes émiratis que mènent certains enfants, qui peuvent dans leurs fantaisies, distribuer de l’argent et des voitures à des camarades et à des copines, révélant par ses ostentations, le niveau de vie d’un père insolemment friqué. La maison garnie d’argent a dû faire comprendre à l’enfant qu‘il pouvait aussi s’en servir à loisir quand, on l’imagine, le père fortuné, pourrait ne pas avoir une maîtrise de la comptabilité de son immense patrimoine. L’affaire fit grand bruit dans le pays, mobilisant l’opinion nationale qui n’arrêtait pas de spéculer sur le fait divers, chacun allant de ses fantaisies pour dire ce qu’il comprend de l’affaire qui vient s’ajouter aux frasques du régime des camarades. Par une première réaction du pouvoir en place le gouvernement décida, il y a une semaine, de sanctionner, en décidant de relever le Haut commandant et son adjoint de leur poste. On pouvait croire qu’enfin le Philosophe sortait de sa léthargie pour «frapper fort» et montrer qu’il n’a pas renoncé à sa promesse faite au 2 avril 2021 devant l’ensemble des Nigériens et donc qu’il n’oubliait pas.

Mais que ne fut pas l’étonnement des Nigériens, une semaine plus tard, d’apprendre, par un autre conseil des ministres, la re-nomination du même homme comme conseiller en matière de sécurité du ministre de l’Intérieur. Comme quoi, Bazoum Mohamed, sur un tel registre, ne devrait pas être très différents de son prédécesseur qui, peut-on s’en souvenir, chaque fois qu’il est contraint de renvoyer un de ses hommes au cœur de scandales, trouve les moyens aussitôt de le recaser quelque part. Ainsi, la sanction devenait une occasion de promouvoir la pègre, montrant ainsi que celui qui dirige ne se gêne outre mesure des gaffes de ses collaborateurs, gaffes qu’il peut même comprendre et protéger pour leur éviter d’aller devant le juge et surtout en prison. Bazoum Mohamed, continuité oblige, se place dans le même registre, car un tel homme, ne devrait pas mériter la nouvelle nomination fantaisiste et insultante à l’endroit des Nigériens, tant que la Justice ne se saisisse pas de l’affaire pour l’en laver de tout soupçon avant que, les tuteurs politiques ne le reprennent pour le remployer. Quel message, Bazoum Mohamed, peut-il envoyer aux Nigériens, par cette nomination qui a montré que le PNDS reste ce qu’il a toujours été et qu’il peut ne jamais saisir les leçons de ses déboires pour changer dans sa manière de gérer l’Etat.

Bazoum, otage de son système…

Certains, et on peut l’entendre sur les réseaux sociaux, l’avaient dit : Bazoum ne pourra rien changé, du moins sur le chantier de la lutte vigoureuse contre l’impunité, et ce malgré son discours brillant à ce propos. Il n’a aucune force pour s’y attaquer, car otage du système qui l’a généré pour n’en être que le produit avachi.

L’on ne peut que croire à l’impuissance de Bazoum Mohamed à prendre le pouvoir qu’un autre lui a concédé dans les conditions que l’on sait, jouant à l’équilibriste pour plaire à ses «bienfaiteurs » qui attendent lui impunité et protection, et les Nigériens vis-à-vis desquels, il peut faire preuve d’une certaine mollesse pour ne pas trop heurter les sensibilités et porter leurs relations dans les mêmes tensions, surtout que les Nigériens, n’en déplaisent à la Cour de la CEDEAO et à Mahamane Ousmane, disent toujours ne pas le reconnaître.

Pourtant en perpétuant les mêmes injustices, Bazoum ne fait que s’affaiblir davantage car perdant ainsi en crédibilité aux yeux des Nigériens qui attachent du prix à la lutte contre la corruption et les détournements devenus légion dans le système que les socialistes mettaient en place en 2011. Peut-il continuer à protéger toute la horde de délinquants à col blanc qui peuplent son système qui semble dépendre plus d’un autre que de lui-même ?

Bazoum, en réalité, est à plaindre quand, il ne peut plus assumer «son» pouvoir, obligé de le partager, peut-être aussi de le céder, pour éviter la confrontation avec un camp de son système, qui le nargue, et l’humilie surtout lorsque, marchant ensemble, Issoufou et Foumakoye, jouant presque au Souké et Siriki, se plaisent, à le défier sur le terrain, partant en héros pour faire croire qu’ils auraient la réalité et la légitimité du pouvoir et notamment que c’est eux que le peuple pouvait mieux aimer pour s’autoriser ces parades ostentatoires et gênantes dans une République.

Le jeu est clair : si Bazoum ne se décide pas à prendre son pouvoir, ceux qui, de son camp, la lui disputent, finiront par le lui reprendre.

Terrible démocratie nigérienne…

A.I