Décidément, les choses se compliquent au Pnds Tarayya. Il n’y a pas que l’ancien président, Issoufou Mahamadou, qui dispute le leadership au sommet de l’État au Président Bazoum Mohamed. Les jeunes lions, arrivés politiquement à maturité depuis que les anciens les ont introduits dans la cour des grands, sont décidés à prendre le commandement. Exactement comme dans toute fratrie de lions. C’est un conflit de générations vieux comme le monde qui mine le Pnds Tarayya. Le pouvoir facile qu’exerce le parti depuis plus d’une décennie et le lucre qui va avec, sur fond de corruption et de détournements des deniers publics impunis, a aiguisé les appétits des jeunes lions. Il faut dire que les cas du « père-mère et fils » ont été une source suffisante de frustrations dans les rangs du parti. La plupart des vieux lions, installés dans les loges du pouvoir, y ont également leurs épouses et leurs enfants à des postes enviables de responsabilité. Dans les rangs du parti, on appelle ça les « père-mère et fils ». Une façon de se moquer de ces tendances dynastiques prononcées. Le système « père-mère et fils » a malheureusement prospéré, faisant des émules ici et là au point où de nombreux cadres, jeunes pour la plupart, se disent trahis. Ils ont si fait pour le parti qu’ils ne comprennent pas qu’ils soient laissés en rade là où d’autres, au nom du père et de la mère, sont propulsés à la tête d’institutions et de grandes entreprises.
Les prochaines assises nationales du Pnds Tarayya s’annoncent rudes pour Pierre Foumakoye Gado, Kalla Hankouraou et les autres, certes repus, mais numériquement handicapés pour tenir tête aux plus jeunes. Malgré tout, ils seraient déterminés à se battre pour rester les maîtres du jeu. En ont-ils les moyens ? Rien n’est moins sûr. Selon des confidences faites au Courrier, ils seraient déjà sur le pied de guerre, résolus à mater cette rébellion. Quant aux jeunes lions aux dents longues et aux griffes acérées, qui bénéficieraient du soutien ferme du Président Bazoum, ils ne comptent pas se laisser intimider. Leurs arguments tiennent la route, la plupart de ces jeunes leaders ayant, sinon la cinquantaine, au moins la quarantaine. La position du Président Bazoum, elle, intrigue. Pourquoi soutiendrait-il les jeunes lions ? « Par pure manipulation », confie un cadre du Pnds qui a requis l’anonymat. « Le président Bazoum, dont le fils est jusqu’à présent discret, quelque peu éloigné des arcanes du pouvoir », ne le fait pas par calcul, mais par conviction », renchérit un autre.
Le renouvellement de la classe dirigeante du Pnds, s’il doit se passer comme l’augurent les jeunes lions, aura, au moins, le mérite de mettre un terme au système « père-mère et fils », une véritable bombe à retardement au sein du Pnds Tarayya. Selon un observateur averti, la dévolution dynastique du pouvoir au Pnds Tarayya se fera de la même façon que ça s’est passé au sommet de l’État. En attendant, les spéculations vont bon train, mais les pronostics penchent plutôt pour les jeunes lions qui, en plus de leur nombre, peuvent compter sur la «force de frappe» du président de la République. Le Président Bazoum et son prédécesseur, sur ce point, semble sur la même longueur d’onde, Sani Issoufou dit Abba étant crédité d’une ambition présidentielle sous les ailes protectrices de son père. C’est, entre autres, ce clivage jeunes-vieux, qui plombe la tenue du congrès et le remplacement de Bazoum Mohamed qui demeure président en titre du Pnds Tarayya et président de la République.
Laboukoye