C’est un constat largement partagé au sein de l’opinion nationale. Le Haut-Commissariat à l’Organisation du Hadj et la Oumra (Coho) a une fois de plus été défaillant dans l’accomplissement de sa mission, à l’occasion de l’édition du Hadj 2022 qui vient d’être bouclée. Le manquement emblématique dans cette défaillance, c’est d’abord l’abandon sur les carreaux de plusieurs centaines de candidats qui ont intégralement versé des frais dans l’espoir de pouvoir accomplir les rites du 5e pilier de l’Islam. Ils n’ont malheureusement pas pu être acheminés en Arabie Saoudite, du fait de l’affairisme dans lequel excelle apparemment le Coho dans le cadre de l’acheminement des pèlerins en Terres Saintes dans les délais alors même que c’est le volet le plus important dans l’opération. Les autres aspects comme l’hébergement, la restauration, etc., peuvent être réglés longtemps en amont. Les gens ne vont plus aujourd’hui au Hadj à dos de chameaux ou d’ânes ; ça se fait par avion. Il faut obligatoirement contracter pour le transport avec un avionneur capable d’honorer le contrat dans les délais impartis. Ce qui n’est pas le cas depuis la création du Coho qui privilégie toujours un avionneur particulier sans appel d’offres concurrentiel, on ne sait d’ailleurs sur quelle base légale. Le même avionneur qui n’a jamais su honorer ses engagements de bout en bout. N’est-ce pas du fait justement de son incapacité à assurer efficacement le service que des pèlerins sont restés sur les carreaux alors qu’ils étaient en possession de leurs visas ? Il faudrait reformer profondément le COHO, pour faire en sorte qu’il soit une structure véritablement performante, capable d’assumer les missions qui lui sont assignées. Car dans sa composition, son organisation et son fonctionnement actuels, il ne répond pas à ce besoin. Il ressemble plus à une boîte qui permet à des gens de ce sucrer sur le dos de l’Etat au détriment du service public de qualité qu’il est censé assurer. Jugez-en ! A l’occasion de ce Hadj, le Coho a pris en charge, tous frais compris, le déplacement de plus de 70 membres chargés d’assurer la gestion administrative des pèlerins parmi lesquels des acteurs de la société civile notamment engagés dans la lutte contre la vie chère et des responsables syndicaux des agences du pèlerinage. A cela vient se greffer autres 13 membres de la Commission médicale. Sans compter les représentants de certaines institutions de l’Etat qui sont devenus carrément des abonnés permanents au Hadj aux frais de la princesse. Lorsqu’on apprend qu’ils bénéficient d’environ 200.000 francs/jour de perdiems l’on réalise pourquoi la liste des invités spéciaux du Coho augmente d’une année à l’autre. A l’occasion de cette édition 2022, ce n’est pas moins d’un demimilliard de francs et poussières que le Coho a déboursés en termes de perdiems pour tout ce beau monde, indépendamment des biens d’avions et des autres commodités sur place. Pour quels résultats ? Nous n’en voyons pas ! Le retour des pèlerins au bercail dans les délais ne doit pas être avancé pour dédouaner le Coho par rapport à tous ces manquements graves.
Présentement encore des pèlerins sont dans l’attente de leurs bagages qui ont pris une autre destination. Peut-on dans ces conditions parler de réussite dans l’organisation du Hadj ? Absolument pas ! Doit-on continuer à travailler avec la même structure en l’état pour les éditions à venir et se retrouver confrontés aux mêmes problèmes ? C’est vrai que les agences sont pléthoriques, plus d’une centaine ; il faut mettre en place un mécanisme de sélection permettant de mettre fin à cette pléthore. Mais l’urgence, c’est surtout de revoir le fonctionnement du Coho, appliquer des sanctions relativement à la mauvaise organisation du Hadj 2022, pour l’exemple. Des têtes doivent tomber. Faire en sorte que le choix de l’avionneur se fasse sur de bases transparentes. C’est la condition incontournable pour réussir l’aller et le retour de nos pèlerins au bercail. Le gouvernement le Fera-t-il ? Rien n’est moins sûr !
Tawèye