Malgré une majorité écrasante, la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN), la coalition au pouvoir depuis 2011, n’affiche pas une grande sérénité en son sein, d’après certains échos qui nous parviennent au quotidien. Comme vous le savez déjà, l’objet du mécontentement actuel ne concernerait pas la vision politique des choses, car au Niger, les coalitions politiques sont de simples regroupements de partage du gâteau national qui donne souvent lieu à quelques batailles rangées dans les états-majors des partis politiques concernés. Au Niger, en règle générale, les partis politiques ne se coalisent jamais autour de programmes de gouvernance, comme on peut le voir ailleurs, dans des systèmes politiques évolués, mais toujours sur la base d’un esprit de partage des postes de responsabilité. Il faut souligner, au passage, que c’est la raison profonde de la politisation actuelle de l’Administration publique qui devrait, en principe, rester neutre. Mais, il s’avère que souvent, le gâteau à partager apparaît minuscule par rapport au nombre de convives présents au banquet de la république. C’est à ce niveau que les choses se crispent et les frustrations naissent entre partenaires. Aujourd’hui, ils sont une soixantaine de formations politiques ayant soutenu la candidature de Mohamed Bazoum, mais ce sont seulement quelques-uns qui ont été rétribués en termes de postes ministériels, de cadres de commandement, de directions générales ou centrales et autres, pendant que d’autres alliés attendent toujours d’être casés quelque part. Mais, même au niveau des alliés de taille, comme le MNSD-Nassara, le MPR Jamhuriya, les amertumes seraient grandes face au jeu sournois du PNDS-Tarayya de donner, souvent, aux alliés politiques des ministères de second plan, ou parfois des ministères importants mais ‘’vidés de leur substance’’, par la suite, avec la création de certains organismes publics pour en disputer les attributions statutaires. C’est ainsi que l’on assiste à une frénésie dans la création de certains Hauts Commissariats qui piquent souvent aux ministères sectoriels certaines de leurs attributions statutaires, pour les donner ensuite à leurs gens pour les diriger. Comme on peut le constater, c’est de cette façon sournoise que le parti rose arrive à dribler ses partenaires politiques dans le partage des postes de responsabilité. On voit parfois que ces organismes publics, qui n’ont, pourtant, aucune responsabilité politique, sont, dans les faits, plus puissants que certains ministères sectoriels. Cependant, c’est une astuce dangereuse, car en cas d’échec de ces organismes publics dans leur feuille de route, ce n’est pas à la personne de leurs administrateurs que la faute sera imputée, pas même aux ministres sectoriels, mais directement à la responsabilité du président de la république ou du Premier ministre, auxquels, généralement, ces structures publiques sont rattachées ! Les alliés politiques ne sont point dupes devant cette tactique du parti rose de fausser l’esprit de collaboration entre partenaires politiques. Ils pointeraient du doigt la boulimie des Socialistes roses qui ne souhaiteraient laisser que des miettes que leur satiété ou leur manque d’appétit auront laissés sur la table du buffet de la république. Les plus méchantes langues parleraient seulement d’os à la place de ‘’mégots’’ festifs ! C’est pourquoi ils seraient très remontés contre un partenaire trop gourmand à leurs yeux. On raconte que le président de l’Assemblée nationale, Seini Oumarou, broie du noir au niveau de l’institution parlementaire au point que même la liste de la délégation devant l’accompagner dans de missions à l’étranger lui serait imposée de l’extérieur de l’Hémicycle. Partout, le pauvre Seini doit dans ses pattes les députés roses lui réduire sa marge de manoeuvre dans ses prérogatives habituelles ! On dit que c’est le président d’Assemblée le plus ‘’impuissant’’ de l’histoire démocratique du Niger ! Il ne pèse guère sur ce parlement dominé, en large et en large, par les ‘’Tarayyiste’’, qui lui dicteraient, souvent, la conduite à tenir.
Le supplice serait plus important chez un certain Abouba Albadé, le président de Jamhuriya, qui aurait vu ses rêves de conquête du Sénat s’envoler du fait de l’opposition du parti rose. En effet, le leader du Jamhuriya aurait caressé l’ambition de présider cette institution en gestation, et pour disposer d’une majorité parlementaire qualifiée pour modifier la loi fondamentale dans ce sens, il aurait fait coopter dans le Gouvernement actuel le MPN Kinshi-Kassa d’Ibrahim Yacoubou. Mais, depuis, le projet semble prendre du plomb de l’aile, les Roses n’en voulant pas sans doute.
Que dire du CPR Ingantchi de Kassoum Moctar, désabusé devant le jeu perfide du partenaire rose ? Une chose est désormais certaine chez Kassoum, c’est son mal de vivre actuel avec le régime de la renaissance.
Du côté de l’ANDP*Zaman Lahiya de Moussa Barazé, c’est aussi la déception qui prédomine dans sa relation avec le pouvoir actuel. En effet, du côté rose, on se méfierait beaucoup du président de ce parti, soupçonné de faire un double jeu, de par ses fréquentations quotidiennes et ses déclarations en aparté.
Quant à l’allié historique, à savoir le PPN/RDA, il serait tout simplement mis à la touche.
Voilà, de façon résumée, le malaise actuel des alliés au sein de la grande MRN qui ne semble plus être cette citadelle fortifiée que l’on avait connue par le passé, mais bien comme une maison fissurée, aujourd’hui, qui ne semblerait tenir, pour le moment, que faute d’une alternative politique crédible à la présente majorité !
Sanda