Avant d’aborder proprement le sujet du jour, relatif au départ en vacances du ‘’Prince de Dandadji’’, nous sollicitons, humblement, votre indulgence, chers lecteurs, pour une petite digression liminaire sur le parcours de celui-ci afin de montrer toutes les multiples facettes que le personnage aura revêtues, en fonction des opportunités du moment, tout au long de sa carrière politique. En effet, drapé sous des dehors trompeurs d’un démocrate républicain, Issoufou Mahamadou était, en réalité, un monarque absolu, un pouvoiriste-né, un fin adepte du sadisme en politique, qui n’hésite pas, un seul instant, à recourir à tous les moyens pour parvenir à ses propres fins. Pour atteindre ses objectifs politiques, il avait eu recours à la démocratie et à l’Etat de droit dont il avait vanté les mérites pour un pays comme le Niger. En fait, il avait, très tôt, compris que la chute du Mur de Berlin, en 1989, sonnait définitivement le glas des régimes monolithiques ayant caractérisé la vie politique des Etats issus de la colonisation. A quoi venait s’ajouter la fameuse déclaration du président français, François Mitterrand, au Sommet de la Baule, en 1990, pour intimer l’ordre à ces Etats de se ‘’démocratiser’’, de devenir des ‘’Etats fréquentables’’ du point de vue du respect des principes démocratiques et de l’Etat de droit. Alors, quoi de mieux pour lui que de créer un parti politique, le PNDS/Tarayya, dont on disait qu’il existait déjà sous le régime du général Seyni Kountché, dans la clandestinité sans doute, dans le but de parvenir à ses fins personnelles ? Il disait admirer chez ce généralissime son patriotisme ombrageux, et pourtant, en cachette, il animait une opposition contre celui-ci. Tout comme, auparavant, il déclarait aimer chez le président Diori Hamani son nationalisme conquérant, mais cela ne l’avait guère empêché de présider l’organisation estudiantine de cette époque-là. Certains se sont toujours demandé, d’ailleurs, comment le Secrétaire Général de l’Union des Scolaires du Niger (USN) qu’il était avait-il pu, souvent, échappé, aux déportations des étudiants récalcitrants dans des lieux de réinsertion sociale comme l’Armée ? Mystère et boule de gomme ! On le voit bien, c’est bien ce personnage qui se présenta au suffrage du peuple souverain, recalé à plusieurs reprises à cause sans doute des défauts graves que les Nigériens de ces temps-là relevaient chez lui. C’était, alors, un Issoufou Mahamadou fougueux, tempétueux et pressé de parvenir à ses propres fins. Ce côté orageux était, d’ailleurs, à l’origine de l’éclatement de l’Alliance des Forces du Changement (AFC), en 1994, pour aller s’allier avec le MNSD-Nassara, dont il avait été, pourtant, le plus grand pourfendeur, aussi bien pendant la Conférence nationale de juillet 90, que sous l’AFC. Son entêtement obsessionnel avait valu au pays la plus longue grève de travail de son histoire, environ 52 jours d’arrêt de travail observé dans les secteurs public et privé. Sa radicalité le conduisit, en 1996, au coup d’Etat du général Baré, pour mettre fin à une Cohabitation qu’il avait contribué à rendre houleuse entre le président Mahamane Ousmane et le Premier Ministre Hama Amadou.
Enfin, au printemps 2011, il parvint à la lumière, au terme d’une Transition militaro-politique d’un certain Djibo Salou, qui lui aurait facilité l’accession à la magistrature suprême. Celui-ci aurait, d’ailleurs, confié à des proches qu’il aurait commis la pire erreur de sa vie en donnant, sur un plateau en or, le pouvoir au PNDS/Tarayya. On peut, à cet effet, rappeler la subite réactivation du dossier judiciaire d’un certain Hama Amadou, notamment la fameuse affaire dite du ‘’Fonds d’aide à la presse’’, qui avait déjà conduit l’ancien PM dans la prison de haute sécurité de Koutoukalé, en 2008. En réalité, on pouvait facilement deviner le sens de la manoeuvre, qui consistait simplement à faire pression sur le candidat du Lumana/FA, arrivé troisième du premier tour de l’élection présidentielle de mars 2011, pour qu’il apportât son soutien au candidat du PNDS/Tarayya, Issoufou Mahamadou, contre celui de l’Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN), Seini Oumarou du MNSD-Nassara pour le second tour de ce scrutin, sachant que Hama Amadou était le principal artisan d’une telle alliance. On connaît la suite de l’histoire, histoire qui continue à s’écrire, aujourd’hui encore !
Voilà, un peu, chers lecteurs, quelques brefs détours historiques incontournables qui permettraient de comprendre, en profondeur, la tragi-comédie qui se joue actuellement dans la vie politique nigérienne, et qui fait, aujourd’hui, tout le malheur de la démocratie nigérienne devenue, de nos jours, l’otage d’un homme et de son clan politique ! Vous l’aurez sans doute compris, Issoufou Mahamadou se veut un ‘’président à vie’’, à la place d’un troisième mandat hors de portée, car l’exercice du pouvoir suprême est dans son ADN constitutif qui le poursuivra jusque dans la tombe. Ainsi, lui et son entourage ne manquent jamais l’occasion de le faire savoir aux Nigériens et au monde entier, que ce soit à l’occasion des fêtes nationales ou autres événements de premier plan, il faut absolument qu’il fasse parler de lui. Il habite toujours dans les locaux de la république, dispose d’une impressionnante garde de sécurité qui n’a rien à envier à celle du PR Bazoum, et obstrue considérablement la libre circulation des riverains de Kombo en barricadant la voie de désenclavement de cette banlieue de la capitale. Il paraît que les habitants de ce quartier n’ont guère de sympathie pour ce ‘’voisin encombrant’’. Cependant, ces derniers pourraient souffler, un moment, car ‘l’indésirable voisin part en vacances, à Dandadji, apprend-t-on sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Alors, la question que tout le monde serait tenté de se poser est celle de savoir si un ancien président de la république prend des vacances, au même titre qu’un président de la république en exercice et au même moment que celui-ci. En termes plus directs, un ‘’chômeur’’, même de courte durée, peut-il prendre des vacances ? Car, à ce que l’on sache, les vacances sont toujours liées à des fonctions permanentes et officielles, soit en vertu d’un mandat électif, soit sur la base d’un contrat de travail dûment établi. Or, à laquelle de ces deux possibilités avait-on à affaire dans le cas actuel d’Issoufou Mahamadou ? On dit qu’il dirige une fondation, et c’est tout ! Est-ce-là une occupation à plein temps au point de nécessiter d’aller en vacance ? Apparemment, non, mais c’est Issoufou Mahamadou, il déroge à tout, car la singularité est sa marque distinctive. Il partira en vacances, parce que le président Bazoum est en vacances aussi, pour montrer qu’il est toujours-là, qu’il est le centre du pouvoir au Niger, et que le président Bazoum n’est rien à ses yeux qu’un ‘’simple faire-valoir’’ issu de ses sordides calculs politiques de placer à la tête de l’Etat un personnage qui lui serait redevable afin de perpétuer son règne qu’il veut permanent et durable, outre-tombe, peut-être ! C’est aussi une façon de signifier au natif de Tesker qu’il demeure encore le chef suprême des Roses socialistes du Niger, et au stratège de Dandadji de rappeler à tous qu’il reste toujours le maître du jeu incontournable dans l’exercice actuel du pouvoir. Mais, jusqu’à quand compte-t-il aller dans cette démonstration de force ? A vouloir trop se rapprocher du Soleil, il avait fini par se faire brûler les ailes, enseigne la mythologie grecque ! L’excès de tout est nuisible, dit-on souvent, même celui du miel ! Alors, à force de trop manoeuvrer, de radoter après une table desservie, on risque certainement de provoquer ou de précipiter le contraire, conformément à la célèbre loi du grand mathématicien autrichien de la seconde moitié du 19ème siècle, Ludwig Boltzmann, selon laquelle toute entité physique finira par se transformer en un état contraire. En termes populaires, cela s’appelle l’autodestruction, tout simplement !
Sanda