Le Niger, depuis 2011 qu’arrivaient au pouvoir les socialistes nigériens, devenait un pays producteur, exportateur et raffineur de pétrole, donnant ainsi de gros rêves aux Nigériens qui crurent à nouvel avenir, à des lendemains heureux, radieux. La manne avait nourri bien d’espoirs dans le pays et l’on a cru qu’au moins deux problèmes allaient trouver des solutions, soutenus par les ressources de l’or noir : l’école et la sécurité alimentaire, et peut-être la sécurité tout court. Mais voilà que dix ans après, le Niger vit comme s’il n’exploite pas du pétrole, vivant comme avant, sans rien, sans que rien de change dans la vie des Nigériens, dans la même galère. Au contraire, le pétrole tel qu’il est géré leur cause plus de problèmes qu’il n’en résolve, car mal géré, voilà curieusement que les socialistes – vraiment des socialistes ! – leur demandent de l’acheter plus cher que lorsque, sans débouchés avec la mer, le pays l’important de loin, souvent même du Venezuela. Aussi, pour avoir fait des choix peu raisonnés d’un point de vue économique et stratégique, ils ont d’une part compromis la production nationale, avec de nombreux secteurs qui sont impactés par les prix du carburant et depuis des semaines celui du gasoil qui ont une incidence sur les transports et donc sur tout ce qui est de la consommation et de la mobilité. Cette situation comme il fallait s’y attendre ne peut donner d’autres choix aux acteurs du secteur des transports que de reconsidérer leurs tarifs ; hausse qui ne peut qu’être répercutée sur les prix des produits de consommation courante. Il faut reconnaitre que cela ne peut que réduire drastiquement le pouvoir d’achat des Nigériens qu’une montée en flèche incontrôlée des prix sur les marchés complique et affecte la qualité de vie des Nigériens. Tout le contraire de ce qui se voit ailleurs où, lorsqu’on exploite des ressources de ce genre, l’on ne peut que voir la qualité de vie des populations changer, des investissements énormes consenties par l’Etat. N’est-ce pas qu’en rendant les prix des hydrocarbures et du gaz peu abordables pour les populations, l’on rendra moins compétitives les petites unités de production du pays, l’on ne peut encourager les cultures irriguées, et l’on ne peut aider à la protection de l’environnement quand le gaz devenu onéreux et peu disponibles par ses ruptures intempestives ne servira plus la consommation des ménages en énergie ; ménages qui sont appelés pourtant, progressivement, à abandonner l’usage du bois.

En vérité, le pétrole nigérien n’est que géré dans le flou total et depuis plus de dix ans, aucun bilan n’en est produit pour informer les Nigériens de sa gestion afin d’apprécier ce qu’il apporte à l’économie nationale et aux mutations sociétales. On sait seulement que par calcul, la gestion du pétrole a été confiée au départ à l’ami et « Grand frère », puis, presque pour en faire une affaire de famille, au Fils catapulté à ce « poste héréditaire » et juteux sans doute, et certainement pour plusieurs raisons que les Nigériens ne pouvaient pas ne pas soupçonner. On apprendra même de la part de nos gestionnaires socialistes qu’il faut que les Nigériens achètent plus cher leur pétrole que ne peut l’acheter l’extérieur qui vient s’en approvisionner chez nous. Une histoire de cordonnier mal chaussé… En français facile, cela veut dire que le pétrole nigérien doit plus profiter à l’extérieur qu’aux enfants du pays. Terrible socialisme ! Qui pouvait croire avec les gros discours d’une époque qu’on lui connaissait, que ce PNDS-là, pouvait avoir de telles idées qui trahissent ses options doctrinaires, ses combats et ses convictions d’une époque qu’il semble aujourd’hui renier ?

La gestion est d’autant patrimoniale que l’ont sait que depuis des années, les autorités nigériennes gèrent des relations difficiles avec leurs partenaires chinois, peu fiers de la gestion de leur partenaire la SONIDEP devenue une vache à lait pour le clan. Ne pouvant voir de traçabilité dans la gestion du pétrole, souvent ils se sont opposés à certaines pratiques non sans provoquer le courroux d’Issoufou qui pouvait même expulser un des responsables Chinois. Aujourd’hui encore, par le Fils, l’on peut voir revenir les mêmes tensions dans les relations entre les deux partenaires. Alors que fondamentalement, le problème qui se pose, est d’abord un problème de gestion à régler, et qu’il est le premier à régler, c’est sur une « nigérisation » que le nouveau ministre veut distraire les Nigériens, et faire oublier les problèmes cruciaux de gestion que l’on dénonce dans le secteur et pour lesquels le nouveau DG de la SONIDEP tenait à avoir plus de clarté. Mais il semble être contrarié dans cette démarche. Avant d’aller à cette option, il faut d’abord dire aux Nigériens comment leur pétrole est géré et surtout où vont les ressources du pétrole. Peut-on dire aux Nigériens ce qui s’est passé à la SONIDEP pendant les dix dernières années, sous la gouvernance d’Issoufou ? Les populations voudront le savoir avant toute autre chose et notamment par rapport aux recrutements partisans qui ont fait exploser le personnel avec des hommes et des femmes – issus du sérail – et qui, pour la plupart, ne répondent pas aux profils exigibles. C’est sans doute un premier aspect de l’audit que les Nigériens attendent des autorités du pays au lieu d’aller sur ces aspects qui ne visent qu’à s’attirer quelques sympathies de la part des Nigériens qui peuvent, par un patriotisme opportuniste manipulé, être sensible à ce discours stratégique de « nigérisation ». L’autre aspect de l’audit, forcément, est financier pour savoir comment les fonds générés par l’exploitation du pétrole sont gérés. Il semble d’ailleurs que la horde d’enfants gâtés envoyés là pour profiter de ce que ce sont les « Pères » qui sont aux commandes ne fait que jouer avec le pétrole, avec ces fantaisies de « tontine » de bons d’essence » dont on a souvent parlé dans le pays.

On apprenait par Africa Intelligence à travers cet article, « Le ministre du pétrole Abba poursuit son bras de fer avec les Chinois de CNPC » que le ministre nigérien du pétrole, fils de l’ancien président de la République, joue au grand héros national, en défendant une « nigérisation » qui, pour beaucoup d’observateurs, et nous l’avons dit plus haut, n’est pas pour le moment la préoccupation majeure qui se pose dans le secteur.

Ce qu’il y a d’urgent à élucider c’est la gestion qui en est faite ! Et on apprend par le même journal en ligne qu’ « Habituée à davantage de clémence durant l’ère Issoufou – [le Père] –, China National Petroleum Corporation [CNPC] est aujourd’hui malmenée par Mahamane Sani Mahamadou, dit “Abba”, le puissant ministre chargé des hydrocarbures. Ce dernier reste inflexible sur la question de la “nigérienisation” des postes dans le secteur ». Mais quel sens peut-on donner à cette option du ministre ? Pourquoi peutil être contre les choix du Père ?

Faut-il vraiment croire qu’il le ferait sous les injonctions du président de la République, Bazoum Mohamed ? Intrigant quand certains peuvent croire qu’il répond plus du Père que de l’Ami du Père…

Pour les analystes avertis, ce comportement de la part du ministre ne viserait d’une part qu’à séduire l’opinion nationale auprès duquel il voudrait paraitre comme celui-là qui aime le Niger et les Nigériens pour vouloir que les responsables du secteur soient prioritairement des Nigériens. Le Choix, dans le principe, n’est pas condamnable mais qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière cela ? L’on sait que ce n’est pas l’efficacité qui est visé dans le secteur par cette « option patriotique », ni même la transparence et la rigueur dans la gestion du pétrole mais un moyen de caser une clientèle politique qui pourrait ne pas avoir les compétences requises pour assumer un certain nombre de responsabilités dans le secteur ; toutes choses pour lesquelles les Chinois ont de bonnes raisons de douter car il ne faut pas oublier que cela fait quand même plus de dix ans qu’ils travaillent avec leurs partenaires Nigériens et c’est suffisant pour savoir qui ils sont ! Combien de jeunes ayant fait de bonnes études dans le secteur du pétrole, et qui, parce qu’ils ne sont du bon côté, chôment ou font autre chose que ce pourquoi, souvent aux frais de l’Etat, ils avaient fait avec brio des études en pétrochimie ou autres ? Comme toujours, dans cette volonté camouflée, l’on ne chercherait que le moyen de caser d’autres, non pour une efficacité mais pour profiter comme d’autres et s’enrichir. Le clan reste toujours aux aguets pour prendre d’assaut tout ce qui sent le fric, l’odeur de l’or…noir.

Sur tout un autre plan, certains soupçonnent que ce qui est recherché dans une telle démarche serait de dégoûter les Chinois de ce partenariat afin qu’ils boudent le secteur et s’en aillent pour donner le prétexte aux autorités nigériennes de renégocier le secteur avec un nouveau partenaire qui pourrait peut-être la France contestée aujourd’hui dans tous les secteurs. L’on se demande d’ailleurs si le « Petit » le fait vraiment pour Bazoum Mohamed ou pour un autre agenda caché ? On ne tardera pas à le savoir.

Gobandy