Le Niger et le Mali sont deux pays amis et frères, ayant, pendant de longues années, entretenu et cultivé de très bonnes relations. Un Malien au Niger se sent comme au Mali comme un Nigérien au Mali se sent comme au Niger, les deux, dans le même environnement, par bien de similitudes, s’y fondent sans complexe. Mais ce bel héritage est en passe de voler en éclats par la faute de Nigériens d’abord, dirigeant aujourd’hui le pays et qui ne peuvent pas, manquant de tolérance, avoir le discours que leur rôle leur impose, pour parler à l’autre et surtout pour parler de l’autre ; un art capital que les nôtres ne semblent pas avoir, hélas. Que n’ont-ils pas dit du Mali et de ses nouvelles autorités alors que rien ne pouvait les obliger à avoir un tel langage pour un pays qui, même voisin, n’est pas vassal du Niger pour vouloir le sermonner ?
L’élégance diplomatique, sans aller dans une école pour l’apprendre, voudrait que l’autre, même dans son erreur, soit traité avec respect car quoi qu’on dise, pour aucune raison, l’on ne peut s’autoriser, un droit de paternalisme sur lui pour l’invectiver, le gronder, lui dire vertement ce qu’on veut lui dire, sans respecter sa dignité de peuple souverain. Si à un moment de notre histoire avec l’Europe, nous avons dénoncé à travers notre littérature une certaine arrogance de l’autre vis-à-vis de nous, c’est justement parce qu’il ne sait pas nous parler et parler de nous, parce qu’il ne sait pas nous aimer et nous respecter.
Agitations…
Depuis l’intervention polémique du Premier Ministre malien par Intérim à l’ONU, l’on ne peut que voir une agitation fébrile dans le pays de la part de partisans qui prétendent que c’est le Niger qui est outré, faisant des amalgames pour mobiliser les Nigériens pour un problème qui n’est pas le leur ou pour faire comprendre qu’on manquait de respect à tout un peuple lorsqu’on peut dire contre lui ce que, avant lui, d’autres Nigériens ont déjà dit. Dans les deux cas, il s’agit d’une manipulation de l’opinion qui ne saurait marcher quand les Nigériens peuvent être lucides à comprendre que le problème ne se pose pas en de tels termes quand, du reste, eux-mêmes peuvent se rappeler d’avoir posé ce débat qui, en vérité, venait même de l’intérieur du parti qui dirige aujourd’hui le pays.
Mais a-t-il été vidé par la Justice quand, des Nigériens et autres opposants posaient devant les Juridictions compétentes le problème ? Or, tant que le problème de la nationalité d’origine n’est pas réglé par des décisions de justice irrévocables, le problème restera entier, et notamment quand du côté du Mali justement, les Nigériens peuvent apprendre un certain parcours de leur président. La communication est un art compliqué. Et ceux qui s’agitent autour de cette affaire, au lieu de défendre la cause au service de laquelle ils prétendent s’investir, sont en train de desservir le président Bazoum. Ceux qui veulent faire croire que c’est le Niger qu’on « insultait » peuvent-ils comprendre qu’on ne parle pas de la nationalité des Nigériens dans cette affaire et que si insulte il y a, c’est peut-être ainsi qu’on peut l’entendre de manière tout à faire intelligente chez une bloggeuse nigérienne qui estime que le Colonel malien insultait le peuple du Niger, en ce que, pendant plus d’un an – l’insinuation est assez sournoise – les Nigériens se font diriger par un autre qui ne serait pas Nigérien…d’origine.
Quand d’autres par leurs gesticulations par lesquelles, le coup de patte par le coup de patte, appelaient à rappeler l’ambassadeur du Niger, d’autres voudraient que le Niger réagisse avec d’autres moyens de rétorsion, sans élégance. Ce problème ne peut être réglé sans s’apaiser, sans attendre de se remettre de la douleur qu’il provoque chez les uns et chez les autres. C’est pourquoi, l’on ne peut qu’apprécier cette clarification donnée par le Ministre des finances relativement à la suspension des autorisations de transit de produits pétroliers vers le Mali, une décision antérieure à l’incident et donc qui n’aurait aucun rapport avec le problème, démentant ainsi l’infox qui circule sur les réseaux sociaux. Parce qu’on aura eu mal, il faut interdire le transit de produits pétrolier par le Niger vers le Mali ? C’est une attitude puérile qui ne correspond à aucune élégance, à aucune noblesse politique. Il est heureux que le gouvernement l’ait compris ainsi. Même la Côte d’Ivoire qui a un problème sérieux avec le Mali et qui lui fournit de l’électricité, n’est pas encore arrivée à envisager une telle solution car d’abord elle sait que ce n’est pas contre des dirigeants qu’une telle mesure se prend mais contre un peuple, et surtout que par l’interdépendance qui existent entre des Etats qui commercent ensemble, la rétorsion, pourrait ne pas être une solution réfléchie. On peut donc se rendre compte à quel point certains, manquant d’inspiration pour mieux conseiller le régime, voudraient pousser le régime à tomber dans des solutions de la bassesse, en tout cas trop puérile pour ne pas être celles d’hommes d’Etat. Comment ne pas en rire d’ailleurs, quand c’est du berger à la bergère, sans attendre un certain temps, presque mécaniquement, juste après la gifle reçue, qu’on voudrait qu’on rende le coup ?
Eloigner les opportunistes…
Par cette affaire, il y en a qui, sans apporter les preuves des allégations portées contre le président de la République – et c’est le noeud du débat – font trop de bruit sans avoir de bonnes solutions. Faut-il croire qu’une mobilisation « commandée » pourrait régler un problème de nationalité d’origine que pose la loi fondamentale ? Non. Et il ne faut pas jouer avec la conscience des Nigériens. Ceux qui veulent passer par un tel raccourci ne cherchent que le moyen d’escroquer Bazoum Mohamed pour lui faire croire qu’il allait lui ramener une « nationalité d’origine » à travers une manifestation monstre qu’ils ne peuvent réussir que par un financement. Ces gens sont dangereux. C’est pourquoi, il n’y a aujourd’hui qu’une seule solution pour en sortir. Et c’est celle de la magnanimité.
Se légitimer à défaut d’une nationalité d’origine impossible d’un point de vue du droit nigérien…
Aujourd’hui, Bazoum Mohamed a au moins la chance de n’être plus ce candidat et ce président contestés pour le motif qu’invoquait, non sans faire mal, le Colonel malien. C’est pourquoi aujourd’hui, le seul défi qui reste pour avoir au moins une légitimité, est de prouver par la qualité de sa gouvernance qu’il peut savoir travailler pour le Niger et pour les Nigériens à la tête du pays, pour changer leur vie et surtout pour répondre à leurs aspirations de justice, de paix, de prospérité, de démocratie. S’il peut le réussir, quand des Nigériens d’origine qui ont eu la chance d’accéder à la fonction suprême sans en être capables, alors il pourra définitivement faire comprendre au moins une chose : la nationalité d’origine même voulue constitutionnellement par des hommes politiques qui avaient sans doute leurs petits calculs, n’est pas forcément la qualité nécessaire pour savoir se mettre au service d’un peuple, toute chose dont un autre – Barak Obama – en Amérique donnait l’exemple pour donner bien de raisons aux Américains d’être si fiers de sa gouvernance, laissant aujourd’hui au pays de l’oncle Sam, l’un de ses derniers et beaux souvenirs.
Perhaps, Bazoum also can do it!
Mairiga