Les Nigériens commencent à douter des promesses de Bazoum Mohamed à diriger le Niger par une gouvernance vertueuse, respectueuse des principes et des normes établies, dans la justice et les principes de liberté. Depuis quelques temps, face à l’inertie de sa gouvernance, tiré vers le bas par un parti qui ne lui donne pas la possibilité d’avancer, surtout quand ils voient revenir à grands pas les mêmes colères étouffée héritées de l’ancien régime, qu’un style nouveau, avait mis en sourdine, pour tromper sur les malaises. Quand dans le pays, les Opposants se mettaient, presque peureusement en hibernation, incapables d’initiatives et d’actions, l’on aura cru que le pays s’est vraiment apaisé. Depuis plus d’un an qu’il dirige, ou plutôt qu’il occupe le palais de la présidence, sans avoir la réalité du pouvoir ainsi que le lui reprochent ses détracteurs, aucun dossier ne bouge, pas même les nominations pour qu’on sente un petit changement par lequel, il pourrait occuper de l’espace en nommant ici et là, ses hommes de confiance, ceux qui peuvent représenter pour lui et pour son régime, la compétence en même temps que la loyauté, et qui peuvent l’aider à imprimer sa marque dans la conduite des affaires de l’Etat. Il va sans dire que ce changement des hommes, pour lui, est indispensable, car ses hommes de confiance ne peuvent jamais être ceux d’Issoufou. C’est déjà un niveau de considération à comprendre pour mieux assoir son pouvoir afin qu’elle porte sa personnalité et son style. Mais, s’il ne peut changer les hommes qui peuvent, quand même, toujours être du parti, alors il faut admettre qu’il s’est fait isoler pour ne plus avoir de marges de manoeuvre pour gouverner en toute responsabilité. On peut d'ailleurs, sur un terrain nombre d’aspects sur lesquels sa gouvernance piétine, comprendre que rien ne marche dans les pays, prêt finalement à poursuivre la continuité pour incarner la médiocrité et peutêtre aussi le mal qui a caractérisé la gestion dont il hérite.

Impunité…

Bazoum Mohamed a promis de combattre l’impunité, mais on se rend compte qu’il n’y peut rien, tenu à cette conduite pour faire plaisir à des hommes desquels il serait redevable pour ne pas trahir, ainsi qu’un des leurs l’en mettait en garde. Aucun dossier sérieux, depuis plus d’un an, n’a connu une évolution sensible, obligé de les étouffer, quand, les mettant entre les mains de la Justice, il sait que les crimes les plus emblématiques, peuvent avoir une déflagration qui peut atteindre les devantures insalubre de l’Ami dont les proches, profitant de ses laxismes, s’étaient sucrés sur le dos du contribuable, après avoir géré pendant dix ans pour leur seul confort. Faut-il croire qu’en considérant la longue période sur laquelle s’étaient étalées les pratiques de Ibou Karadjé à la présidence pours soustraire tant de milliards au Trésor National, il pouvait ne pas avoir de complicité à l’interne, au niveau de la présidence, pour qu’il soit seul à payer la faute ? L’ancien président, sous ses pieds, peut-il ne rien savoir de ce qui se fait juste là, dans sa « maison » sans jamais rien soupçonner de telles pratiques malsaines contre lesquelles, en principe, il devrait avoir une main de fer pour promouvoir, avant que ce ne soit dan tout le pays, d’abord au niveau de son cabinet ? Un tel président qui pourrait ne rien savoir de telles pratiques malsaines qui se développaient sous ses yeux taiseux, peut-il savoir ce qui se fait de semblable à une échelle plus large pour mériter de gouverner un pays ?

Il y a plein de ces questions pour lesquelles, les Nigériens estiment qu’Ibou Karadjé n’est qu’un cobaye qu’on sacrifie sur l’autel de la lutte contre l’impunité que promettait le nouveau président. Car, l’homme a beau être du PNDS pour avoir les ailes qui le perdent aujourd’hui, il reste qu’il n’est pas d’un certain sérail pour mériter d’avoir les protections que d’autres qui ont plus gaffé, et donc qui ont commis les crimes les plus abominables, mais qui restent toujours intouchables. La Justice, sinon Bazoum – il est quand même le magistrat suprême ! – ne peut oser leur mettre la main dessus, surtout quand un certain Zakari Oumarou, sûr d’être du bon côté du parti, peut lui faire cette menace à peine voilée qui défie son autorité, peutêtre même sa présidence, en mettant au défi tous ceux qui pourrait être tentés de trahir Issoufou.

Il y a aussi, l’autre dossier du siècle qui a concerné la gestion des fonds alloués à l’armée en guerre et qui a fini par révéler de graves malversations et autres détournements de fonds par lesquels, le régime d’alors, trouvait le moyen d’enrichir ses hommes qui pouvaient s’en servir à accumuler des milliards, quand l’armée, elle, se faisait tuer au front comme des mouches, poussée à la guerre avec des armes défectueuses et des munitions de pacotille. Et quand le peuple, réduit à ne savoir que pleurer ses nombreux morts, oubliés des politiques publiques, est condamné dans la misère la plus abjecte. Et ce n’est pas tout. Depuis qu’il arrivait au pouvoir, conscient de cette attente populaire, aux premiers jours, animé par la volonté de gérer bien, le nouveau président, initiait des inspections d’Etat et des enquêtes menées par la Halcia qui doivent, toutes, lui avoir montré, l’immensité des crimes, le carnages de prédateurs socialistes qui ont pillé les deniers publics. Peut-il avoir compris que par l’ampleur des dégâts, il ne put aller jusqu’au bout, au risque de pousser à l’effondrement l’édifice sur lequel il tient ? Lecture sans doute étriquée quand on sait que c’est pourtant le seul moyen pour lui, d’avoir sa paix avec ceux qui, conscients de leurs crimes, cherchent le moyen de l’intimider, peut-être même de le faire chanter, pour pouvoir le dominer. Pourra-t-il acter le processus judiciaire, en remettant dans les mains des juges les résultats compromettants de tant de dossiers qu’il aurait entre les mains ? Peut-il savoir que travailler à remettre l’Etat dans ses droits en faisant rembourser les fonds mis en cause, pour autant, ne les disculpe pas, pour effacer l’infraction, la faute qui reste, en dépit de tout, punissable car pouvant être pénalement constatée.

Justice sélective

On aura alors compris que, comme son précédent, Bazoum Mohamed, fait preuve de mollesse pour ne pas savoir affronter les problèmes de justice qui se posent dans le pays. Peuton croire qu’il puisse un jour, en fonction de son propre agenda, reprendre en main la situation pour réchauffer la Justice et certains dossiers pour lesquels, les Nigériens attendent justice ? Rien ne permet en l’état actuel des choses de le dire ? Il reste qu’aucun militant du parti rose, malgré le caractère avéré des crimes que certains du sérail commettaient, ne pouvait répondre de ses actes devant la Justice, protégé par Issoufou qui a, soupçonnent bien d’observateurs, une influence sur son successeur qui ne peut s’écarter des voies tortueuses qu’il lui trace pour avancer dans la malgouvernance et perpétuer l’impunité pour protéger la pègre politique qui a ruiné l’Etat. Or, tant que, comme l’autre, il s’évertuera à promouvoir l’injustice, il ne pourra qu’exacerber les frustrations dans le pays. Dans le contexte régional et national actuel, il y a pourtant à avoir un peu plus de tact à lire l’époque et à savoir avoir l’attitude qu’il faut.

Restriction des libertés…

Ce n’est pas que sur ce domaine que la Renaissance acte III poursuit la continuité promise pour en consolider les acquis. En effet, dans le rétrécissement de l’espace civique qui a caractérisé l’époque Issoufou, après quelques illusions de détente, et de respiration démocratique, le même socialisme, fait visiblement du même bois, semble renouer avec les vieilles amours, avec des discours de la démesure qui reviennent et les mêmes atteintes aux libertés publiques qui reviennent en force. Il est vrai que Bazoum, à ses débuts au pouvoir, renouait le contact avec la société civile avec laquelle il réapprenait à parler pour mieux décanter leurs relations faites de méfiance, voire d’inimitié et cette attitude avait décrispé le climat social, donnant à croire à l’homme et à son nouveau discours.

Après avoir maintes fois interdit pendant plus d’un an les manifestations programmées par la société civile, le régime, comme pour tester la survivance des malaises et des colères populaires, autorisait une première manifestation qui drainait à Niamey et à Dosso du monde, mais que le Président en déplacement à New York, interrogé sur le sujet, ne peut reconnaitre, prétendant en face des journalistes de France 24 et de Rfi qu’il n’y aurait que moins de 500 personnes, s’empêchant ainsi de faire une lecture sereine de ce que cela peut commander de sa part comme conduite, pour entendre les vieilles colères du peuple. Il fit ainsi le choix de s’isoler dans le déni, manquant de courage à regarder la réalité en face. Puis, suivant son combat qu’il commençait alors, le M62 annonça une deuxième manifestation pour le 9 de ce mois. Mais contre toute attente, la marche programmée pour se tenir dans plusieurs villes du pays, a été interdite, pour revenir aux mêmes prétextes qui ont permis de s’en préserver pendant cinq ans, pour justifier l’interdiction de la manifestation du 9 octobre, se servant toujours de la signature discréditée du Président de Conseil de Ville de Niamey, élu, peut-on croire, sous les couleurs d’un parti de l’Opposition. On aura compris que pour le régime la dernière autorisation ne servait que de test et il pourra avoir constaté, malgré les propos édulcorés du Président, que les Nigériens restent toujours préoccupés par leurs conditions de vie, par l’état de la démocratie dans le pays, par la mal-gouvernance, par le problème de l’insécurité et la présence militaire française dans le pays. Et maintenant qu’il a compris, on comprend qu’il ait cette tentation du raidissement pour restreindre l’espace civique, comme le fit Issoufou pendant près de cinq ans.

Le Niger et sa démocratie ne sont donc pas sortis des sentiers battus. Et le pays risque encore de s’enfoncer. Il y a de quoi s’inquiéter : la Renaissance, comme par la faute d’un virus informatique, est en train de se planter…

Mairiga