Ceux qui gouvernent le pays depuis plus de dix ans, doivent remercier le Seigneur, pour leur avoir donné la chance d’avoir un pays où, les hommes et les femmes, sur rien, ne peuvent plus s’entendre, pour conduire une action d’intérêt commun. Mais en réalité cette situation, sciemment voulue convenons-en, n’est pas le produit d’un hasard. Il faut reconnaitre que le régime a méthodiquement travaillé à cela, réussissant à diviser profondément les Nigériens, si bien que, depuis qu’il dirige le pays, aucune structure, nationale, aucune organisation, politique, sociale ou syndicale, ne garde sa cohésion, toutes ayant été traversées par des socialistes qui, usant d’argent et d’autres moyens, notamment une propagande de bas étages, pour réussir à diviser les hommes et les structures qui les rassemblent si harmonieusement. La stratégie est d’autant huilée que, dans certains cas, on ne vous demande même pas une déclaration rebelle pour désavouer le ligne de votre organisation, mais d’y rester pour y jouer à l’opposition, au trouble-fête et d’informateur pour informer le pouvoir de tout ce qui se trame dans les partis politiques autant que dans les organisations syndicales et celles de la société civile.
Des syndicats….
Jamais les syndicats n’ont été divisés que sous Issoufou au point de les détourner de leurs rôles, n’engrangeant aucun acquis pendant ses dix années de gouvernance car jouant au collabo qui les discréditait auprès des bases abandonnées à ellesmêmes, incapable d’exiger ne serait-ce que les indices financières qui, entre temps, alors que le régime promettait de les apurer, par le paiement de deux listes par mois, ne put rien faire, laissant le stock d’arriérés se corser, se tassant et devenant ainsi dans la dette intérieure de l’Etat, une ardoise qu’il ne peut honorer en ces moments de vaches maigres. C’est ainsi que certaines centrales, notamment la CDTN, sous Tandja si extrémistes dans ses exigences, finit par se plonger dans une hibernation qui fait croire à certains qu’elle n’existe plus dans le paysage syndical, faisant, par ses choix partisans de sacrifier le sort des travailleurs qui, depuis une décennie, face à la montée incontrôlée des prix sur les marchés, ne fait que se dégrader, ne pouvant faire face à la cherté de la vie qui a drastiquement réduit le pouvoir d’achat des populations, et ce dans l’indifférence totale de socialismes bons viveurs.
Les syndicats fragilisés par les divisions qui leur ont été savamment inoculées, aujourd’hui, sont incapables de se battre, de défendre un idéal quelconque dans le pays, même la souveraineté nationale mise à rude épreuve par une présence militaire étrangère dont aucun accord régulier et transparait ne peut permettre de connaitre les clauses. Qu’est-ce qu’étaient devenus les syndicats enseignants qui voulaient se battre pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail à une corporation marginalisée, prolétariat miséreuse et sans avenir ? On les divisa et pour les intransigeants, sans aucun respect pour la convention collective, sur la base de mots d’ordre suivis, avaient été radiés, renvoyés de leur emploi sans la manière et ainsi, le régime réussissait à décapiter ces syndicats redoutables en mettant sur de telles bases hors d’état de nuire des syndicalistes qui dérangent. Il y a quelques jours, l’un des syndicats puissants qui restent encore, le SNAI, en a, à l’occasion du renouvellement de ces instances, eu pour son compte. Pendant qu’il s’activait à respecter les dispositions de ses textes, des mains invisibles, s’y étant mêlés, cherchant le moyen d’imposer aux travailleurs leurs affidés pour gérer le Syndicat National des Agents des Impôts. Le faux ne pouvant pas triompher, les militants, par leur majorité incontestable, fondée sur des textes qui légitiment leurs procédures, avaient fini par imposer aux pouvoirs publics qui s’en mêlaient la légalité dictées par les statuts de l’association.
Des Partis politiques…
Dans les partis politiques, les hommes sont ensemble sans être ensemble et tous les partis politiques, y compris de la majorité ont fini par le comprendre. Alors que certains, dans la logique des stratégies imposées par les socialistes, choisissaient le silence et l’inaction dans le parti pour s’effacer complètement du débat public, d’autres qui n’ont que faire de leur honneur, jouaient à « ciel ouvert », au trouble- fête, fomentant des rebellions qui agitent le parti, souvent jusqu’à lui imposer des procédures judiciaires interminables. Le Moden Fa Lumana, le MNSD Nassara, le parti Kiishin Kasa, la CDS ont tous passé par ces agitations qu’on instrumentalisait en leur sein. Des militants restaient alors dans les partis sans être des militants dévoués car jouant à l’intérieur plus pour une autre cause, notamment celle d’adversaires au service desquels ils se mettaient, sans conscience politique, pour déstabiliser « leur » parti. Que n’avaient pas fait Oumarou Noma et Issoufou Issaka au Moden fa Lumana à la recherche de rentées aléatoires ? Que n’avait pas fait Albadé Abouba pour le MNSD ? Que n’avait pas fait Abdou Labo contre la CDS, abrégeant par ses turpitudes sa carrière politique qui aurait pu trouver plus de sens et d’avenir au CDS qu’il détruisait par sa mission kamikaze? Et parmi les derniers, alors que la majorité des militants et des responsables politiques détournés est en hibernation, c’est seulement peutêtre ce Doudou Rahama, qui, pour le cas du RDR-Tchendji, trahissant quelques décennies de confiance en lui placée par Mahamane Ousmane, surprenait l’ensemble des Nigériens, avec une déclaration qui sort des lignes du parti. Une telle situation a fragilisé les partis politiques et au-delà, la cohésion nationale surtout quand on sait que les partis politiques, par les diversités qui les tissent, devenaient dans la démocratie, les fondations d’une unité nationale qui y prend appui pour s’affirmer. Par ce que la presse a appelé le « concassage des partis politiques », le régime de la Renaissance, commettait la pire des destructions massives, le vandalisme politique le plus horrible de l’histoire qui va, pendant longtemps, avoir des conséquences sur la démocratie et l’unité entamée des Nigériens. Qu’est-ce qui pouvait être beau que de voir, Hama Amadou et Tandja Mamaoudou, comme des familles, cheminer politiquement ensemble ! Quelles belles images que de voir, Hamet Hamada, Salah Habi marcher aux côtés de Hama Amadou ! Quelles autres images que de voir Albadé porter le même parti, pour les mêmes rêves, avec Seini Oumarou ! Quelle élégante image que vois Bazoum parti avec Hamadou Souley ou un Takoubakoye, portant la même ambition politique pour « leur » pays et pour « leur » pouvoir ? Mais le PNDS d’Issoufou n’en voulait pas. Il préférait unir autour du clan. Il a jugé que ce devrait plus être cela notre démocratie. Quel gâchis !
Des structures de la société civile…
La société civile nigérienne, n’a jamais su bien porter ses combats, même justes et légitimes, car faite de bric et de broc, réunissant en son sein autant de contradictions que de convictions divergentes quant aux mobiles qui sous-tendent ses engagements citoyens. La société civile qui s’était engagée sous Issoufou à combattre la mauvaise gestion, par le discrédit de certains de ses membres, malgré certaines mobilisations que pouvaient provoquer les arguments mis en avant, ne donnait pas trop confiance aux Nigériens, qui finirent par bouder ses appels à manifester et notamment depuis que certains, crurent que les foules étaient les leurs non de partis politiques qui les accompagnaient dans leurs combats qui, du reste, étaient aussi, celle de l’Opposition. Pourquoi cette société civile ne voulait pas trop marcher avec des partis politiques, quand en d’autres temps, avec Issoufou notamment, elle ne s’en cachait pas ?
Aujourd’hui, depuis la création du M62 qui suscita beaucoup d’espoir chez les Nigériens, les mêmes fissures reparaissent, trahissant presque l’espoir légitime de Nigériens qui pouvaient croire, qu’enfin venaient les « messies ». Alors que tous les Nigériens commençaient à croire à ces jeunes qui firent le choix de réécrire l’histoire du mouvement civique nigérien, reprenant le flambeau de la lutte et la relève à des ainés qui échouaient par leurs divisions et leurs contradictions irréconciliables, quelle ne fut leur déception de voir que là aussi, la cohésion n’est pas aussi solide qu’on le croyait, volant en éclats, à la suite de problèmes que personne aujourd’hui, ne peut lucidement expliquer aux Nigériens. Faut-il croire, ainsi que beaucoup le soupçonnent aujourd’hui, que le régime, pourrait avoir passé le « sérum » à quelques uns de ses membres qui peuvent alors choisir de trahir l’espoir que de millions de Nigériens plaçaient en eux ? Il est dommage, notent certains, que si rapidement, ils n’aient pu avoir la maitrise de leurs humeurs, pour étaler aussi rapidement leurs désaccords incompréhension sur une chose qui les engageait tous : le Niger et le mieux-être des Nigériens.
Répondre devant l’histoire…
Ces leaders de la jeunesse nigérienne, face à l’histoire, n’ont plus que deux choix : honorer leurs engagements ou la trahir. Puissent-ils ne pas être capables de croire en la justesse et la noblesse de leur combat pour se laisser entrainer dans un crise d’égo qui ne peut que leur détruire le renom qu’ils ambitionnent pour que l’Histoire parle de leur héroïsme et de leur sacrifice pour leur pays et pour son avenir ? Il y a donc à se ressaisir pour ne plus donner ce spectacle pitoyable qui ne peut que discréditer définitivement la jeunesse nigérienne, la société civile, si encore, elle pouvait en être une.
L’Histoire et la patrie interpellent !
Gobandy