Le conseil des ministres du jeudi 20 octobre 2022 a examiné, au titre du ministre de la Communication, pour avis une proposition de loi modifiant et complétant la loi N° 2011-12 du 27 juin 2011, portant indemnités et avantages des députés. L’avis du gouvernement sur cette proposition de loi sera transmis à l’Assemblée nationale. Comme il fallait s’y attendre, ce point examiné par le conseil des ministres n’est pas passé inaperçu au sein de l’opinion nationale, en raison de son caractère provoquant dans un contexte de paupérisation croissante doublée d’une flambée débridée du coût de la vie dans laquelle végètent les populations nigériennes.
Son caractère est d’autant provoquant qu’il s’agit d’une révision à la hausse du taux des avantages et indemnités qu’ils perçoivent actuellement que nos honorables élus demandent. Le gouvernement a promis de donner son avis sur la requête qu’il transmettra à l’Assemblée nationale. Sans présager de la nature de l’avis [favorable/ défavorable] du gouvernement par rapport à cette requête, cette initiative des députés visant l’amélioration de leur traitement a probablement choqué beaucoup de Nigériens et ne manquera pas de susciter dans les jours à venir un vif tollé de contestation populaire. Pour sûr, elle s’apparente à une grossière insulte de la part de nos honorables à l’endroit du peuple dont ils sont censés défendre les intérêts. Est-ce qu’ils assument pleinement cette mission attendue d’eux par les électeurs ? La réponse est non ! Faisant passer en avant leurs colorations partisanes au détriment de leur statut de représentants du peuple, les députés notamment ceux de la majorité ont jusqu’ici montré qu’ils sont là pour soutenir systématiquement le gouvernement, prompts à voter l’importe quel projet de loi antisociale qu’il soumet à leur appréciation. Leur indifférence, pour ne pas carrément dire mépris, vis-à-vis des préoccupations des populations à la base est tellement choquante qu’ils se permettent même parfois de considérer la contestation de certaines décisions gouvernementales impopulaires procèdent tout simplement d’une manipulation par des mains invisibles. Pour eux, cette forme de contestation n’a pas lieu à partir du moment où la représentation nationale est là pour apprécier ce qui est bon pour le peuple et ce qui ne l’est pas. Nous avons assisté à cette posture de leur part à l’occasion de la mascarade organisée par le gouvernement pour imposer aux Nigériens le redéploiement de la force militaire française Barkhane dans notre pays sur la base d’une légère modification de l’axe 1 relative à la sécurité de la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre. Ainsi, contre la volonté de l’écrasante majorité des Nigériens, les députés de la majorité ont autorisé l’implantation de forces armées étrangères sur notre territoire pour une durée indéterminée. Ce n’est pas tout ! Récemment encore, quand le gouvernement a décidé d’augmenter le prix du litre du gasoil à la pompe de 136 francs CFA d’emblée pour juguler, diton, la fraude à laquelle ledit carburant est soumis afin d’éviter sa rupture mais aussi une augmentation du prix du Kwatt/h et celui du gaz domestique, l’Assemblée nationale n’a pas pipé mot. Du fait de cette augmentation exagérée, les prix de tous les produits alimentaires et non alimentaires mais aussi des services (production, transformation, transport, etc.) connaissent aujourd’hui une flambée débridée qui impactent négativement sur le pouvoir d’achat des consommateurs déjà confrontés à des difficultés d’accès à la nourriture, à la santé, à l’eau potable, etc. A cette situation vient se greffer la grave crise sécuritaire affectant durement plusieurs régions du pays et provoquant de déplacements massifs de populations de leurs villages pour échapper aux exactions des groupes armés non étatiques (GANE). Si ce n’est du mépris à l’endroit des Nigériens, comment dans un tel contexte difficile des députés peuvent-ils demander une hausse du taux de leurs indemnités et avantages ? Quel travail font-ils concrètement dans le sens d’améliorer les conditions d’existence des populations ? Nous n’en voyons pas ! Bien au contraire, ils contribuent plutôt à les paupériser davantage en cautionnant n’importe quelle nouvelle mesure fiscale que le gouvernement décide de mettre en place pour renflouer les caisses de l’Etat. Qui trime dans tout ça ? Les citoyens à la base qui supportent en dernier ressort la taxe. Déjà que les Nigériens trouvent qu’ils sont suffisamment gâtés pour une représentation qu’ils n’assurent pas efficacement, si le gouvernement consent à revaloriser le taux de les indemnités et avantages dont bénéficient actuellement les députés ou ces derniers passent outre un avis défavorable du gouvernement, l’accalmie sur le plan social risque alors de foutre le camp. Pour sûr, les partenaires sociaux (syndicats des travailleurs, scolaires) qui ont de nombreuses doléances en souffrance des années durant ne resteront pas l’arme au pied et regarder faire.
O.I