La candidature de Bazoum Mohamed à la candidature pour la présidence du Niger avait déchiré son parti et cette situation incongrue avait imposé l’arbitrage calculé d’Issoufou qui a fini, usant de sa position de président- partisan de la République par l’imposer. Les plus grandes grognes, contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là, venaient pourtant du fief du PNDS-Tarayya, notamment de la région de Tahoua qui reprochaient alors au candidat imposé de ne pas avoir de fief pour porter la légitimité que requiert une telle aventure. Ceux-là croient que leur champion – Issoufou en l’occurrence – était incomparable et ne voulaient d’aucun autre si ce n’est celuici. Depuis, l’on savait les clivages et les antagonismes qui traversent le parti malgré un semblant de cohésion que l’on donne pour tromper sur les malaises qui le traversent du fait de ces fractures désormais réelles, tant à l’intérieur du pouvoir que du parti. Pour parler de cette situation qui n’est pas nouvelle car tous les partis politiques qui ont géré le pouvoir l’ont, à un moment ou à un autre, vécue ; en ont survécu ou en ont été déstructurés. Le problème des clivages dans le parti, pour bien d’observateurs avisés, est réel, peut-être plus grave qu’on ne le croit.
A l’intérieur du parti et du pouvoir des clans rivaux se battent, se livrant une guerre fratricide qu’un des camps, ne veut, pour rien au monde, perdre. Ainsi le pouvoir exercé dans le cadre de la Renaissance acte III était devenu un enjeu, pas même pour Bazoum Mohamed, mais pour ceux qui, se servant de lui, pouvaient croire qu’il devrait continuer à garder et à manipuler un pouvoir qu’il perdait et qui est désormais, fusse-t-il de leur volonté, le bien d’un autre et notamment de Bazoum Mohamed aujourd’hui légalement investi président et pour cinq ans. Pourquoi donc certains de son camp semblent en souffrir, ne pouvant plus s’accommoder de lui ? Sa volonté de gouverner comme président de tous les Nigériens, transcendant les partis politiques pour s’élever à la hauteur de la responsabilité qui est la sienne aujourd’hui, dérange des milieux rivaux du pouvoir.
Premiers signes intrigants…
Quand on peut voir les hommes et les femmes qu’un certain milieu du PNDS imposait avec la bénédiction d’Issoufou à Bazoum Mohamed comme collaborateurs immédiats, avec quelques personnalités inamovibles pour s’incruster dans le système malgré les fortunes qu’elles se seraient constituées depuis dix ans de gouvernance et de pillage sous l’ancien pouvoir. Beaucoup de ces personnalités qui pouvaient avoir maille à partir avec la justice pour répondre de leurs gestions, en plus de discréditer le nouveau pouvoir aux yeux des Nigériens, montrent bien pour certains observateurs l’emprise que l’ancien président exerce encore sur le nouveau pouvoir.
Mais plus que ce détail, il y a également, la désignation de Pierre Foumakoye Gado comme président intérimaire qui a eu la responsabilité et la chance de superviser, dans la perspective du congrès du parti, la mise en place des structures du parti que d’aucuns croyaient s’annoncer dans des tentions qui risquaient de disloquer le parti. Les adversaires internes du Président Bazoum à l’intérieur du parti, ont-ils compris qu’ils ne pourront pas s’imposer à son système s’ils n’ont pas une main mise totale sur le parti ? En tout cas, dès lors que c’est un des proches et fidèle d’Issoufou, Foumakoye Gado en l’occurrence, qui a suivi point par point, de fédération en fédération, la mise en place des nouveaux bureau fédéraux, l’on peut croire qu’il serait servi de ce privilège pour installer partout, d’une part pour acter et entériner son placement à la tête du parti, encore entre les mains de la vieille garde qui ne veut rien lâcher au profit d’une jeunesse qui attend le renouvellement générationnel qu’on voudrait visiblement acclimater à une démarche aristocratique quand les membres du patronat du parti socialiste positionnent chacun son enfant pour assurer l’héritage et la « continuité biologique » du parti à travers des familles qui voudraient en faire leur chasse-gardée, ne demandant aux autres que de suivre et de subir.
Ce PNDS, tel qu’il est bâti par les mains de l’architecte politique Foumakoye, échappe donc au contrôle du Président Bazoum et on peut croire qu’il ne pourra pas s’en servir pour mieux maitriser son action par le choix libre qu’il devrait avoir des hommes à qui il peut faire confiance pour la mise en oeuvre de son programme ; ces nouveaux représentant du parti méthodiquement désignés, devant plus répondre de l’autorité de l’ancien président que de la sienne. Plus longtemps qu’il se laissera faire, le parti devra donc lui dicter tout quand, rappelonsle, le peuple du Niger, même quand le candidat élu vient du PNDS, n’a pas élu à la fonction suprême le parti mais un homme qui reste seul, constitutionnellement comptable, face au peuple auprès duquel il prenait des engagements. Devrat- on donc s’attendre à voir le magistrat suprême affaibli dans sa fonction quand d’autres devront lui dicter tout au nom du parti, jusqu’aux hommes sans qu’il n’ait de véto à opposer ? Peut-il donc n’exister que pour la forme, juste pour symboliser le pouvoir que garderait le PNDS, sinon un clan du parti qui a trop peur de perdre le pouvoir et ce parce que pouvant craindre que par une certaine volonté politique de rendre justice au peuple, bien de ses caciques ne se retrouvent un jour devant le Juge, enfin ?
Ces gens ne doivent donc pas rendre la tâche facile à la Renaissance III. Pendant plus d’un an, les Nigériens plaignent une gouvernance à deux, une gémellarité politique à la tête de l’Etat que rien ne peut justifier par les textes de la République, l’ancien gênant, ainsi que les Nigériens en ont l’impression, son successeur. On sait que même dans le parti, ils sont nombreux à souffrir de cette situation de la doublure qui crée un bouchon à la tête de l’Etat, ne pouvant pas émerger quand ils sont pourtant ceux qui, de bon coeur, croyaient au leadership et soutenaient sincèrement son aventure présidentielle. L’on sait que le camp adverse n’apprécie pas chez le nouveau magistrat suprême son attitude élégante à l’endroit des opposants, cette attitude de fair-play démocratique qui laisse à chacun son rôle à travers la contradiction que promeut le débat contradictoire, toute cette élégance politique qui apaise le climat politique depuis quelques moments dans le pays.
On peut se rappeler à juste titre que l’un des artisans qui aidait à décrisper le climat, aidait le Président Bazoum à imprimer la marque de sa personnalité dans la gestion du pouvoir, à savoir son chargé de la communication, ce Wazizi venu de la Section France du parti qui avait tellement gêné par un tel choix le sérail d’Issoufou que le « Parti » dut s’en plaindre au point de le forcer, à la suite d’une déclaration furieuse, à la démission pour s’en aller, retrouver « sa » France, loin des extrémisme d’un PNDS auquel il avait eu tort de croire.
Pour autant, ils ne désarment pas…
Ceux qui combattent ou, pour être plus vrai, essaient de dominer le Président Bazoum ne lâchent toujours pas prise et trouvent le moyen de changer de stratégie pour visiblement compromettre ceux qui peuvent jouer franchement avec le président, tentant de les discréditer par l’usage du faux.
Fake news, la nouvelle trouvaille politique du camp des aigri ?
Depuis quelques jours, l’on voit circuler des documents qui peuvent tromper sur leur authenticité par leurs signatures et leurs cachets. Il faut à l’ère de l’informatique s’en méfier quand d’autres, par le jeu informatique, peuvent manipuler de tels textes pour les livrer à une consommation qui ne peut pas se faire sans filtre pour s’assurer de la bonne source de tels documents. C’est ainsi que dans son numéro paru la semaine dernière, un confrère de la place évoque dans un article intitulé « Commande des moustiquaires : un faussaire imite la signature du ministre de la Santé ». La même semaine, nous publions, après un autre confrère, un article qui fait référence à une lettre attribuée au Ministre de la Défense, recommandant la société Sky Africa Sarl pour certaines commandes. Si le document, ainsi que l’autre évoqué par le confrère, devraient être faux, fautil lire là, une nouvelle stratégie de certains milieux du PNDS pour combattre des adversaires internes ? Certains milieux du PNDS peuvent-ils être si désespérés à n’avoir recours qu’à de telles pratiques pour éprouver des adversaires internes qu’ils voudraient alors discréditer aux yeux du Président Bazoum afin de le séparer de ceux qui peuvent pourtant être ses soutiens les plus sincères ? Bazoum doit nécessairement ouvrir les yeux pour lire et comprendre des combines, tout ce qui se trame autour de lui, souvent au-dessus de sa tête.
Comme certains l’ont souvent dit depuis quelques mois, des clans rivaux se livreraient une guerre silencieuse sans merci, se gardant pour le moment de la porter dans la rue, la menant autant que possible discrètement pour préserver le semblant de cohésion qu’on brandit en face de Bazoum pour l’amadouer et l’obliger, pour leur agenda en vérité, à se maintenir dans les rangs, refusant qu’il ait la possibilité de s’affirmer et de conduire son mandat conformément à ses engagements pris devant le peuple dont, entre autres, la promesse de justice qu’il rappelait et réitérait devant la communauté judiciaire la semaine dernière, à l’occasion de la rentrée judiciaire 2022-2023. Nous n’avons peut-être pas tort, pour évoquer cette situation atypique, de nous référer à ce film burkinabé, Quand les éléphants se battent d’Abdoulaye Dao. Faut-il alors s’attendre de voir, les deux camps sortir au grand jour pour mener avec courage leur catch, à la lumière du jour, sachant que malgré tout, Bazoum Mohamed, est celui qui a, dans cette situation de confrontation larvée, tous les atouts: le POUVOIR ?
Mairiga