Lamentable. Le mot n’est pas suffisamment fort pour qualifier le spectacle qui s’observe dans notre arène politique depuis un certain temps. Il s’agit, vous l’avez sans doute deviné, de ces retournements spectaculaires de boubous à la queue leu-leu au sein du camp de l’opposition et celui des non-affiliés au profit du PNDS Tarayya. Le parti rose est subitement devenu fréquentable au point d’attirer des acteurs politiques qui ont fait preuve d’une virulence sans commune mesure dans leurs critiques vis-à-vis de la formation politique et ses leaders. Depuis l’entame du règne Bazoum Mohamed, les Nigériens ont connu la saison Ibrahim Yacoubou, président du MPN Kiishin-Kassa, qui a quitté la barque de l’opposition pour rejoindre le camp de la majorité présidentielle avec armes et bagages. Au regard de ses attaques virulentes vis-à-vis du PNDS, de nombreux Nigériens ont eu mal à admettre qu’il puisse être capable d’un tel reniement de soi après avoir été publiquement humilié deux fois de suite par le parti rose. C’était mal connaître le personnage. Pour son confort personnel, il ne résiste à aucune forme de compromission et il l’a montré à ceux qui croyaient fort en lui au moment o ù il qualifiait le PNDS et ses dirigeants de tous les noms d’oiseaux. A la suite du président Yacoubou, d’autres figures de proue de la classe politique comme Ada Cheffou, par exemple, ont quitté en catimini leurs partis pour grimper dans la barque PNDS dans l’espoir d’être convié autour de la table du banquet.
Défections saison II
Sous la renaissance Acte III de Bazoum, la stratégie de fragilisation des partis adverses et alliés n’est plus le concassage. Elle est plus subtile, se traduisant par des défections à l’allure désintéressée. C’est-à-dire que les figures et militants de base qui désertent leurs partis pour rejoindre le PNDS Tarayya n’ont pas fait l’objet de marchandages souterrains, ils le font parce qu’ils ont compris sur le tard que le parti rose est le seul à incarner l’espoir de notre pays. Une justification qui ne convainc personne en dehors évidemment de ses auteurs, pressés d’aller à la mangeoire parce que tenaillés par la faim. Parmi les personnalités de cette saison II figure en tête Doudou Rahama, qui vient de lâcher le président Mahamane Ousmane, celui-là même qu’il a défendu bec et ongles pendant plus d’une trentaine d’années, d’abord avec le CDS Rahama, ensuite le parti RDR Tchanji qu’ils ont créé ensemble après avoir dépossédés du CDS. Suite au meeting organisé récemment par la Fédération régionale PNDS Tarayya de Zinder pour marquer son adhésion officielle au parti rose, le sieur Doudou Rahama a désormais pris le nouveau sobriquet de Doudou Tarayya. Cette défection du lieutenant de longue date de Mahamane Ousmane a constitué le feu vert pour certaines figures de l’opposition et de partis alliés pour organiser à leurs tours des meetings de ralliement au PNDS Tarayya. Et tout laisse croire que la saison II des défections au profit du parti rose ainsi ouverte va se poursuivre et s’intensifier avec le temps et s‘étendre aux autres régions du pays. En fin de semaine dernière, nous avons déjà assisté à un cas à Niamey où le sieur Abouba Ganda, président du parti ‘’Haut Niveau’’ dont il est père fondateur, a organisé un meeting de ralliement au PNDS Tarayya au quartier Gamkalley, son fief natal. Une défection insolite et cocasse au regard du profil du personnage. Abouba a-t-il abandonné seul son parti pour aller grossir les rangs du PNDS ? C’est le cas apparemment parce qu’on n’a pas parlé pas de fusion au parti rose. L’on aura finalement tout vu comme formes de compromission politique dans les rangs de l’opposition et des partis alliés depuis que le parti rose a accédé aux commandes de l’Etat en 2011. Cette ruée vers la prairie rose est porteuse de péril pour notre processus démocratique pluraliste.
Vers un parti unique ?
Les camarades roses ont toujours abhorré le système de parti unique et se sont évertués durant toute la période qu’ils ont assumé le rôle d’opposants à mettre les bâtons dans les roues aux gouvernants du moment. Aujourd’hui qu’ils sont aux commandes qu’ils veulent conserver le plus longtemps possible, ils sont en train de travailler à réduire tous les partis adverses à leurs ombres. En faire juste des faire-valoir pour légitimer ses prochaines victoires électorales face à des partis dont les leaders n’ont pas véritablement d’ambitions de conquête du pouvoir. La seule chose qui importe à leurs yeux, c’est d’être autour de la table du festin de la Renaissance pour se contenter des os. Doit-on se plaindre du parti rose pour cette entreprise de fragilisation des opposants et partis alliés de la majorité en mesure de brouiller les cartes à l’occasion des prochaines élections générales ? Non ! Le PNDS Tarayya est dans son bon droit de chercher à élargir ses bases, ayant toujours nourri l’ambition de passer dès le premier tour des présidentielles et rafler le maximum de sièges de députés et de conseillers. Concernant la députation et les municipales, cette ambition est déjà réalisée même si par ailleurs c’est grâce aux fraudes massives présumées et autres braquages d’urnes qu’ils sont parvenus à le faire. Il faut plutôt plaindre l’opposition qui a abandonné toute forme lutte pour imposer au PNDS Tarayya le respect strict des principes démocratiques et de la bonne gouvernance. Le pouvoir se permet tout aujourd’hui, pratiquement tout, devant cette léthargie navrante de l’opposition, qui attend peut-être la production éventuelle d’un miracle.
O.I