Les lampions du sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) sur la Zlecaf couplé à celui sur l’industrialisation et la diversification économique inclusive et durable du continent tenu vendredi 25 novembre dernier à Niamey se sont éteints sur un goût d’inachevé. Qu’est-ce qu’on peut retenir de la journée marathon de travail des délégations présidentielles et gouvernementales qui ont bien voulu faire le déplacement de Niamey ? Pas grand-chose, en dehors des discours engagés en faveur de l’industrialisation du continent et de la diversification de son économie. De l’intervention du président de la Commission de l’Union Africaine (UA) le Tchadien Moussa Faki Mohamed, au discours du président rwandais Paul Kagamé en passant par celui du président Bazoum Mohamed, de la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, etc., l’on a senti une ferme détermination de sortir l’Afrique de son énorme retard sur le plan industriel et économique, et de rompre notre forte dépendance vis-à-vis de l’Occident. Mais cette ferme détermination ne suffit pas, à elle seule, pour faire de l’industrialisation de l’Afrique une réalité. Il faut un fort engagement politique et des actes concrets. Ce qui implique nécessairement une bonne dose de courage pour dire non aux orientations politiques que nous imposent les puissances et les partenaires techniques et financiers (PTF) en contrepartie de leur soutien financier à nos pays. Combien de nos chefs d’Etats africains peuvent faire preuve de ce courage, en disant niet au diktat de l’Occident ? Ils ne sont pas nombreux et le président Bazoum est loin de figurer sur cette liste restreinte.
C’est bien beau le discours qu’il a tenu sur les potentialités en ressources naturelles dont regorge le continent et la nécessité de les mettre en valeur pour impulser le développement socioéconomique de nos pays. Mais quand dans d’autres circonstances, c’est lui-même qui s’érige en défenseur des intérêts de l’Occident en faisant prévaloir que notre uranium, par exemple, ne pèse plus rien aujourd’hui dans les recettes budgétaires du pays, comment croire en la sincérité du discours qu’il a tenu le 25 novembre à l’occasion du double sommet continental africain ?
Comment le croire quand c’est lui vante l’importance de l’aide publique au développement accordée par la France à notre pays ?
Comment le croire quand c’est lui qui défend bec et ongles la présence des forces militaires occidentales au Sahel et particulièrement dans notre pays dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ? Cette présence des troupes militaires étrangères sur notre sol qu’il trouve indispensable n’est-elle pas une forme de renonciation tacite à notre souveraineté ? Comment un dirigeant qui accepte d’hypothéquer la souveraineté de son pays peut-il être capable de se soustraire au diktat des puissances occidentales ?
Nous ne voyons pas ! Le président Bazoum a juste voulu plaire à ses hôtes en tenant son discours engagé sur l’industrialisation du continent. Sinon il n’est pas réellement prédisposé à faire ce qu’il a raconté.
Tawèye