La Renaissance, depuis toujours, tant dans ses deux premières versions que dans la dernière, et ce malgré une volonté affichée au début du premier mandat de se démarquer d’une démarche mercantiliste dont héritait Bazoum Mohamed, l’on est bien obligé de croire que rien ne change finalement et fondamentalement ; les deux, comme le disent déjà depuis longtemps certains observateurs pessimistes, n’étant que «même pipe même tabac». En vérité, ni ceux qui sont dans le parti présidentielle, le Pnds-Tarayya, ni ceux qui, par opportunisme, ont soutenu le parti socialisme dans son aventure, ne croient en aucune idéologie, en aucun socialisme, à aucune valeur. La seule «bible» qui les guide, il faut la reconnaître, est le désir de se faire riche très vite pour être la star du quartier, la vedette du village, le grand manitou du pays qui peuvent bluffer des Nigériens qui peuvent ne rien reconnaître de leur histoire. Chacun, en vérité, n’est parti que pour manger et faire pousser un ventre orgueilleux, attiré irrésistiblement par l’arôme, le fumet des ripailles de la Renaissance. Depuis, dans le pays, la politique est vidée de son essence pour ne devenir qu’un moyen de se réaliser et non de construire un pays, de donner un avenir à un peuple et surtout à sa jeunesse, de servir un peuple au service duquel l’on peut pourtant gouverner.
Depuis que le PNDS est au pouvoir, les socialistes ne travaillent qu’à l’unanimisme ne tolérant aucune fausse note, brimant toutes les voix discordantes qui s’élèvent dans la démocratie pour faire entendre une vérité différente de la leur. Combien sont-elles toutes ces voix qui avaient été tues, traquées et condamnées au mutisme ?
Aujourd’hui, on ne peut entendre aucune voix, toutes, peureusement se sont tues et terrées ; quand tous les Nigériens semblent avoir pris peur, se résignant à accepter leur sort, tragiquement silencieux. A l’intérieur du pouvoir, seule la voix des «maîtres» comptent, elle seule peut être entendues, toutes les autres, peu audibles, même martyrisées et marginalisées, ne peuvent oser lever la voix et doivent rester tranquilles à faire croire, par leur silence, que tout va bien alors que, plus qu’un opposant, ce sont certains du bord du parti – et ils sont nombreux – qui vivent l’anxiété et de l’exclusion de la précarité quand tous les jours ils sont côtoyés par certains des leurs, gonflés d’argent, mais n’ayant aucun respect pour eux. Quelqu’un – suivez mon regard – pourrait d’ailleurs se glorifier d’être celui qui aura été capable, vengeant une histoire, de rabaisser d’autres Nigériens, de les anéantir et de ne plus pouvoir leur donner la chance d’émerger dans le pays. Peut-être, mais pour combien de temps ?
Quand on regarde la gestion du PNDS avec des hommes et des femmes devenus inamovibles, inchangeables, restant en poste, même lorsqu’ils ne doivent pas garder la même position dans le système, pendant bientôt douze ans, laissant de nombreux autres militants, laissés pour compte du système et autres «déflatés» du socialisme, moisir dans la misère, rongés par la fatigue de l’attente et le désespoir qui a fait perdre à beaucoup d’entre eux la foi socialiste.
Comment ne pas s’inquiéter pour le système quand, avec la majorité écrasante que le Pnds s’est taillée à l’Assemblée Nationale par un holdup électoral, on peut apprendre que le régime ne maîtrise plus «ses» députés pour n’avoir de choix, ainsi qu’on l’apprend chez un confrère, que de les «acheter», notamment pour faire voter la loi de Finances. Comment comprendre que pour faire passer une loi de finances, il aura fallu pour l’Exécutif qui ne ferait pas alors confiance à sa majorité, qu’il mouille la barbe à des hommes et des femmes qui ont pour mission de soutenir le pouvoir dont ils se réclament ? On est où là ? Malheureusement, ce n’est pas pour la première fois que cela arrive. La dernière fois, pour voter le budget, par le même journal, on apprenait que c’était la trouvaille du régime pour avoir l’assurance que certains de ses députés ne lui feront pas un faux bond. Cette situation est assez tragique pour rendre compte d’une situation assez incongrue et alarmante au sein du pouvoir et du Pnds-Tarayya pour reconnaître par un tel disfonctionnement que le parti est traversé, quoi que dira un autre, par des vents contraires qui le secouent depuis quelques temps.
Cette situation voudrait dire que quelqu’un, quelque part, n’aide pas Bazoum, et dresserait «ses» députés contre son action, commerçant avec «ses» députés-instruments qu’il a trafiqués pour les convoyer à l’Assemblée nationale, plus pour son objet que pour le bien du Niger et de sa démocratie. On peut ainsi comprendre que Bazoum n’a aucune maîtrise de sa majorité, devenue le fond de commerce d’un autre qui la manipule pour arrondir les fins d’années et agrémenter les fêtes de fin d’année de familles de députés vénaux qui ont oublié leur contrat avec le peuple qui leur faisait confiance – si encore c’en est le cas – pour les représenter et les défendre.
Jusqu’à quand, cette Renaissance III unijambiste, peut-elle continuer à marcher ainsi, handicapée, trottinant sur la voie sans avancer, détournée par un camp-escroc qui la tient en respect ?
Ressaisissement…
La Renaissance III a intérêt à se ressaisir si tant est qu’elle voudrait réussir et pouvoir se donner la chance de rempiler. Certains, depuis quelques jours avaient bien compris qu’il ne reste qu’une seul carte que la realpolitik dicte au magistrat suprême si tant est qu’il voudra gouverner par lui-même et pour le Niger : c’est de pouvoir régler le problème de l’Assemblée Nationale devenu pour un autre un objet de chantage. La politique, hélas, souvent est cynique, et si l’on ne peut pas s’y appliquer, l’on n’a aucun droit de s’y hasarder. Il n’a aucun intérêt à s’enfermer dans sa «prison politique» pour aspirer à la lumière de la liberté car il n’y a ni honneur et ni intérêt à s’isoler dans cette prison qui ne dit pas son nom et dans laquelle le confine son prédécesseur qui voudrait se servir de lui pour le confort de sa retraite qu’il ne veut visiblement accepter et les Nigériens l’auront compris depuis qu’il osait sur «ses terres » parler, au milieu des siens, de son «anogo» devenu insupportable après seulement quelques mois de chômage qui lui ont arraché les privilèges du pouvoir pour lequel il peut avoir l’illusion d’être le seul apte.
Sortir du gouffre….
Bazoum Mohamed n’a pas d’autres choix s’il tient à exister politiquement et à avoir un avenir que de s’affranchir. Au sortir du prochain congrès, comme la pintade à laquelle on retire des oeufs pour les confier à la poule pour leur éclosion, il se retrouvera, déshérité du parti et donc de toute influence sur le parti et sur une Assemblée nationale. Peut-il s’accommoder d’un tel schéma pour le restant de son mandant pour ne pas en avoir trop sur le coeur et souffrir de la solitude de son pouvoir «raflé » ?
Il y a des moments où il faut savoir faire ses choix. A attendre trop, on perd.
A bon entendeur…
Gobandy