Hassoumi Massaoudou, c’est ce martyr du PNDS qui avait eu des rêves présidentielles mais duquel, très vite, Issoufou qui a su se servir des servilités, et à qui il a vite fait de lui casser les ailes, le remettant à sa place et l’obligeant à se mettre dans les rangs, non sans avoir passé une quarantaine, purgatoire après lequel, il le réhabilita pour le reprendre dans le système qui le punissait. On savait depuis cette époque qu’il y avait de profondes divergences au sein du pouvoir et surtout au sein du PNDS, clivé depuis cette première bataille par laquelle des clans rivaux se positionnaient pour le contrôle du parti. Il est vrai que l’homme puissant d’une époque, en disgrâce dans le parti, descendant de ses illusions, a fini par comprendre que la politique est un jeu à la fois complexe et dangereux où il est difficile de connaitre son allié, le partenaire sur lequel on peut compter. Malheureusement, il l’a appris à ses dépens, comprenant très tard que l’ami pouvait ne pas être l’ami en politique. Les proximités qu’il avait eues avec l’ancien président qu’il avait même servi dans le cabinet, a finalement connu une chute terrible qui l’a fait oublier alors même que c’était lui qui fit le sale boulot pour les camarades – on n’osera pas dire ses camarades – brutalisant ses frères nigériens à qui il fit connaitre les pires traitements dégradants, lui qui pouvait même promettre sans retenue d’ « isoler » ceux qui dérangent, les traitant même « d’ennemis », fier de son rôle.
Il a donc été « récupéré » et « recyclé », car dans le parti, il ne manquait pas de sympathie et ses déboires, on le sait, à l’intérieur du parti, pouvaient provoquer des malaises de la part de ceux qui croyaient en lui, et surtout à ce que le parti lui est redevable, lui qui s’est sacrifié à faire le mal pour le plaisir du système. Pour certains analystes, depuis ce malentendu, Hassoumi Massaoudou ne s’est pas véritablement retrouvé dans le parti, vivant presque en marge, avec une voix désormais « off » qu’on n’entend plus trop, jouant à la discrétion prudente, peut-être dans l’espoir de resurgir un autre jour. Depuis que les vagues de l’épisode de sa confrontation avec son « frère-ennemi » a passé, que d’eaux ont passé sous les ponts, l’homme qui réussit à taire ses rancoeurs, intégra le premier gouvernement sous Bazoum, conduisant la diplomatie du pays au ministère des Affaires étrangères. Mais, au regard de certains signes que l’on peut relever à l’intérieur du système, l’on ne peut que lire là la permanence de cette crise de confiance qui rend difficiles les relations entre les acteurs du pouvoir.
Mais avant d’y arriver, il est bon de rappeler ici qu’en réalité, Hassoumi Massaoudou reste un homme déçu qui comprend qu’il avait tort de trop croire à son PNDS et surtout à l’amitié de ceux avec qui, depuis quelques années, il avait cheminé et qui avaient un tout autre agenda qui les engageait en politique. Depuis sa mésaventure présidentielle, il n’était plus trop visible dans sa fédération. Les observateurs étaient d’ailleurs surpris de voir, alors que Pierre Foumakoye Gado quittait la présidence de la fédération, pour rêver de prendre le contrôle du parti à la suite de Bazoum Mohamed, que c’est une autre militante peu connue des Nigériens que Dosso choisissait – pardon, que Foumakoye choisissait – pour diriger la fédération, laissant encore une fois à la lisière de la fédération régionale l’un de ses grands troubadours pourtant bien connu mais qu’on a choisi, sans doute à dessein, de mettre à l’écart ; le terme en vérité n’est pas de trop. Pourquoi donc n’a-t-on pas confiance à Hassoumi Massaoudou pour lui confier la gestion de la fédération de Dosso ? Alors que l’on a l’impression que, malgré les malentendus, il semble avoir fait la paix avec son adversaire interne, laissant derrière lui ses vieilles rancunes, aujourd’hui l’on a l’impression qu’il marche plus en cohérence avec lui, mais restant distant du lobby qu’il avait servi mais qui a fini par le sacrifier. Faut-il donc croire que cette mise à l’écart est orchestrée avec les soins de l’ancien patron de la région que l’on sait plus proche d’Issoufou et qui peut avoir des raisons de ne plus lui faire confiance.
Massaoudou, toujours en difficulté dans le système ?
L’ancien ministre des Finances et secrétaire général du PNDS Tarayya, après avoir été un des plus grands bâtisseurs du parti socialiste, notamment dans les pires moments de sa gestion, vit des moments difficiles dans le système. Après qu’une femme lui ait fait mordre la poussière à Dosso où, contre toute attente, c’est elle que le parti propulsa pour prendra la place que libérait Foumakoye Gado, depuis quelques jours, dans le gouvernement d’Ouhoumoudou Mahamadou, le ministre des Affaires Etrangères est en lutte avec une ministre de la même équipe, Dame Daoura Hadiza Kafougou, ministre de la Fonction Publique, selon des sources proches de la primature.
De quoi s’agit-il ?
C’est une pauvre affaire de concours qui vient révéler, au grand jour, les antagonismes que les enjeux de ce concours annoncé par le ministère des Affaires Etrangère posent dans le système. Le ministère des Affaires Etrangères a annoncé un concours de recrutement d’agents pour répondre à un besoin de personnel, mais dans la démarche, il se heurte à la ministre de la Fonction Publique qui, elle, dit niet et estime que l’organisation des concours d’entrée à la fonction publique relève de ses prérogatives et n’entend laisser, quand même c’est à son profit, que le ministère des Affaires Etrangères organise le concours. Selon nos sources, cette divergence autour de la responsabilité de l’organisation du concours aurait ainsi enflammé les relations entre les deux ministres. Au téléphone, apprend-on, les deux n’auraient pas manqué de discourtoisie dans leurs échanges, chacun tenant à l’intention de l’autre des propos désobligeants. Pendant que Massaoudou se défend de s’assurer que le concours est organisé sans faute, dans l’équité et dans la justice, Dame Kafougou, dit pouvoir organiser le concours, rassurant qu’elle assumera tant qu’au bout du compte, l’on relèverait quelques irrégularités dans la tenue du concours. Par personne interposée, Massaoudou se plaint auprès du Premier Ministre qui s’informe alors auprès de l’autre ministre pour entendre les deux versions, mais rien ne fit, Hassoumi, par ses suffisances et son égo démesuré, croit qu’il est un super ministre pour faire ce qu’il veut, à croire qu’il serait le seul « correct » de l’empire. On apprend même que plein d’orgueil, seul Bazoum pouvait avoir ses salutations, n’ayant d’égard pour personne d’autre dans le système.
Dans le principe, il va sans dire que Hassoumi Massaoudou a tort quand, dans un gouvernement, les rôles sont partagés et chacun joue sa partition en cohérence avec le reste de l’équipe gouvernementale. Si tel est qu’on ne fait pas confiance à la capacité de gérer de cette ministre, notamment dans le cadre de l’organisation des concours professionnels, pourquoi peut-on continuer à la garder dans l’équipe ? D’ailleurs, par rapport à quoi Massaoudou se fonde pour dénier à la dame son pouvoir d’organiser pour son ministère un concours professionnel ? Est-il un super ministre pour croire qu’il serait le seul rigoureux de l’équipe pour savoir organiser un concours sans la moindre faute ?
Ça va mal dans le pouvoir….
Cette anecdote en dit long sur la qualité des relations entre les différents acteurs du régime. Elle montre à suffisance qu’il n’y a pas d’unité au sein du pouvoir, traversé de part en part par des divergences, par des malentendus, par des colères. Une situation qui n’arrange rien au régime. Bazoum n’est pas au bout de ses peines…
Alpha