Le parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), parti au pouvoir depuis 2011, a tenu son huitième (8ème) congrès ordinaire les 24 et 25 décembre 2022, à Niamey, la capitale. A l’issue de ses travaux, les congressistes ont confirmé, en le portant à la tête du parti, celui qui assurait depuis bientôt deux ans l’intérim de la présidence, Foumakoye Gado. Il est suivi, respectivement, par Hassoumi Massoudou, viceprésident, et Kalla Hankouraou, secrétaire général. Foumakoye Gado succède de la sorte à Bazoum Mohamed, actuel président de la République, luimême ayant succédé à Mahamadou Issoufou, premier secrétaire général puis président du parti. Ils ont tous deux cédé la tête de leur formation politique après des élections insolites qui les ont portés, l’un après l’autre, à la présidence de la République. Le premier, Mahamadou Issoufou, en 2011 puis 2016, année au cours laquelle il a été candidat unique au second tour de la présidentielle, son challenger ayant été embastillé et empêché de battre campagne. Le deuxième, Bazoum Mohamed en 2021, à l’issue d’élections tout aussi contestées par bien de nigériens. Certains des manifestants contre les résultats des élections ont gardé prison pendant longtemps, d’autres s’y trouvent encore.Pendant les deux jours qu’ont duré les travaux de ce congrès, les observateurs ont remarqué l’activisme tout azimut de l’ancien président de la République, Mahamadou Issoufou, qui se démenait comme un beau diable. Son but était d’amener les responsables et militants du parti dit socialiste à l’unité et à la cohésion. Un activisme qui a été finalement payant, puisque son appel semble entendu. Du moins jusqu’ici. Ainsi faisant, les responsables du parti ont apporté un démenti à tous ceux qui misaient sur un éclatement de ce parti, au vu des échos de contradictions internes qui prennent de plus en plus d’ampleur jusqu’à parvenir aux oreilles indiscrètes. Les manières ‘non démocratiques’ par lesquelles leur parti accède au pouvoir d’Etat, la gouvernance politique et économique catastrophique, les multiples scandales financiers révélés tous les jours que Dieu fait, ont fini par avoir raison de l’orgueil et des convictions de départ des militants du PNDS les plus sérieux et les plus imbus des valeurs socialistes et des principes démocratiques. Des voix commencent à s’élever d’abord à l’interne pour dénoncer ces dérives.
Le peuple est totalement ignoré, le pays sombre chaque jour un peu plus dans les abimes. Pendant qu’une infime partie des responsables du parti, au sommet de l’Etat, s’embourgeoise de manière scandaleuse, trahissant le peuple et les valeurs socialistes, ne se préoccupant que leur auto promotion, leurs familles et celle de leurs progénitures. Le 8ème congrès est donc perçu par certains observateurs, en plus de son caractère normal et ordinaire, comme un congrès extraordinaire. Un congrès extraordinaire de sauvetage. Car, il faut recoller les morceaux, faisant croire à tous que chacun dans le parti compte, que personne n’est oublié et qu’il faut davantage s’unir parce qu’en cas de désunion, c’est la mort politique. D’où l’entrée dans la danse de Mahamadou Issoufou qui a usé de tous les moyens, y compris le plagiat, pour arracher une unité forcée. Par des menaces à peine voilées, du genre « l’histoire nous enseigne qu’on est toujours vaincu par sa propre faute et toujours victorieux par la faute de l’adversaire. La plus grave des fautes, c’est la division ». Grand merci au général chinois Sun Tzu, auteur de L’Art de la guerre. Et à Mahamadou Issoufou d’appeler ses camarades à ne jamais oublier cette leçon de l’histoire. Sous peine surement d’une défaite certaine. Mahamadou Issoufou a bien raison de se démener de la sorte, car il sait plus que quiconque ce qu’ils ont fait à tête du pays, et que les nigériens ne sont pas près d’oublier. Certains responsables du parti, dans les rouages de l’Etat, sont devenus immensément riches, à, la vitesse de l’électron, et de façon plus que douteuse. En plus de la prédation systématique des ressources nationales à laquelle se sont adonnés les renaissants, ils ont également procédé de manière tout aussi systématique à une politique d’emprisonnement de toutes les voix discordantes : opposants politiques, journalistes, militaires, acteurs de la société civile…Pendant que l’impunité totale est accordée aux militants roses et à tous les malfrats qui font allégeance à leur pouvoir. Et s’il y a quelqu’un qui a le plus à perdre, c’est bien et avant tout Mahamadou Issoufou. Mais aussi tous qui sont soupçonnés d’être impliqués dans la foultitude de scandales financiers qui ont jalonné et continuent à jalonner la gouvernance de la renaissance. L’unité à laquelle il appelle n’est nullement autour des valeurs socialistes et des principes démocratiques (nous avons la preuve qu’ils n’y ont jamais cru) mais, sans le dire, pour la poursuite de l’impunité et des passe-droits dont bénéficient les socialistes. Et pour sauver leurs peaux. Point barre ! Sa descente dans l’arène, lors du congrès, pour obtenir l’union forcée de ses camarades derrières eux est donc forcée, à la mesure de la façon dont il a géré ce pays et dont ses camarades continuent de le faire. Mais, ils le savent, eux qui se sont fait passer pour des marxistes que « tout organisme contient en lui-même ses propres éléments fossoyeurs ». Et que la hauteur précède toujours la chute.
Bisso