Selon des sources, crédibles à tout point de vue, une peur-panique se serait emparé du village de la Renaissance avec tous ces petits nouveaux bourgeois qui ne dormiraient plus bien depuis des jours, attendant anxieux, qu’un appel anonyme, leur demande de se rendre à la Justice pour affaire les concernant. La panique est d’autant prise au sérieux que l’on apprend qu’il y a une semaine le conseil des ministres ne put pas se tenir, une exigence présidentielle voulant que tous ceux qui sont impliqués dans le dossier de la douane aillent répondre devant les Juges, volonté par rapport à laquelle il y aurait des résistances. Allez savoir de la part de qui…
Nous l’avons pourtant souvent écrit, et le SAMAN d’une époque l’avait aussi martelé : « les hommes passent, la Justice demeure ». Le compte à rebours semble donc bien commencer pour certains hommes et femmes qui savent bien que ce qu’ils ont pu amasser en dix années de Wassosso n’est pas légal et qu’ils devraient un jour répondre d’une fortune mal acquise ou de biens douteux. Les Juges auront donc du travail quand on sait le nombre de fortunés que l’on a aujourd’hui dans le pays et dont le métier n’est autre que la politique. Ce sera d’autant intéressant que certains finiront par parler pour ne pas couler seuls : le juge sait comment s’y prendre ; c’est son métier. On se souvient qu’il y a quelques mois, l’ancien ministre de la Défense, Kalla Moutari, osait même la menace de la dénonciation quand il affirmait qu’on voit tout le monde. Depuis, l’on semble cajoler l’homme qui menaçait de parler car, dans l’empire, il sait bien qu’il n’est pas seul à répondre d’une gestion.
On peut croire crédible cette information à propos du vent de panique qui souffle sur la Renaissance acte III sous laquelle s’abritent bien de gangs politiques qui ont à répondre à la Justice mais qu’Issoufou et son parti, en partant, ont imposés à des postes stratégiques pour échapper à la justice, misant sur le devoir de gratitude que le nouveau président pourrait lui avoir par un contrat moral qui lierait les deux hommes que la politique pourrait pourtant, par finir, séparer. Un drame qui leur arrivera, sans qu’ils ne soient les premiers à le vivre ni même les derniers. C’est d’autant probable que c’est la seule façon pour Bazoum qui a vu comment le dernier congrès du parti s’est passé pour comprendre qu’il pourrait s’attendre à bien de surprises désagréables de la part de ses adversaires internes qu’il pourrait plus craindre. Du reste, le dernier communiqué de presse concocté à la va-vite et diffusé au nom de la MRN pourrait être le signe de ces malaises. La Lutte contre la corruption est donc désormais une arme redoutable entre les mains du Président Bazoum pour dominer son empire qui voudrait lui échapper pour faire de lui, rien qu’un figurant malléable. Il sait surtout qu’il y a d’autres hommes, moins compromis, avec lesquels il peut redresser la barre, se sauver, sauver le pays, sauver le socialisme.
Mais les cartes restent dans ses mains…
Le Président Mohamed Bazoum avait promis aux Nigériens d’assainir la vie publique en combattant les maux qui minent la société, gangrènent l’administration publique. Après plus d’une année, les Nigériens n’ont rien vu venir comme actes courageux posés qui puissent convaincre qu’il est prêt à aller dans cette dynamique que pourraient contrarier certains de ses collaborateurs qui n’ont pas les mains propres pour l’accompagner dans cet effort attendu par les Nigériens. Mais, depuis qu’il avait donné quelques gages notamment dans son discours à la rentrée judiciaire, et à l’occasion de certaines de ses interventions au cours desquelles il avait profité pour aborder le sujet, l’on avait cru que la dynamique est irréversible et que le processus est acté depuis qu’il faisait modifier des lois contraignantes et qu’il donnait plus de pouvoir à la HALCIA et que l’on apprend que le parquet est désormais tenu de transmettre à qui de droit les dossiers en sa possession. C’est donc un pas important et peut-être qu’on peut s’en réjouir, qu’enfin, la justice serait en mesure de se mettre en marche, prônant désormais l’égalité des Nigériens devant la loi.
Il y a quelques jours, l’on apprenait que plusieurs dossiers sont transmis à la Justice et, pour rassurer, l’on a même parlé d’un possible remaniement ministériel imminent pour que ceux que la Justice voudrait entendre à propos d’un certain nombre de dossiers puissent aller devant le juge pour prouver leur innocence. Dans nos précédentes livraisons, nous parlions de cas avérés qui doivent gêner par leur grossièreté, avec des ministres et autres, au passé sulfureux, quand dans certains cas, il s’agit d’hommes extraits de prison pour faire d’eux des ministres de la République, sans aucune élégance républicaine. Le caractère sérieux que certains accordent à cette opération mains propres qui angoissent bien de personnalités du système pourrait également venir, au-delà de cette volonté politique affichée et maintes fois réitérée par le premier Magistrat, d’exigences de partenaires pour lesquels rien de durable ne peut être réussi si les actes de mal gouvernance devraient restés impunis pour consacrer l’inégalité des Nigériens devant la loi d’une part, et d’autre part, pour que les investissements profitent réellement au pays et à ses populations . Il est inadmissible que les fonds des programmes et des projets, de l’Etat et des collectivités soient détournés à des fins personnelles sans que l’Etat ne réagisse. Comment peut-on comprendre que des gens se servent de l’argent du contribuable concédé afin de soutenir l’armée dans l’effort de guerre pour s’enrichir et aller malicieusement s’abriter à l’Assemblée nationale, se couvrant d’une immunité dérisoire qui ne saurait protéger jusqu’à la bêtise. On ne peut pas non plus comprendre que des partenaires soutiennent le pays – comme dans le cas de l’Italie – dans sa guerre contre le terrorisme et que d’autres détournent l’aide accordée et croire que, pour être d’un certain camp, rien ne peut leur arriver ? Comment des gens trempés dans des trafics de drogue doivent-ils ne pas rendre compte alors que pour un cabri, sans avoir vu un juge, des hommes croupissent depuis des mois en prison ?
Comme on le voit, la question de la justice est une nécessité vitale pour la démocratie et ceux qui aident le pays, en laissant passer de telles aberrations, trahissent leur mission et la démocratie, l’Etat de droit que le peuple voudrait construire pour assoir l’égalité des Nigériens.
Mais, il y a surtout ces défis que le Magistrat suprême et les magistrats du pays, à travers leur syndicat, se lançaient il y a quelques jours, le premier arguant que la Justice serait libre de mener son travail en toute indépendance, rassurant que l’Exécutif ne pourra plus s’’interférer dans son rôle et les seconds, lui rétorquant de faire en sorte que les dossiers connus et déjà entre les mains ou de la Halcia ou du parquet leur soient transmis avec diligence pour se mettre au travail et montrer aux Nigériens assoiffés de Justice que les magistrats sont capables de jouer leur rôle et de rassurer sur un tel plan.
Dans un tel contexte, lorsqu’on apprend que des dossiers sont transmis à la Justice, l’on ne peut que s’en inquiéter et surtout quand on se sait comptable de fautes de gestion.
Mairiga