Depuis quelques mois, l’on apprend que toute la horde de soldats français, déclarée persona non grata au Mali et au Burkina Faso, pourrait avoir pour point de chute le Niger qui ouvre à la France, avec une bienveillance étonnante teintée d’une servilité humiliante, ses frontières pour venir déposer dans le pays ses armes et ses hommes, sa logistique et son agenda. Pourquoi, alors qu’elle est rejetée, la France, coûte que coûte, tient à rester, voulant faire croire qu’elle nous aime plus que nous ne nous aimons ? L’Afrique entière ne comprenait pas cette attitude de Niamey pour se faire presque la poubelle de ce que les autres, sur le continent, pouvait refuser. Qu’est-ce vaut cette docilité, de la part de nos autorités, à la France ?

Attention aux relations de bon voisinage…

Il y avait pourtant des raisons de s’inquiéter qu’en offrant son territoire à la France et notamment à la laisser se positionner sur les frontières que le Niger partage justement avec le Mali, notamment dans les zones de Ouallam et d’Inates, il y avait à prendre le risque de paraitre comme le complice d’une France qui voudrait se servir de notre territoire pour soutenir les forces qui se battent contre l’Etat malien et finir ainsi par déstabiliser le Mali et affaiblir un voisin dont la désagrégation ne peut qu’avoir des répercussions graves sur notre propre stabilité. Si une telle option venait à se concrétiser, il va sans dire que le Mali considérera la position nigérienne dans le conflit qui l’oppose à la France et aux terroristes comme une attitude belliciste, une agression même de la part du Niger. Or, une telle escalade ne pourra que rajouter à la tension déjà persistante dans les relations avec le voisin malien qui ne peut tolérer que le Niger, au-delà de ses discours désobligeants, ose cet autre pas, s’allie avec un autre pour vouloir le détruire.

Le Niger ne doit pas servir de base arrière à la France pour « rendre son coup » à un voisin, le Mali pour lequel, on l’a compris, elle garde quelques rancunes. Le Niger a intérêt à préserver ses relations de bon voisinage avec les pays qui l’entourent. Quelles que puissent être ses soumissions à la France, il ne peut et ne doit comploter pour détruire un voisin, la vérité étant que le pays vit plus avec ces voisins qu’avec la France qui ne partage aucune frontière avec le Niger. Restons lucides.

A.S