Quelques jours seulement après le drame de Banibangou qui a vu la mort de plusieurs de nos soldats, le président de la République, sans rendre les honneurs aux disparus, sans même décréter quelques jours de deuil, fait un voyage qui aura été le plus long depuis son investiture. Le communiqué officiel produit dans le cadre de ce voyage disait que le président de la République se rendait à Bruxelles, à l’Union Européenne, et en Ethiopie pour le sommet de l’Union Africaine. Entre les deux destinations, le président Bazoum fait un détour à Paris pour s’entretenir avec le président français. De quoi les deux hommes ont-ils parlé. Surement la situation sécuritaire du Niger. En dépit de la présence des forces française, le pays est régulièrement endeuillé. Le président Bazoum serait-il allé demander quelques éclaircissements à Macron ? Se serait-il, enfin, rendu compte, malgré tous ses efforts pour plaire et défendre vaille que vaille et en toute circonstance la position de la France, qu’on ne lui renvoie pas l’ascenseur. Il n’a pas le salaire qu’il mérite. La quête de reconnaissance ressemble fort bien à la quête du Graal. Premièrement le président Bazoum doit normalement savoir que pour des raisons historiques, la France, ou plutôt les dirigeants, n’aime pas beaucoup certains groupes. Le président nigérien fait partie d’un de ces groupes. Il sait aussi que les dernières élections n’ont pas été tout à fait justes. Les Français le savent. Pour leurs intérêts, ils sont prêts à lâcher les amis. L’histoire est jalonnée des lâchages des plus grands défenseurs de la Françafrique. Bokassa, Mobutu, Déby, Ibrahim Boubacar Keita, Rock Kaboré…
On peut légitiment penser que la président Bazoum a intégré tous ces paramètres et est à la recherche des réseaux. Ce qui expliquerait ses voyages à Libreville et Brazzaville. Ali Bongo et Sassou Ngesso sont des purs produits de la Françafrique. Leur aide peut bien aplanir bien de divergences avec la France. C’est en tout cas ce que l’on pourrait penser. Seulement ces dernières années les relations de ces deux chefs d’Etats et les dirigeants français ne sont pas ce qu’elles ont été par le passé. Ali Bongo, depuis les dernières élections, semble bouder les Français. Ces derniers avaient beaucoup plus soutenus Jean Ping. Les dirigeants gabonais ont intégré le Commonwealth. Et pour les prochaines élections, ce pays refuse l’accréditation aux Européens. Le président congolais n’est pas pour sa part dans les meilleures dispositions avec la France. A tel point que le président français pour réparer envisage de se rendre en Afrique centrale et précisément au Congo. Officiellement dans le cadre du Changement climatique et la préservation de la nature. Les pays de l’Afrique Centrale abritent une part importante des forêts. Le rétablissement des relations semble être la principale et première raison de ce voyage. Si le président Bazoum s’y rend, quelques semaines avant Macron, c’est probablement pour que Bongo et Ngesso portent son message. Il se serait vraiment trouvé de mentors pour lesquels la France ne peut rien refuser aujourd’hui. Et si l’on y ajoute la décision du président nigérien de mettre la pression sur la principale entreprise française du nucléaire, Orana, dans le cadre de l’exploitation de la mine d’Imouraren, en cette période de crise énergétique, avec la guerre en Ukraine, cette posture du président Nigérien est tout de même à double tranchant. Le président Tandja est passé par là.
Modibo