L’Afrique ne sait pas sa valeur, disons qu’elle ne sait pas combien elle est importante par les richesses immenses dont le Ciel l’a doté. Elle ne sait pas ce qu’elle a comme potentialités immenses pour lesquelles, depuis qu’elle rencontrait le monde blanc, elle ne connut que malheurs et travestissement de son honneur. Pendant des siècles l’Afrique a été humiliée, brutalisée, et elle avait courbé l’échine, quand même pouvant aider l’autre dans ses épreuves, notamment dans ses différentes guerres, mais elle ne put se défendre, se faire respecter, par elle-même. Pendant de longues décennies, malgré que ses Etats aient accédé à la souveraineté internationale, l’Afrique a continué à avoir cette marche forcée et forcenée avec le monde blanc colonisateur, ne pouvant toujours pas décider pour elle-même, par elle-même, condamnée à requérir l’aval de l’ancien tuteur colonial qui continue toujours de se servir d’elle, influençant et contrôlant le marché internationale pour décider des prix de ses ressources, et exerçant un contrôle politique qui dénie aux Etats leur indépendance, allant souvent jusqu’à leur imposer des dirigeants et des politiques à mettre en oeuvre.

Une conjoncture historique favorable….

Mais l’Europe n’a pas tenu compte du lent mûrissement des consciences africaines et avait eu tort de croire qu’elle pouvait continuer à manipuler le continent et ses dirigeants. En soixante années d’indépendance, l’Afrique a donc mûri et les nouvelles générations qui portent ses rêves, par le regard neuf qu’elles portent sur les vieilles relations léonines devenus caduques, perdaient les complexes des aînés, développant un nouveau discours de la responsabilité et de la maturité. Mais c’est surtout la France qui souffrira des mutations qui s’opèrent sur le continent, elle qui, contrairement aux autres Etats européens venus en Afrique, n’avait jamais desserré l’étau contre ses anciennes colonies, continuant à avoir ce complexe de supériorité par lequel, elle voudrait croire qu’elle a un devoir naturel de commander l’Afrique, de décider à sa place. Une telle politique a fini par exaspérer une jeunesse africaine qui n’en voulait plus de cette attitude méprisante d’une France arrogante, incapable de se détacher d’une certaine appréciation racialisée de ses rapports avec le continent. Et depuis, avec des réseaux sociaux qui se sont rapidement développés, un certain discours nouveau s’est développé contre la France qui est incapable d’analyser sereinement cette appréciation nouvelle qui porte un regard décomplexé sur sa position dans la géopolitique mondiale. De manière peu pertinente, elle a fait croire que l’arrivée de la Russie sur le continent, expliquerait – comme si les Nègres sont dénués de bon sens – ce qu’elle appelle le nouveau narratif construit, selon ses supputations, par la Russie qui voudrait la dénigrer et la discréditer auprès des Africains vers lesquels elle venait vendre son image et proposer ses partenariats. Or, cette lecture décalée n’aide pas la France dans la compréhension de ce qui fait bouger les lignes dans l’acception que les Africains ont désormais de sa relation avec le continent.


L’autre conjoncture historique qui profite à l’Afrique est cette guerre en cours en Ukraine qui va certainement redessiner la carte du monde. Ceux qui ont cru qu’ils sont les plus forts pour imposer leur loi au monde entier, pourraient, à terme se rendre compte qu’ils sont tout aussi vulnérable qu’un autre et que les forces en présence dans le monde pourrait aujourd’hui s’équilibrer par le fait que, personne, quelle que soit la puissance dont il se targue, ne peut gagner une guerre et surtout parce que chacun sait qu’il aura dans une telle aventure plus à perdre qu’à gagner. Cette logique vient de ce que les moyens technologiques imposent une hiérarchisation technologique militaire peu traçable : on ne sait plus qui est le plus fort quand tous, dans le secret de leurs recherches ont conçu et développé de nouvelles armes qu’ils ne mettent pas sur le marché de l’armement. Ainsi, dans cette guerre où chacun a peur de l’autre malgré certains discours guerriers que l’on peut entendre ici et là, les uns et les autres ayant conscience de ce qu’aller dans une guerre aujourd’hui pourrait exposer le monde à de graves dangers que les deux dernières guerres mondiales n’auraient pas fait courir à l’humanité, savent aussi être raisonnables. On voit bien que tous se méfient, même comptant sur une Amérique qui serait le gendarme du monde sur lequel l’Europe compte, d’aller dans une guerre ouverte avec Poutine, redoutant que le pire ne puisse advenir surtout quand on sait que dans cette guerre, usant de ses armes, Poutine, n’a pas encore montré toutes ses forces, parce que certaines de ses armes, n’ont pas encore été utilisées, attendant sans doute que l’autre monde le défie, et lui déclare la guerre, pour enfin s’en servir à terroriser le monde occidental à qui il veut faire la leçon. D’ailleurs, sur les médias français, on peut lire ces prudences d’analystes avertis qui peuvent dire qu’il y a de gros risques à s’aventurer dans un conflit qui risque d’être mondial et ravageur pour l’humanité. Sur ce plan, la guerre de la Russie, apparait pour certains comme une guerre des pauvres qui pourraient trouver là le moyen de s’affranchir de l’ancien monde et reconfigurer les rapports entre les blocs et entre les nations du monde.

L’image que l’on a de la France sur le continent ne fait pas de la bonne publicité pour le pays d’Emmanuel Macron. La faute est sienne surtout quand on sait que, contre ses annonces, il ne put ʺdéfrançafricaniserʺ, ainsi qu’il le promettait, les relations avec le continent qu’il reconnaissait lui-même inconvenantes à l’époque. Au contraire, le paternalisme s’est renforcé et les Africains avaient fini par en être sidérés. Mais peut-être que la France a compris que sa lecture est erronée et qu’il fallait « changer de logiciel » comme le président français, Emmanuel Macron lui-même le dit ces derniers jours. En tout cas, depuis quelques jours l’on apprend que la France est en train de concevoir une nouvelle stratégie de son partenariat militaire avec l’Afrique, promettant de repenser sa présence militaire depuis que l’on parle d’après Barkhane.

En vérité, tout le monde a compris que l’Afrique, par les richesses immenses dont regorge son sous-sol, est aujourd’hui au coeur des convoitises du monde et de tous les complots. Il est dommage que l’Afrique ne sache pas qu’elle est riche, que l’avenir du monde, en partie, dépend de ce que ses richesses peuvent modifier la marche du monde, et impacter sa modernité prochaine. Bien de technologies dépendront de la disponibilité de bien de ressources pour lesquelles, depuis quelques années, déstabilisée au moyen d’un terrorisme téléguidé, des puissances l’ont investie, lui proposant leurs services militaires, alors qu’en vérité, l’objectif visé et de trôner sur ces richesses, et donc revenir pour encore exploiter l’Afrique pour ne lui laisser après que des terres invivables et de la misère. Le Sahel surtout est riche de ces ressources et notamment de ces métaux précieux et rares. Ces richesses lui valent ces malheurs de ces dernières années. C’est sans doute pourquoi, dans un panel sur France 24 Cyril Payen dit que « L’Afrique est centrale », c’est-à-dire qu’elle est aujourd’hui au centre de bien de convoitises et ce à un moment où la France, par son égo, voudrait la garder à elle seule alors même qu’elle ne sait pas prendre soin de cette Afrique qui ne garde d’elle que de mauvais souvenirs. L’Afrique veut diversifier ses partenaires et à travers des clauses qui fassent une part belle à ses intérêts. Cyril Payen ajoutera d’ailleurs, pour justifier ce nouvel intérêt pour l’Afrique qu’ « Il y a beaucoup de monde en Afrique » et la France ne peut qu’avoir tort d’en vouloir à la seule Russie quand beaucoup d’autres, plus discrètement, vivent leur nouvel amour avec l’Afrique, pour les mêmes ressources visées mais avec des partenariats moins léonins.

On pense d’ailleurs que cette situation place la France dans un désarroi qui l’empêche d’avoir de la lucidité dans le regard qu’elle porte sur le continent. Le rapprochement calculé avec l’Algérie, les doux yeux faits aux autorités nigériennes, le coaching de Ouattara, la nomination d’Itté au Niger qui semble être pour la diplomatie française un désastre, le renvoi de Jean Yves le Drian n’auront rien arrangé au sort de la France car cette Afrique, c’est une nouvelle jeunesse qui rêve gros pour le continent, récusant les servilités assumées par des aînés qui ont trop peur d’assumer la souveraineté de nos Etats.
On apprend d’ailleurs que le président français, du 1er au 5 mars, entreprendra une tournée africaine qui le conduira en Afrique centrale, précisément au Gabon, en Angola, au Congo et en République Démocratique du Congo. Va-t-il pour empêcher que le syndrome malien ne se propage sur cet autre espace ? Peut-il oublier que le Gabon d’Ali Bongo, avait déjà mis son clignotant, partant vers un Commonwealth plus respectueux des relations d’Etat à Etat. Pourra-t-il reconquérir un Gabon qui s’est éloigné de la France depuis des années et qui a appris à douter de la France et de ses franchises en partenariat ?


La France, va-t-elle perdre l’Afrique
C’est le plus grand drame qui risque d’arriver à la France. Et elle l’aura bien mérité elle qui a refusé d’écouter les peuples pour n’avoir de conversation qu’avec des dirigeants peu en phase avec les peuples. Les peuples sont déjà loin dans leurs choix et ce d’autant qu’ils ont compris les enjeux de leur nouvelle libération. Leurs ressources doivent leur profiter au lieu de rester à n’être que des consommateurs, un marché potentiel pour l’économie occidentale, pour son industrie. Comment peut-on comprendre qu’une Afrique ne sache même pas traiter son eau pour la vendre et n’avoir de solution que d’inviter des sociétés étrangères à venir exploiter leur eau ? L’Afrique, devrait-elle être si nulle à ce point, et ce après plus de soixante ans d’indépendance pour ne même pas savoir vendre de l’eau ?
L’Afrique revient donc et elle a compris que l’heure est venue pour elle de se repenser, de se regarder, de croire en elle-même. Tout le monde a compris que face à tant de convoitises, l’Afrique doit apprendre à avoir confiance en elle-même. Qui ne sait pas que si le Niger par exemple est bien géré, dans les dix prochaines années, ce pays sera un pays merveilleux qui étonnera la terre entière ? Bien de responsables de la Banque Mondiale le savent mais ils n’osent pas le dire car cette institution, telle qu’elle est conçue, ne vient pas nous aider à aller de l’avant mais à trouver les moyens de renforcer notre dépendance.
Les Nigériens, et sa jeunesse surtout, doivent se lever, et défendre leur avenir sinon, ils n’en auront plus. C’est d’un impératif historique qu’il s’agit. Si on leur prend leurs dernières ressources, c’en est fini pour eux !

Par Waz-Za