Le Général à la retraite Moumouni Boureima dit Tchanga est finalement sorti de prison le 1er mars dernier, soit 4 mois après la liberté provisoire qui lui a été accordée le 28 octobre 2022 par la justice en première instance. Le Général Tchanga est poursuivi par la justice en compagnie d’autres personnalités politiques dont l’autorité morale du parti Moden Fa Lumana Hama Amadou, Seydou Tahirou, un éminent cadre dudit parti, etc., pour ‘’complicité de dégradation de biens publics et privés, incitation à la violence et à la haine ethnique, propagande régionaliste, propos à caractère raciste’’ suite aux violences postélectorales qui ont éclaté à Niamey après la proclamation des résultats globaux provisoires du 2e tour des élections présidentielles par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) donnant le candidat Bazoum Mohamed vainqueur, rappelle-t-on. En dehors des personnalités politiques, quelque 468 personnes seront aussi interpellées dans la rue parmi lesquelles des innocents qui s’étaient retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Après quelque 17 mois d’incarcération, le Général Tchanga et ses compagnons d’infortune comparaitront à la barre le 28 octobre 2022 pour un procès qui débouchera sur l’accord d’une liberté provisoire pour tous, à l’exception du président Hama Amadou, absent du pays pour cause sanitaire. Aussitôt la décision rendue, le parquet s’opposera à la remise en liberté du Général Moumouni Boureima uniquement. Ce qui n’a pas manqué de choquer au sein de l’opinion nationale où l’on a perçu l’attitude du parquet comme un acharnement inexplicable contre le Général à la retraite, qui est désormais libre de ses mouvements mais très affaibli par la longue détention. Dans ce dossier judiciaire relatif à la crise postélectorale, il ne reste plus finalement que l’autorité morale, Hama Amadou, à n’avoir pas comparu à la barre pour les motifs indiqués ci-haut. Depuis qu’il a été autorisé pour une quinzaine de jours à aller en France pour ses soins, il n’est plus revenu au pays. Une absence prolongée qui ne préoccupe guère le président Bazoum et les siens. Bien au contraire, ils s’en accommodent même, préférant qu’il continue à vivre en exil que de rentrer au bercail pour retrouver sa cellule de prison. Avec tout cela peut comporter comme risque de reprise des hostilités dans l’arène politique, alors que le régime est confronté ces dernières années à une multitude des crises qu’il n’arrive pas à juguler. La plus grave, c’est bien évidemment cette crise sécuritaire liée au terrorisme qui endeuille régulièrement des familles nigériennes et installe de nombreuses familles dans une détresse indicible. A cela est venue se greffer cette grogne sociale qui monte progressivement, du fait notamment de l’indifférence du régime face à la flambée débridée du coût de la vie et le nonrespect de ses engagements visà- vis des partenaires sociaux, en l’occurrence les syndicats des travailleurs qui ont décidé de déterrer la hache de guerre pour croiser le fer avec le gouvernement. Si le front politique s’invite aussi dans la danse dans ce contexte déjà suffisamment difficile, ça sera le coup de massue de trop pour un régime qui peine à apporter des solutions aux préoccupations des populations citadines comme rurales. Ceci étant dit, cette liberté provisoire accordée à Tchanga est perçue par certains analystes politiques comme une volonté de Bazoum de décrisper totalement l’atmosphère politique. Ce qui n’est vrai ! Les personnalités politiques emprisonnées relativement aux remous qui ont été enregistrés à Niamey ne devraient même pas l’être. Les propos qu’elles ont tenus pendant la campagne électorale n’ont pas un caractère aussi gravissime. Ils avaient juste servi d’alibi pour les renaissants, qui avaient déjà annoncé les couleurs à travers une sortie médiatique du Procureur de la République de l’époque, avant même la proclamation des résultats provisoire. Inventer des choses parfois surréalistes contre les opposants et les acteurs associatifs dérangeants pour les jeter en prison pendant un moment avec le saupoudrage de l’appareil judiciaire une stratégie fortement prisée par les Tarayyistes, qui ne veulent entendre aucune voix dissonante par rapport à leur gestion de l’Etat. N’est-ce pas grâce à cette stratégie inique et le concassage des partis qu’ils sont finalement parvenus à réduire l’opposition au silence total ? Ils n’ont plus aujourd’hui en face d’eux des adversaires politiques de taille, c’est désormais à l’interne que les rivalités se manifestent entre un président de la République qui cherche à imprimer sa marque à la gouvernance et des caciques qui veulent lui imposer la conduite à tenir. Combien de temps parviendront- ils le maintenir dans leur étau ? Nul ne saura le dire !

O.I