La France exagère, vraiment et il faut bien qu’elle apprenne notre pays, notre peuple et les autorités dirigeantes. Juste au lendemain de la visite du chef d’Etat-major général des Forces armées nigériennes au Mali, la France a dépêché à Niamey une délégation militaire, pas gouvernementale pour rencontrer le Président Bazoum et avoir des discussions avec la partie nigérienne. Une mission qui confirme, si besoin est, que la France n’a aucun respect pour le Niger. Les autorités nigériennes ont-elles un compte à rendre à la France ou une autorisation à demander au préalable à la France avant de faire quoi que ce soit ? La visite du chef d’Etat-major des armées françaises, le samedi 11 mars 2023, est une autre insulte au peuple nigérien qui n’a pas encore oublié celle que l’ambassadeur français, un certain Sylvain Itté, a faite au Niger en déclarant que même l’eau que nous buvons est européenne, pour ne pas dire française, en référence à Bolloré qui, depuis plus d’une décennie à travers Vivendi, a la haute main sur la société des eaux du Niger.

Une question s’impose dans cet exercice de vérité : la France n’a-t-elle pas raison de nous demander des comptes ? Comment voulez-vous bâtir une coopéation militaire avec le Mali alors que vous hébergez et offrez tout à la même France que, hier encore au sommet des non alignés, le pays d’Assimi Goïta a dénoncé d’être un soutien et actif des terroristes ?

La coopération militaire avec la France, du reste infructueuse et insincère, doit-elle empêcher au Niger de prospecter d’autres voies ?

À quoi sert la présence militaire française lorsque, à l’exclusion de ce dont elle est accusée, elle croise les bras et ferme les yeux sur le massacre des Nigériens dans des régions où elle est massivement installée ? À quoi sert-elle et qu’a-t-elle prouvé jusqu’ici, sinon d’avoir tiré facilement et sans état d’âme sur des Nigériens, notamment à Téra ?

À défaut de les chasser du Niger, il est grand temps pour les autorités nigériennes de tenir un langage de vérité aux autorités françaises afin qu’elles comprennent que nous n’avons pas la même compréhension de l’amitié, et de la fraternité et de la coopération militaire. Le peuple nigérien a des valeurs et il ne les retrouve pas dans l’amitié française en matière de sécurité et de défense.

Le Niger est un pays souverain et la France doit le comprendre, l’admettre et le respecter en tant que tel. La délégation militaire française qui est venue à Niamey le samedi passé et qui a continué jusqu’à Ouallam est manifestement en train de prêcher dans le désert. Selon la propagande distillée à l’occasion sur les réseaux sociaux où la France pense être la victime innocente d’hommes et de femmes au service d’un certaine Russie, les Forces armées nigériennes, les leaders religieux et coutumiers auraient reconnu et martelé la contribution de qualité de l’armée française dans la stabilisation de la région et la sécurité. De qui se moque-t-on pour chercher à faire croire que l’hippopotame vole ?

La France aide à sécuriser le Niger tandis que France 24, une télévision dont le capital est en majorité détenu par l’Etat français, réussit à faire une interview exclusive du chef d’Alqaida au Maghreb islamique au Sahel (Acqmi), Abou Obeida Youssef al-Annabi. Une interview diffusée à dessein dans un contexte où la France est abondamment accusée d’avoir des atomes crochus avec les terroristes. Peut-elle servir une meilleure confirmation ?

La France aide à sécuriser le Niger alors que ce sont, rien que dans les communes de Torodi et Makalondi, 16 193 personnes, soit 2 602 ménages, qui ont été forcées de se déplacer. N’estce pas écoeurant dans une région de Tillabéry où il y a plus de soldats français que de militaires nigériens ?

La France aide à sécuriser le Niger alors que ce sont, en août 2022, 77 919 enfants, dont 38 394 filles, qui sont dans l’impossibilité d’exercer leur droit à l’éducation à cause de la fermeture de leurs écoles pour cause d’insécurité.

La France aide à sécuriser le Niger alors que des bandes armées se déplacent à leur aise avec des colonnes entières de motos et de véhicules lourdement armés, tuent, incendient, volent le bétail. Les drones de surveillance français en territoire nigérien servent à quoi pour le Niger ?

Il faut se dire la vérité et dire à la France qu’elle a échoué dans sa mission et qu’elle rendrait un énorme service au Niger en nous laissant seuls face aux terroristes. Les Nigériens n’ont pas besoin de cette coopération sans âme dont nous ne tirons que larmes et douleurs interminables. La France, selon toute vraisemblance, est incapable de se remettre en cause. Son expertise, c’est de nourrir de faux espoirs à travers des discours et des subterfuges qui n’ont jamais fait varier le fond de ses rapports avec nos pays. Elle de si bonnes raisons de penser que nos protestations, nos dénonciations et nos révoltes ne sont que de vaines tentatives sans lendemain puisqu’elle a réussi à «doucher» plein d’initiatives pourtant salutaires pour nos pays. Il y a l’affaire de la monnaie unique, un combat vital pour nos pays que la France a réussi, grâce au soutien actif de gouvernants africains, à faire avorter. Il y a, pour notre pays en particulier l’affaire de la mine d’Imouraren que la France, après tant de gesticulations pour l’avoir, a mis ensuite en hibernation selon ses seuls et uniques intérêts. Il y a la remise en cause de la loi minière par Issoufou Mahamadou, une loi que la France n’a jamais digérée et qu’elle a trouvé en Issoufou le Nigérien qui l’a fait abroger pour les seuls et uniques intérêts de la Métropole. En un mot, il y a tant d’épreuves que la France a réussi, grâce aux bons offices et aux services d’Africains, à surmonter avec bonheur qu’elle ne peut comprendre que le langage de la rupture. La France n’a aucun respect pour le Niger, encore moins ses populations. La France ne veut que ce que le Niger possède. Telle est la vérité.

La sécurité intérieure du Niger ? Les autorités nigériennes, au premier desquelles Bazoum Mohamed comme dirait l’autre, doivent se rendre à l’évidence : il vaut mieux se battre sans la France qu’avec la France.

BONKANO