D’autres sociétés ‘’mafieuses ‘’ tapent à la porte de la Présidence ? Il y a quelques jours, dans un article intitulé « Enquête sur le projet de carte biométrique au Niger : des manigances douteuses sous l’ombre du Président de la République », nous informions l’opinion sur les tractations souterraines d’IDEMIA et de l’Imprimerie Nationale de France qui useraient de proximités avec certains acteurs du cabinet du président de la République pour se faire octroyer le marché de la nouvelle carte d’identité nationale biométrique au Niger. Nous y avons relevé, par nos enquêtes, que ces deux sociétés, pour les mêmes types de marchés, ailleurs en Afrique, avaient été accusées de corruption. Pour cette raison, nous alertions sur des manoeuvres qui pourraient se faire en usant des mêmes moyens corruptifs qui pourraient privilégier les sociétés que nous évoquions. Mais, nous apprenons que d’autres sociétés seraient dans les mêmes démarches, cherchant les voies et moyens de postuler pour le même marché qu’elles voudraient rafler, non sans recourir, l’imagine-t-on, aux mêmes pratiques et, ce, d’autant qu’elles-mêmes ne devraient pas être plus cleans. Nous évoquerons ici Semlex, Zetes belge, Colesseum Hongrie qui auraient écrit à l’État du Niger pour manifester leur intérêt pour le marché.
Semlex
Sur une page publiée par Philippe Engels en avril 2018 sur le site de Médor web, l’on apprend des perquisitions chez Semlex où de « mauvais papiers », compromettants pour la société belge, auraient été découverts. De cette enquête de police, l’on apprend sur le site des « Soupçons de corruption au Congo, blanchiment d’argent sur [le] sol [belge] : la firme Semlex, établie à Uccle, a été perquisitionnée [le] mercredi 17 janvier.
Les champions belges du passeport africain y ont reçu la visite intrusive de la police. Une dizaine d’enquêteurs ont poussé la porte du 384, avenue Brugmann, à Uccle, vers 9 heures du matin. Les perquisitions ont visé aussi le domicile de l’administrateur délégué Albert Karaziwan, né en Syrie, vivant à Watermael-Boitsfort. Ceci a été confirmé par le parquet fédéral. Selon nos informations, la justice belge cherche à établir et à tracer les circuits de commissions qui auraient été payées à des officiels congolais lors de la signature d’un contrat de livraison de passeports biométriques à la République démocratique du Congo, présidée parJoseph Kabila ».
C’est sur la trace d’Adrupiako que semblent lancés les policiers belges, suite à la bourde d’un de ses porteurs de valise, le distrait Engo Nkanda, pincé à l’aéroport de Bruxelles-National en possession de 400?000 dollars d’argent cash, il y a deux ans. A qui ces billets étaient-ils destinés?? ». Semlex, par de telles pratiques, n’est donc pas à conseiller à un Etat qui veut promouvoir la bonne gouvernance. Dans un article RFI, en date du 05/ 01/2018, peut-on lire qu’à la cérémonie d’investiture en Mai 2016, le Président des Comores, Arali Assoumani, est revenu sur l’affaire Semlex qui fabrique des pièces d’identité biométrique dans la tourmente, accusé d’avoir vendu des passeports à des proches du milieu terroriste. Le Président n’exclut pas une action en justice. Il faut bien comprendre que Semlex a vendu des passeports comoriens sans aucune autorisation ni aval du gouvernement comorien, un acte très grave pour la souveraineté du pays. En 2012, le parquet de Bruxelles avait été alerté à cinq reprises par la Cellule de traitement des informations financières (CTIF), luttant contre le blanchiment d’argent sur le territoire belge, quant aux activités de Semlex en Afrique. Il n’y avait pas eu de véritable investigation judiciaire.
Il y a d’autant plus à s’en méfier que Semlex n’est pas que dans la biométrie. Cette société à tout faire, est également citée dans d’autres affaires d’achats d’armes dans un pays africain, notamment en Côte d’Ivoire, pendant la crise postélectorale qui avait secoué le pays au profit de Laurent Gbagbo, « en violation de l’embargo des Nations- Unies » ainsi que le rapportait Mathieu Olivier de Jeune Afrique en décembre 2020.
Elle est aujourd’hui sous le coup d’une enquête judiciaire en Belgique et soupçonnée de corruption et de blanchiment d’argent dans le cadre d’un contrat de production de passeports en RD Congo, lequel n’a pas été renouvelé ».
Ce sont des ONG anti-corruption, 51 au total, constituées partie civile, qui saisissaient, malgré le droit de réponse d’Olivier Bazin, la justice belge, un peu comme des Nigériens l’ont fait dans d’autres affaires devant la Justice française. Ce regroupement d’ONG, pour justifier son engagement, aura alors comme slogan : « Le Congo n’est pas à vendre ». Et la justice belge a donné, contrairement au cas nigérien, en tout cas jusqu’ici, un avis favorable à la plainte des organisations congolaises. Ainsi, l’on apprend, qu’à Bruxelles, le parquet fédéral belge a confirmé à l’AFP qu’un juge d’instruction enquêtait depuis trois ans sur des soupçons de fraude visant cette société. Pour la société civile congolaise, le contrat avec Semlex ne saurait être renouvelé tant que l’enquête en cours ne la blanchit pas des accusations qui sont portées contre elle.
-France TV de renchérir le 13/01/ 2018, Semlex - Comores un vaste trafic de passeport diplomatique démantelé. 2800 passeports diplomatique des Comores ont été délivrés entre 2008 et 2016. Chiffre étonnant pour un pays de 800.000 habitants. L’entreprise Belge Semlex qui s’occupe de la délivrance de passeport biométrique est dans le viseur de la justice.
En plus, on apprend, par Africa News du 14/04/2007 dernière mise à jour, qu’un allier de Kabila a reçu un paiement de 700.000 dollars lié à l’accord de passeport biométrique de 2015.
Et, selon OCCRP (organized crime and corruption reporting projet), Semlex Groupe a versé à un ancien haut fonctionnaire du gouvernement Malgache au moins 140.000 Dollars.
L’ORCCP a déjà révélé comment l’entreprise à soudoyé des hauts fonctionnaires pour obtenir des contrats avec l’ancien dictateur gambien Yahya Jammeh et a aidé un important négociant en pétrole à payer des pots de vin pour gagner des affaires en République du Congo.
Le passeport le plus cher de l’Afrique Semelex – Congo est à 185 dollars alors que même le passeport américain coûte 110 dollars.
Zetes
Zetes devant la justice Belge, publié par la libre.be en date du 23/03/ 2016
Selon ANC, sur la base d’un examen mené avec quatre autres parties, il dit avoir détecté de graves anomalies dans le fichier électoral établi par Zetes pour les élections au Togo.
Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition et principal rival du président sortant, Faure Gnassingbé, à cette élection, a porté plainte à Bruxelles contre la société belge ZETES, chargée des opérations de révision des listes électorales au Togo, pour « faux en informatique et usage de faux ». L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a envoyé récemment une mission d’experts à Lomé, afin d’aider la CENI à travailler sur le fichier. Le hold-up électoral de « Joseph Kabila » du 28 Novembre 2011 a eu une répercussion judiciaire en Belgique, le jeudi 14 Février 2013.
Un autre scandale au Congo Kinshasa publié par allafrica.com du 18 Décembre 2022, plaintes déposées devant la justice Belge par une ONG de droit belge par complicité de Fraudes électorales, Congo-Kinshasa : Zetes Industries devant la justice belge !
La prospérité (Kinshasa) indique dans son article que Zetes Industries, fournisseur des kits électoraux aux commissions électorales congolaises (CEI et CENI), est poursuivi pour “complicité dans la fraude électorale observée lors des scrutins du 28 novembre 2011, en RDC. La plainte a été déposée devant la justice belge par Aprodec asbl, une ONG de droit belge qui reproche à la S.A Zetes, une des filiales de Zetes Industries, de n’avoir pas fait le nettoyage et le dédoublonnage du fichier électoral. La notification de cette comparution a été faite le 30 novembre 2012. La première comparution est intervenue le 6 décembre, devant le tribunal de commerce belge siégeant en référé, à Bruxelles.
COLESSEUM, ANY Hongrie
Selon nos investigations, cette dernière est une petite entreprise qui n’a aucune expérience internationale. La Hongrie est un pays de l’Europe de l’Est. Selon le journal le Monde du 31 Janvier 2013, la Hongrie glisse au dernier rang des pays de l’UE du classement de Transparency International. L’annonce du classement intervient alors que l’Union Européenne bloque quelques 12 milliards d’euros de fonds réservés à Budapest dans l’attente de réformes visant à endiguer la corruption.
Autant dire que les autorités nigériennes se doivent de faire très attention dans l’octroi de ce marché de carte d’identité biométrique afin d’éviter de tomber dans des situations regrettables. Il faut donc craindre, que sous Bazoum qui aspire à gouverner autrement, différemment donc, qu’un certain sérail qui s’agite autour de lui, ne cultive les mêmes pratiques qui pourraient éclabousser le régime, et ternir l’image du régime qui souffre déjà du passif d’un héritage qu’il a choisi de protéger et d’assumer, à ses risques et périls. En tout cas, il y a à s’informer sur la horde de sociétés qui pointent le nez sur le pays pour vouloir s’accaparer du marché de la carte d’identité biométrique.
Ali Soumana