Les relations entre les Nigériens vivant en Turquie et l’ambassadrice du Niger ne sont pas au beau fixe. Loin s’en faut. C’est du reste ce qui ressort de leur déclaration du dimanche 05 mars 2023. En effet, ce jour, les Nigériens vivant en Turquie, réunis au sein de l’Association des nigériens en Turquie (ANT), ont organisé une assemblée générale en vue d’analyser la situation peu reluisante qu’ils vivent en Turquie. Une situation qui se caractérise par des difficultés de deux ordres : les difficultés liées à l’obtention du permis de séjour et le comportement peu amène de l’ambassadrice du Niger en Turquie. A l’issue de cette assemblée générale, ils ont rendu publique une importante déclaration. Ils ont d’abord présenté leurs condoléances aux peuples turcs et syriens suite au séisme qui a endeuillé, en février 2023, ces deux pays. Ils n’ont pas manqué, dans le même registre, de présenter leurs condoléances au peuple nigérien, aux compagnons d’armes et aux familles des militaires nigériens tombés sur le champ d’honneur, sous les balles des terroristes.

Les Nigériens vivant en Turquie ont, ensuite, fait la genèse et l’évolution de leur association qui est « la plus grande organisation de Nigériens vivant en Turquie ». D’abord Fédération des nigériens à Istanbul (FNI), elle est devenue UTCNT pour prendre en compte « l’ensemble des nigériens vivant en Turquie suite à une adhésion massive de nos compatriotes ». Elle regroupait dès lors « des travailleurs et commerçants Nigériens », avant de prendre sa forme actuelle, Association des nigériens en Turquie (ANT), avec l’adhésion de l’ensemble de la communauté nigérienne vivant en Turquie ». Dès réception de sa lettre d’approbation par l’Ambassade du Niger en Turquie, le 10 avril 2018, les membres de la structure ont jugé utile de renouveler le bureau exécutif afin que ce bureau, nouvellement investi, s’attèle à prendre en charge les difficultés rencontrées par ses membres, autrement tous les Nigériens vivant en Turquie, en vue de leur chercher solution. Une assemblée générale fut convoquée à cet effet par le bureau sortant, le 13 mars 2022, sous la direction de Hama Halidou, vice président, le président étant absent du territoire turc. A l’entame des travaux, le bureau sortant a démissionné dans le respect de la procédure et un comité provisoire fut mis en place pour organiser le renouvellement du bureau, au cours d’une élection libre et transparente, la première dans l’histoire de l’organisation des nigériens en Turquie. Un appel à candidature fut lancé, et les élections ont eu lieu, en bonne et due forme, le dimanche 27 mars 2022. L’élection qui s’est « déroulée dans le calme et la sérénité avec 210 votants » a consacré la victoire de Nourou Elh Amadou au poste de président avec 118 voix contre 92 pour son challenger, Mamoudou Sadou Mounkaila. Ce dernier, en bon challenger perdant, a d’ailleurs « reconnu sa défaite et félicité le président élu ». Ce qui n’est pas étonnant puisque l’Association des nigériens se veut « un haut lieu de promotion de la démocratie, de la cohésion et de l’union des Nigériens en Turquie autour des idéaux comme : l’unité, fraternité, solidarité et faire la promotion du Niger sur le territoire turc ». Mais, cela ne signifie pas que les nigériens en Turquie ne rencontrent pas de difficultés. Bien au contraire. Il y a d’abord les difficultés liées au pays d’accueil qui se résument principalement au permis de séjour dont l’obtention n’est pas une mince affaire. Et l’absence du permis de séjour conduit aux arrestations massives des nigériens, leur déportation et leur emprisonnement. A cela s’ajoute le comportement peu aimable de l’ambassadrice du Niger en Turquie qui se traduit par : une confusion sciemment entretenue dans l’octroi des cartes consulaires, le favoritisme dans les procédures de renouvellement des documents administratifs, une rupture d’égalité dans l’accès aux services de l’ambassade et le refus de reconnaitre l’Association des nigériens en Turquie par l’ambassadrice. Les membres de l’Association ne comprennent pas et dénoncent cette catégorisation des nigériens par l’ambassadrice du Niger en Turquie qui ne fait qu’à sa tête et en fonction de la tête de ses compatriotes. Ils dénoncent également le refus de l’ambassadrice de rencontrer ses compatriotes réunis en association en vue de prendre en charge leurs problèmes. En lieu et place, l’ambassadrice s’emploie, selon eux, à « entretenir et créer la discorde et la mésentente au sein de la communauté nigérienne », pour la simple raison que le président démocratiquement élu de l’ANT « dans un processus démocratique et inclusif » n’est pas « celui qu’elle aurait voulu voir à la tête de cette organisation ». Ce dictat, les nigériens vivant en Turquie ne l’entendent pas l’accepter. C’est pourquoi ils en appellent au Conseil des nigériens à l’extérieur pour aider l’ANT dans l’accomplissement de sa mission ; au ministre des affaires étrangères de bien vouloir attirer l’attention de l’ambassade du Niger en Turquie sur « son rôle et le respect des droits des nigériens » et d’intercéder auprès des autorités turques « pour la résolution du problème de permis de séjour » ; et enfin au président de la République, tout en saluant son action depuis qu’il est à la tête du pays, qu’ils informent de toutes les pratiques peu orthodoxes « en cours à l’ambassade qui ne garantissent pas les bien-être et la cohésion des nigériens à l’extérieur ». Vivement que ces différents appels ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd.

Bisso