Sous l’égide de la CEDEAO, le Niger a organisé hier matin au Centre International de Conférence Mahatma Gandhi de Niamey, un forum des ministres en charge de la Sécurité des pays membres de l’organisation. Placé sous le thème, « la police face au terrorisme en Afrique de l’Ouest », cet important évènement intervient en marge des travaux de la 17ème Assemblée générale annuelle du comité des Chefs des polices de l’Afrique de l’Ouest. Il intervient également après deux journées d’intenses travaux des comités des chefs des polices et des chefs des services de sécurité dans le cadre du mandat de coordination des activités liées à la sécurité de notre sous-région. Les travaux de ce forum régional ont été placés sous les auspices du Premier ministre, Chef du gouvernement, SE Ouhoumoudou Mahamadou. L’ouverture des travaux a été marquée par la présence de plusieurs personnalités.
A l’ouverture de ce forum, le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, a relevé que nos pays doivent tenir compte du caractère transnational du phénomène du terrorisme et du crime organisé, des modes opératoires des groupes terroristes et de leurs capacités de résilience. « L’insécurité dans les pays du Sahel et les zones côtières d’Afrique de l’Ouest doit être appréciée comme un enjeu de sécurité mondiale. En effet, l’Océan Atlantique est considéré comme un lieu de transit entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique», a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a entre autres précisé que, le Sahel constitue la frontière entre l’Afrique et l’Europe. « De notre expérience de dix années de lutte contre le terrorisme et le crime organisée nous retenons qu’aucun Etat ne peut réussir de manière isolée. La mutualisation des forces et des ressources, le partage d’information et le soutien de tous les pays amis constituent la réponse la plus efficace et durable contre ces menaces », a-t-il reconnu.
Selon le Premier ministre, dans le bassin du lac Tchad ou sévit Boko Haram et l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest, les pays affectés à savoir le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Niger enregistrent des succès importants dans la lutte contre le terrorisme grâce à la mutualisation de leurs forces et le partage d’information à travers la Force Multinationale Mixte qu’ils ont mise en place. « Dans la zone des trois frontières, plusieurs opérations communes menées dans le cadre de la force conjointe du G5 Sahel et des collaborations bilatérales ont produit des résultats probants, se traduisant par la neutralisation de plusieurs terroristes et la destruction de leurs plots logistiques », a-t-il expliqué.
Fort de ce constat, le Premier ministre a indiqué que les Etats membres de la CEDEAO gagneraient à rendre opérationnelle la stratégie de lutte contre le terrorisme dans l’espace de la Communauté en mettant un accent particulier sur la mutualisation des forces et des moyens y compris le renseignement. « Les pays du Sahel constituent une digue de protection pour les pays côtiers, n’attendons pas que cette digue cède avant d’agir car ce sera trop tard », a-t-il dit.
C’est pourquoi, le premier ministre a souligné l’urgence de faire en sorte que le Plan d’Actions Prioritaires de la CEDEAO pour la période 2020-2024 soit révisé et opérationnalisé dans toutes ses composantes que sont la mutualisation des efforts et la coordination des initiatives de lutte contre le terrorisme, le partage effectif et direct des informations et des renseignements entre les services de sécurité des Etats membres, la formation et l’équipement des Forces de Défense et de Sécurité à la lutte contre le terrorisme, le renforcement de la gestion et du contrôle sécuritaire aux frontières terrestres, aériennes, maritimes et fluviales, le renforcement du contrôle des armes et des produits sensibles à usage multiple, la lutte contre le financement du terrorisme, la promotion de la communication, du dialogue intercommunautaire et la prévention de l’extrémisme violent et la mobilisation des ressources pour financer la lutte contre le terrorisme dans l’espace CEDEAO.
Auparavant, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, M. Hamadou Adamou Souley a, souligné la pertinence du thème choisi car la sous-région fait face aux multiples défis sécuritaires. « Ces défis se caractérisent par la récurrence d’attaques terroristes dans la zone sahélo-saharienne, des attaques qui s’étendent progressivement vers les pays du Golf du Guinée voire l’Afrique centrale. Face à la montée du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée, la mutualisation de nos ressources devient un impératif pour nos Etats », a-t-il ajouté.
Le ministre en charge de l’Intérieur a dit que le présent Forum en tant que cadre d’échange doit être l’occasion de définir des meilleurs mécanismes pour une collaboration plus soutenue entre nos forces de sécurité et nos services de renseignement en vue d’endiguer le phénomène du terrorisme et du crime organisé. Il a espéré que ce forum de Niamey sera le point de départ d’une synergie d’actions plus large, plus entretenue contre le terrorisme et le grand banditisme dans notre espace.
Pour sa part, le Commissaire aux Affaires Politiques, Paix, et Sécurité de la CEDEAO l’ambassadeur Abdel-Fatau Musah a dit que la question de sécurité occupe plus de 55% des activités de la CEDEAO à travers l’organisation de plusieurs réunions dans ce sens. Selon lui, la réponse de la CEDEAO à ce phénomène s’est aussi traduite par la déclaration de politique commune et la stratégie commune contre le terrorisme de la CEDEAO et le plan d’action pour l’éradication dudit phénomène. « Des réflexions sont en cours pour la création d’une force anti-terrorisme mais aussi sur les modalités de mobilisation de 2,5 milliards de dollars dont un milliard mobilisé à travers la contribution de pays membres », a-t-il annoncé.
Par Mamane Abdoulaye(onep)
Source : http://www.lesahel.org