Les perspectives d'avenir n'ont jamais été aussi sombres.
La croissance malgré une embellie de 4,6% reste fragile.Le solde des échanges extérieurs est déficitaire du fait de la baisse des cours des matières premières,uranium et pétrole exportées par le Niger.
La réalisation du programme économique du pays depend à plus de 40% des financements extérieurs. La dégradation du déficit devrait se situer entre 7 et 8% du PIB pour 2017 avec une dette extérieure de plus de 34% du PIB.
Malgré ce contexte de tourmente voire de banqueroute,le régime de plus en plus discrédité demeure autiste et sourd aux souffrances des populations et organise le bradage des biens du Niger à ses amis sur fond de dérives totalitaires et kleptocratiques.
Les affaires financières impliquant des proches du pouvoir se multiplient à coups de détournements de fonds représentant des centaines de milliards de francs CFA et cela en toute impunité.


Apres le scandale de l'avion présidentiel acheté à crédit alors que 28 milliards de francs CFA (43M€) avaient été affectés à cet effet, on se retrouve aujourd'hui en plein Uraniumgate concernant la somme faramineuse de 200 Mds FCFA (300M€) transférée d'un compte public de l'Etat vers un compte privé à Dubaï.
Point commun entre les deux affaires, l'implication de proches du président Issoufou comme Mr Hassoumi Massoudi, ex ministre des finances et dircab du chef de l'Etat ou Mr Mohamed Akotey.
Le nom d'un autre ami du régime,français celui-là, circule dans ce scandale politico-financier inédit. Il s'agit de Mr Sebastien de Montessus, ex dirigeant d'Areva jugé dans l'affaire Uranim à l'origine du débarquement de la présidente d'Areva Anne Lauvergeon. Il est aussi conseiller spécial du président nigérien qui est aux petits soins pour cet ami à qui il vient d'offrir le Jackpot.


Le conseil des ministres du lundi 14 Août dernier a attribué à sa société Endeavour Mining dejà présente dans la recherche aurifère plusieurs permis pour la prospection d'uranium et de substances connexes.Le décret a été pris de façon totalement discrétionnaire, alors même que des soupçons de conflits d’intérêts mettant en cause les plus hautes autorités du pays existent dans ce dossier.
D'où le sentiment de plus en plus fort de deux poids deux mesures.
En effet dans le même temps on assiste à des répressions violentes de manifestations étudiantes notamment au campus de Niamey,ou à des condamnations et embastillements arbitraires de représentants de la société civile,des forces politiques ou des médias .
Mr Amadou Djibo Ali,président du FRDDR ,plate-forme regroupant les principaux partis d’opposition a écopé de trois mois de prison avec sursis pour des propos tenus lors d'une réunion politique.
Le journaliste Baba Alpha et Mr Ali Soumana fondateur du journal le Courrier croupissent en prison pour avoir fait leur travail en violation flagrante de l'article 67 de l'ordonnance du 4 Janvier 2010 sur la liberté de la presse qui interdit la détention provisoire en matière de délit de presse.

Ça devient une manie dangereuse pour ce régime dont le 1er ministre refuse de respecter un arrêt de la plus haute juridiction du pays,et le president d'organiser une élection partielle par crainte de la victoire de l'oposition.
On pourrait citer le non renouvellement des mandats du conseil de ville et des 5 arrondissements communaux de Niamey ou les agissements ubuesques d'une CENI ou d'une justice aux ordres discréditée depuis l'affaire Hama Amadou.
Tout cela conforte ce sentiment d'une fin de règne aux allures de forfaiture et de descente aux enfers qu'il est urgent d'enrayer.
Si le ridicule ne tue pas au Niger,les nigériens n'ont plus envie de rire aujourd'hui. Ils n'en ont même plus la force écrasés qu'ils sont par les difficultés insurmontables du quotidien et la chape de plomb d'une gouvernance de plus en plus folle.
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30 août 2017
Source : https://blogs.mediapart.fr/thierry-paul-valette/blog/290817/nigerdescente-aux-enfers