Que peuvent faire d'autre les seconds couteaux et les sous-fifres que de s'effacer devant le grand manitou en respectant sa parole comme parole divine. Les a-t-il libérés de leur servitude et pour quelles raisons ? L'on sait que, de plus en plus, notre pays est sevré de beaucoup de financements multi et bilatéraux compte tenu du piètre sort réservé à la démocratie, aux droits de l'homme et à l'Etat de droit. Et que la situation financière du pays est si catastrophique que même le paiement régulier des salaires et pécules est devenu la mer à boire pour un régime impopulaire et budgétivore. La réunion, précipitamment convoquée pour se tenir le 17 septembre par le Premier ministre occupé à assister à la cure salée d'Ingall, coïncide curieusement avec le départ du chef de l'Etat pour l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Est-ce une façon de tromper les partenaires sur la véritable situation politique qui prévaut dans notre pays ? On fait croire qu'on est pour la sérénité pendant qu'on emprisonne les opposants, les journalistes, les membres de la société et que le challenger de 2016 est contraint à l'exil. Le Primo répète toujours, comme à son habitude, la vieille chanson aux fausses paroles que " tout va bien au Niger, toutes les institutions de la République fonctionnent normalement ". Alors, pourquoi convoquer une réunion à la sauvette en prélude à la session ordinaire du CNDP, entre majorité et opposition uniquement ? Dans sa lettre, Brigi Rafini annonce clairement cette fois-ci, mais de façon enrobée, sans entrer dans les détails que " cette rencontre nous permettra d'échanger sur les conditions et les modalités de reprise du dialogue politique afin de créer un climat de sérénité et d'apaisement ". Un climat de sérénité et d'apaisement ? Pourtant, " tout va bien ", n'est-ce pas Brigi ? Sollicitation empoisonnée à laquelle l'opposition a vite fait de répondre par un Niet catégorique, déclinant l'offre à travers une correspondance en date du 16 septembre 2017. Ré- pondant au nom du chef de file de l'opposition que Brigi Rafini connait mais qu'il ne veut pas nommer, Amadou Ali Djibo dit Max, président du FRDDR a d'abord rappelé au Primo une évidence " Votre gouvernance a mis à mal les libertés publiques et la démocratie au Niger ". Et " C'est pourquoi nous avons jugé utile d'un commun accord que soit trouvé ce cadre inclusif dans lequel il serait possible de procéder à des échanges francs et sincères et qui, sur la base d'un état des lieux consensuel, devrait nous amener à convenir des modalités appropriées pour restaurer la démocratie et la confiance entre nigériens " Aussi, pensons-nous, poursuit Max, " que ce cadre de dialogue inclusif doit nécessairement être conçu et mis en service en présence des témoins sincères et crédibles. À l'issue de cette rencontre, un dispositif de suivi garantissant la mise en œuvre des conclusions de ces assises devrait être créé et doté d'un chronogramme bien établi sous la haute attention des Témoins ci-dessus évoqués ". Et pour conclure, le président du FRDDR précise que " Le format tel que suggéré par votre lettre est non conforme aux conclusions de notre rencontre, parce que non inclusif. Pour l'opposition, c'est seulement lorsque cette phase aura été franchie, qu'il serait alors loisible aux acteurs politiques de se retrouver en toute sérénité au sein du CNDP et de débattre profitablement des questions soumises à son examen ". Voilà qui est clair. L'opposition, qui a déjà boycotté plusieurs réunions du CNDP où pourtant des questions cruciales ont été discutées parce que ses exigences ne sont pas prises en compte, ne compte pas faire de la figuration ou office de simple faire-valoir. Car, manifestement, pour la Renaissance, l'opposition est cette chose avec ou sans laquelle le monde reste tel quel, et que l'on peut allègrement s'en passer. Telle est la vision des camarades, une piètre conception de la démocratie qui conduit à une démocratie au rabais. Et ce n'est pas étonnant que tous les pans de la société nigérienne soient au rabais, en particulier la santé et l'éducation, parce que tout simplement ceux qui nous dirigent manquent de vision.
22 septembre 2017
Source : Le Courrier