Ainsi, M. Boubé Ibrahim a soutenu, haut et fort, que ces élections ont été transparentes, cré- dibles et honnêtes, ignorant totalement le climat malsain dans lequel elles se sont déroulées. Comment peut-on qualifier de transparentes, crédibles et honnêtes des élections où un seul candidat, parce que disposant de l’appareil de l’État, a battu campagne pour le deuxième tour, alors que son challenger se trouvait entre les quatre murs d’une prison ? Si le président de la CENI peut répondre que son institution n’avait aucun pouvoir de sortir le candidat Hama Amadou de prison pour qu’il affronte le président sortant Issoufou Mahamadou sur le terrain, il ne peut pas convaincre les observateurs que la CENI a manifesté une quelconque gêne à conduire un processus électoral dans lequel le candidat du pouvoir s’est donné beaucoup d’avantages, dont l’utilisation des moyens de l’État au cours de sa campagne. Le président Boubé ne peut pas non plus convaincre les Nigé- riens et l’opinion internationale que son institution n’a pas aidé le pouvoir à imposer le vote par témoignage, en faisant adopter cette mesure, pourtant contestée par une partie de la classe politique, par une plénière de la CENI. A tort ou à raison, beaucoup d’observateurs estime que cette CENI avait une part de responsabilité, ne serait-ce que morale, dans les différents écueils qui ont émaillé les élections législatives et présidentiel les de février et mars 2016. Il est vrai que la CENI est placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Mais dans l’histoire électorale du Niger, il s’est trouvé une CENI dont les responsables ont refusé de faire ce que le pouvoir voulait. Il s’agit de celle de 1996 présidée par Laouali Danda. C’est vrai que cette CENI avait été dissoute et remplacée par une autre à la solde du pouvoir. Mais Laouali Danda et ses amis ont eu le mérite d’avoir tenté de protéger les droits de chacun des candidats.
Dan Lamso

29 septembre 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui