Selon le Ministre de la Justice, ‘’ après trois années de mise en œuvre de cette loi, il apparait aujourd’hui nécessaire de l’évaluer aussi bien dans ses dispositions pénales que celles liées à la protection de droits des migrants, de s’interroger sur sa conformité avec les instruments juridiques de la CEDEAO. C’est dans cette logique que s’inscrit le thème choisi cette année à savoir : « Bilan de la mise en œuvre de la loi 2015- 036 du 26 Mai relative au trafic illicite des Migrants ». Ce choix se justifie également par l’importance du flux migratoire auquel le Niger est confronté du fait de sa position géographique et de son appartenance à la CEDEAO. Face à cet engagement officiel du Président, l’incompréhension de certains citoyens sur la pertinence de cette loi ne saurait s’expliquer car le propre de toute loi (la loi contre le trafic des migrants en particulier ne déroge pas à la mesure), c’est de protéger des personnes objets de trafic, de dissuader les trafiquants, voire même de les sanctionner chaque fois qu’ils sont en situation d’infraction. Mon département ministériel, à travers l’agence Nationale de lutte contre la traîte des personnes et le trafic illicite des migrants, le ministère de l’intérieur à travers ses différents services et le ministère de la défense feront tout ce qui est nécessaire à l’occasion de cette 3ème édition pour orienter et corriger la démarche, s’il le faut des acteurs intervenant dans le domaine de la lutte contre la migration clandestine à travers des activités de formations et de sensibilisation mais avec toujours la même détermination de continuer cette lutte’’.
Agadez un pivot migratoire
Prenant la parole à l’occasion de la cérémonie de cette journée, le président du conseil régional d’Agadez M. Mohamed ANAKO a souligné que ‘’ Le choix d’Agadez pour la commémoration de cette journée n’est pas fortuit. Notre région est devenue depuis un certain temps du fait de sa position géographique le pivot migratoire par excellence vers lequel convergent et transitent les ressortissants de l’Afrique de l’Ouest et du centre, candidats à la migration vers le Maghreb et l’Europe. Source de tragédie humaine intolérable, contrariant toutes les programmations des Etats et des collectivités territoriales, la migration a d’abord des conséquences multiples et contraignantes pour nos communautés déjà assez vulnérables’’.
Le président du conseil régional d’Agadez poursuit : ‘’ Elle (Migration) constitue également un phénomène avec des défis nouveaux qui ne sont pas suffisamment pris en compte dans les outils de planification de nos collectivités. Comme vous le savez, les collectivités de la région d’Agadez sont fortement affectées par l’application de cette loi. En effet au vu du contexte socio-économique des plus moroses que connait notre région marqué par l’arrêt du tourisme, le licenciement massif opéré dans les sociétés minières, la fermeture de certains sites aurifères pourvoyeurs d’emploi et d’espoir pour des milliers de Nigériens, la baisse drastique des échanges commerciaux sur le corridor Libyen et Algérien, la mévente du bétail, la migration a été, ces dix dernières années, d’un apport considérable pour notre économie locale. Elle a contribué de manière indéniable à la stabilité du climat social de la région d’Agadez malgré l’environnement sous régional fait des risques d’insécurité majeure’’. Selon le président du conseil régional d’Agadez, ‘’ malgré leur faible capacité et une conjoncture économique difficile, les collectivités territoriales de la région d’Agadez compte tenu de leurs responsabilités et des impératifs de leur mission se sont bien engagées dans la recherche des solutions à cette nouvelle problématique depuis l’adoption des mesures législatives et réglementaires par le gouvernement Nigérien. Nous en appelons donc à l’Etat et à nos partenaires pour nous accompagner afin de faire face à ce problème complexe en vue de préserver la stabilité da région en particulier et du pays en général’’.
71 procès verbaux dont 134 personnes déférées et 109 véhicules saisis
En matière de bilan, les chiffres parlent. Selon Amadou Moussa ZAKI, procureur de la République prés le tribunal de grande instance d’Agadez, ‘’ le parquet d’Agadez a enregistré du 06 Juin 2016 à ce jour 71 procès verbaux de trafic illicite des migrants, suite desquels 134 personnes déférées, 12 classements sans suite. Cela veut dire qu’on n’a pas eu tellement d’éléments. Nous avons 59 dossiers ouverts, 33 ordonnances de renvoi en police correctionnelle. Et sur ces 33 on a 30 dossiers jugés, sur les 30 dossiers jugés nous avons six relaxes. Nous avons ainsi 59 personnes condamnées. Nous avons aujourd’hui 25 dossiers en instruction. Actuellement, les véhicules qui sont à notre disposition sont au nombre de 109. Nous avons 37 véhicules confisquées par décision de justice’’.
Il faut noter que ce résultat enregistré par le parquet d’Agadez dans cette lutte contre la migration clandestine a été enregistré grâce une mobilisation de l’ensemble des autorités administratives, judiciaires et coutumières de la région d’Agadez’’.
Issouf Hadan (Agadez)
30 septembre 2017
Source : La Nation