Il a également, au nom de toutes les institutions de la CEDEAO, salué très respectueusement, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République Togolaise, Président en exercice de la Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement de la CEDEAO dont la présence parmi nous, dénote de l'importance qu'il accorde aux questions du genre, aux droits des enfants, et la lutte contre la fistule obstétricale et la mutilation génitale des femmes dans l'espace CEDEAO.

M. Marcel De Souza a noté  que «  Notre Institution, a compris très tôt qu'on ne pouvait pas parler de développement cohérent sans se pencher sur les obstacles qui freinent l'autonomisation des femmes et des filles dans nos sociétés. C'est pourquoi, la Commission s'est fixée comme objectif d'assurer à tous les hommes et les femmes de la communauté la possibilité de vivre dans la dignité. Elle considère que cela passe par le respect des droits individuels et collectifs mais aussi par le partage équitable des opportunités et des dividendes de la croissance.

Les recommandations stratégiques que vous adopterez, en corrélation avec l'Acte Additionne relatif à l'Egalité des Droits entre les Femmes et les Hommes pour le Développement Durable en Afrique de l'Ouest, serviront de boussole à toutes les interventions dans nos pays pour accélérer les résultats en matière de lutte contre les discriminations basées sur le genre ».

Il a rappelé les attentes de la CEDEAO par rapport au forum en indiquant que les réponses des pays de l'Afrique de l'Ouest en matière de prévention et de détection de la fistule, de prise en charge des malades et de réinsertion socio-économique des femmes guéries soient renforcées.

En outre, le mécanisme de suivi évaluation périodique qui ressortira de vos travaux donnera, j'en suis persuadé, une démarche particulière à vos interventions que nous souhaitons participatives, inclusives et vecteurs de grands changements positifs ».

Après avoir insisté sur « tout le soutien de la CEDEAO, pour un plaidoyer auprès de nos Etats et des partenaires au développement en vue de l'appropriation et de l'accompagnement nécessaire à la mise en œuvre effective des actions pertinentes prioritaires soutenant les femmes et les enfants et éradiquant les violences faites aux femmes, le Président Marcel De Souza a martelé que « Je reste convaincu que vous ne ménagerez aucun effort pour l'application effective de vos recommandations dans nos Etats membres et je vous en sais gré pour le bien-être de nos populations ».

En conclusion, il a estimé que « l'adoption du Plan d'Actions de la CEDEAO de Lutte contre les Fistules Obstétricales dans les Etats membres ainsi que l'adoption du Cadre Stratégique et Plan d'Actions de la CEDEAO sur la protection des enfants ainsi que les trafics des enfants et les violences faites aux femmes seront, en complément au Plan d'Actions de la composante "Femmes, Paix et Sécurité" du Cadre de Prévention des Conflits de la CEDEAO (CPCC, adopté en février 2017), autant d'éléments qui vont désormais faciliter la transversalité du genre dans toutes les interventions de la CEDEAO ».

Le Président de la République du Niger, M. Issoufou Mahamadou, parrain de la cérémonie a, après avoir demandé l’observation d’une minute de silence à la mémoire de nos soldats lâchement abattus par les terroristes, estimé que son pays est particulièrement honoré d’accueillir les Premières Dames des Etats Membres de la CEDEAO dans le cadre du présent forum. Je voudrais souhaiter la bienvenue et adresser mes vifs remerciements aux premières dames et à toutes les délégations qui ont fait le déplacement de Niamey. Il a également rendu un hommage mérité à son frère et ami Faure Gnassingbé, Président de la République Togolaise, et Président en Exercice de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEDEAO qui malgré un agenda surchargé a tenu à faire le déplacement de Niamey et honoré de sa présence cet important évènement.

S’agissant des trois thèmes d’une grande importance  qui sont inscrits aux débats du forum à savoir : l’éradication de la fistule obstétricale ; la protection de l’enfant contre les abus et l’exploitation ; les mutilations génitales et les violences basées sur le genre, le Président Issoufou a rappelé que « Ces trois thèmes intimement liés sont des défis majeurs par rapport auxquels nos populations attendent des réponses appropriées au niveau communautaire et au niveau de chacun de nos Etats ».

Concernant la fistule obstétricale, le Président Issoufou a souligné que cette « maladie souvent méconnue de la majorité de la population, survient durant les accouchements prolongés, compliqués ou sans assistance médicale. Elle touche particulièrement les jeunes femmes de 15 à 24 ans, victimes de mariages précoces ou forcés et par conséquent de maternités précoces ainsi que les femmes victimes des mutilations génitales telles que l’excision. Il en est de même pour les femmes en âge avancé, lors de leur dernier accouchement. Cette pathologie affecte près de deux millions de femmes dans le monde dont la plus grande partie en Afrique.

Toutes ces catégories de victimes sont surtout des femmes vivant en milieu rural et souffrant de l’analphabétisme, de la malnutrition et de la pauvreté.

La fistule obstétricale étant par excellence la maladie type liée à la reproduction, ce thème donne l’occasion d’aborder  le problème plus vaste de la santé de la reproduction ».

Le Chef de l’Etat s’est ensuite appesanti sur le  Niger  qui a élaboré et démarré la mise en place la stratégie nationale d’éradication de la fistule obstétricale 2016-2020, articulée autour du renforcement de la prévention, de l’augmentation de l’offre et de la capacité de prise en charge thérapeutique et psychologique des femmes victimes, la réintégration socio-économique, le renforcement de la coordination du partenariat et la capitalisation des acquis.

Parlant de la protection de l’enfant contre les violences abus et exploitation, le Président Issoufou a rappelé « que tous nos pays sont parties à la convention internationale sur le droit de l’enfant de septembre 1989 et à la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant de juillet 1990. Ces deux conventions,  ratifiées par nos pays, consacrent des droits et une bonne protection juridique aux enfants. De plus le Niger a adopté en 2013 un document cadre de protection de l’enfant.

Force est de reconnaitre que le problème de la protection de l’enfant dépasse le cadre juridique, qui du reste a très peu de failles ; il est tout simplement lié à notre mentalité et notre attitude par rapport à l’enfant. L’enfant est perçu comme une assurance vie pour subvenir aux besoins des parents à un âge avancé. L’enfant est perçu comme une source de main d’œuvre gratuite corvéable quel que soit son âge pour aider les parents dans les exploitations agricoles et ateliers. Ces attitudes et mentalités, malheureusement très généralisées dans nos sociétés africaines, ne sont pas compatibles avec les dispositions des conventions internationales sur la protection des enfants signées et ratifiées par nos Etats ». Enfin il a invité «  à une reconversion nécessaire des mentalités afin de percevoir désormais l’enfant comme il se doit, c’est-à-dire une charge pour les parents car il faut assurer son éducation, sa protection et son insertion sociale. C’est dans ce sens que se pose la question de la procréation responsable ».

Dans l’allocution solennelle  d’ouverture de cette rencontre, le Président en exercice de la CEDEAO, Faure Essozimna Gnassingbé, a invité les uns et les autres à la formulation d’une réponse concertée contre la fistule obstétricale, cette maladie qui marginalise les femmes atteintes. Le Président Faure Essozimna Gnassingbé a fait savoir qu’il faut une détermination infaillible pour parvenir à son éradication. « C’est avant tout une question de dignité humaine et c’est pour cela que je ne peux ne pas répondre à votre aimable invitation », a-t-il dit à l’endroit de son homologue nigérien.

«La question de la fistule obstétricale est une douleur absolue non seulement pour les femmes atteintes et leurs proches, mais également pour nous tous. C’est vraiment la maladie de l’exclusion car elle touche essentiellement les femmes ayant peu ou pas d’accès à une prise en charge adéquate, mais elle continue de les reléguer au bord de leurs communautés. C’est un problème majeur de santé publique et de société», a relevé M. Gnassingbé. Il a reconnu et salué les efforts réalisés dans les pays membres de la CEDEAO, ce qui donne des raisons de croire en l’avenir.

Tout en appelant à agir sur les facteurs sanitaires et médicaux, sociaux, culturels et économiques et la mutualisation des efforts en vue d’une véritable synergie d’actions et le renforcement du processus d’intégration dans tous les domaines, Faure Gnassingbé a lancé : « Je suis optimiste quant à nos chances d’y parvenir, car la mobilisation est générale en notre sein et l’accompagnement de nos partenaires dans cette lutte, n’a jamais été démenti ».

Dan Maradi Namadèye