Des perspectives encore plus sombres avec l’école nigérienne qui agonise, pratiquement dans l’indifférence d’hommes aveuglés par un agenda politique qui ne leur procure, en fin de compte, que misères et humiliations. Vous pensez sans doute que la suppression de quelques postes budgétaires que vous avez multipliés à volonté, sans égard pour les conseils avisés et les mises en garde, vous donnerait quelque marge de manœuvre. Détrompez-vous ! Vous en avez déjà fait à outrance, en refusant des postes budgétaires et la mise en solde à des centaines d’enseignants que vous avez recrutés. Le problème, c’est que cela ne peut pas remplacer tous ces milliards détournés à des fins personnelles. Le problème, c’est qu’avec tous ces scandales de milliards détournés et par rapport auxquels vous restez de marbre, il est difficile, voire impossible pour vous, de créer la confiance entre vous et les partenaires. Vous avez déjà parcouru le monde entier, en quête d’argent, mais en vain. Pourquoi vous fatiguez-vous tant alors que les Nigériens ont découvert où se trouvent leurs milliards ? Pourquoi perdez-vous votre temps et l’argent du contribuable nigérien à parcourir les cinq continents pour chercher de l’argent alors qu’il suffirait de restituer, entre autres, ces 200 milliards que Hassoumi Massoudou a fait transférer dans un compte bancaire privé, à Dubaï ? Trouvez-vous vraiment crédible de chercher à emprunter de l’argent pour le compte du Niger alors notre argent, des centaines de milliards, dort quelque part, dans des comptes privés dont on connaît les bénéficiaires ? Quel est l’État ou l’institution qui prêtera de l’argent à des dirigeants qui prétendent lutter contre la corruption et que l’on surprend avoir mis de côté autant d’argent appartenant à leur peuple ? Bref, les 200 milliards de la Sopamin doivent impérativement revenir au Trésor public. C’est l’argent public et vous ne pouvez pas continuellement jouer à l’indifférent. Vous êtes coincé comme on dit. Soit, vous donnez la preuve, à travers des actes forts tendant à sévir contre Hassoumi Massoudou et ses éventuels complices pour montrer que vous êtes en dehors de cette scabreuse affaire ; soit vous continuez à ignorer les attentes des Nigériens et les Nigériens vous tiennent, à la fois, pour le principal instigateur et le bénéficiaire de cette manne financière.
Monsieur Issoufou, le Niger va très mal et vous êtes le principal responsable. Votre programme, qui n’a existé que du papier, a été en vérité un miroir aux alouettes. Votre gouvernance a particulièrement servi à enrichir des individus plutôt qu’à investir dans le développement du pays. Tout ce qui était désormais de l’ordre du possible à la fin de l’ère Tanja a connu un sort dramatique sous votre conduite. Le barrage de Kandadji, le ciment de Malbaza, la centrale thermique de Kao, Imouraren, la loi minière 2006, …ont tous été enterrés. En lieu et place de ces projets structurants, ce sont des échangeurs, construits à crédit et surfacturés pour enrichir des hommes, qui ont vu le jour. En un mot, vous avez tout détruit. Et malheureusement, même l’école, qui vous a permis d’être ce que vous êtes, n’a pas été épargnée. Cette école, qui vous a permis, vous, enfant de la brousse de Dan Dandji, de venir à Niamey, puis d’aller, plus tard, en France et de revenir au pays pour figurer parmi l’élite du pays, est aujourd’hui par terre. Des écoles sont actuellement fermées au Niger à cause de la sécheresse. Beaucoup d’écoles du Niger, selon un bulletin du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu (Ocha), sont fermées en raison de la crise de fourrage due à la sécheresse. Cette situation inconfortable pousse des familles entières d’éleveurs à migrer avec bêtes et enfants à la recherche d’aires de pâturage. Les régions touchées sont Maradi et Zinder (centre-est), Agadez (nord) et Tahoua (ouest) où on signale la fermeture de plusieurs écoles et un taux d’abandon de plus de 50%, ». Toujours selon Ocha, ce sont 33 000 enfants d’éleveurs qui ont déjà abandonné l’école pour suivre leurs parents à la recherche de zones de pâturage favorables.Dans les seules régions de Zinder et de Tahoua, on dénombre respectivement 17 169 et 12 043 abandons d’élèves. La distribution gratuite de repas à environ 6800 élèves encore présents dans les salles de classe ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan. C’est le pâturage qui manque, dit-on, mais en vérité, même le grain manque.
Monsieur Issoufou, telle est la réalité de l’école nigérienne sous votre conduite. Une réalité encore plus poignante lorsqu’on sait que, même dans les grands centres urbains, cette école n’est plus que l’ombre d’elle-même ; qu’elle n’a pas fonctionné un mois sur les six que l’on compte depuis la rentrée d’octobre et qu’au regard de la façon dont vous voulez gérer les problèmes inhérents à vos propres actes de gestion, il n’y a que l’"enfer" que l’on peut envisager pour l’école nigérienne. Daouda Mamadou Marthe exécute si bien vos instructions, mais croyez-moi, il ne s’en sortira pas. Tout au plus réussira-t-il à provoquer une année blanche.Le refus du dialogue est une faute en communication ; une grosse faute qui instruit suffisamment sur la mauvaise foi de son auteur. Quant à la violation des engagements pris dans le cadre des négociations avec les syndicats de l’éducation, ça n’a surpris personne, tant votre gouvernement s’est illustré, même au plan international, dans ce registre de remise en cause d’accords librement souscrits.Me fondant sur vos antécédents et tout ce que votre gouvernance a généré jusqu’ici pour le Niger (misères, larmes et souffrances), je fais le pari que l’école nigérienne est ainsi tombée dans un engrenage dont elle ne sortirait qu’après votre départ du pouvoir. On ne gère pas l’école comme une boutique, encore moins comme sa boutique. L’école est un bien précieux et y toucher, c’est remettre en cause les fondamentaux du développement.
Monsieur le président, les fallacieux alibis que vous avez trouvés pour engager un bras de fer avec les syndicats de l’éducation, la prétendue croisade contre la corruption et les délits assimilés et tout autre feu que vous allumerez, ne sera en mesure de faire oublier votre échec cuisant et la recherche effrénée de boucs émissaires. Car, les Nigériens ont acquis la conviction que vous êtes la source et l’explication de cette politique qui a ruiné le Niger : aux plans social, politique et économique. Et tant que vous n’aurez pas produit les preuves que vous n’êtes pas la source et le terminal de ces gros scandales politico-juridico-financiers, je vous tiens personnellement responsable de tout et entièrement.
Je vous tiens responsable de ce vrai-faux coup d’État au nom duquel des citoyens nigériens, civils et militaires sont en prison depuis de très longs mois ; des citoyens dont vous ne pourrez comprendre la souffrance et celle de leurs proches que si un jour où votre propre liberté se trouve assujettie au bon vouloir d’autres hommes où lorsque vous aurez maille à partir avec la justice.
Je vous tiens responsable de ces scandales financiers qui ont ruiné l’économie nigérienne et endetté l’État comme jamais auparavant, notamment des scabreux dossiers de l’achat de l’avion présidentiel, des 1000 milliards d’Eximbank, des 200 milliards de la Sopamin, des 50 milliards du Congo, des 20 milliards de l’Artp, de la saisie des biens immobiliers du Niger en France et aux Etats Unis.
Je vous tiens responsable de la protection de ceux qui ont fait main basse sur les deniers publics, faisant de votre pouvoir l’ombrelle sous laquelle s’abritent d’indélicats personnages dont la culpabilité dans certains dossiers ne fait aucun doute.
Je vous tiens responsable de cette grave déchirure sociale, accentuée par une politique inique que vous entretenez et/ou laissez prospérer, notamment sur le plan judiciaire où tout se passe selon un agenda politique clairement perçu par les Nigériens.
Je vous tiens responsable de tout, mais cela n’exonère point certains de vos camarades comme Mohamed Bazoum, Hassoumi Massoudou, Karidio Mamadou, Pierre FoumakoyeGado, etc.
Je vous tiens responsable de tout jusqu’à ce que vous puissiez prouver, à la face du monde, que vous n’en êtes pour rien et que vous demandiez pardon au peuple nigérien d’avoir été trompé.
Je vous tiens responsable et vous signale que la gravité de la situation exige bien plus qu’un tri de quelques indélicats à sacrifier pour se tirer d’affaire. Vous avez si accumulé les fautes que je doute que cela puisse vous permettre de ne pas vous noyer.
Mallami Boucar
16 mars 2016
Source : Le Monde d'Aujourd'hui