Constatant que l’arbitraire, l’impunité, l’injustice, la corruption, la concussion et le népotisme ont pris une ampleur jamais égalée dans le pays, et sont même en passe d’être érigées en « normes » dans la gestion des affaires publiques à tous les niveaux ;
Constatant la déliquescence sans précédent du système éducatif nigérien, marquée par une baisse vertigineuse de la qualité des enseignements consécutive à plusieurs années de politiques d’ajustement structurel, et à l’absence d’une réelle volonté politique d’allouer des ressources suffisantes à ce secteur dont l’importance pour l’avenir du pays n’est plus à démontrer ; 
Nous, organisations de la société civile, signataires de la présente déclaration :
1-Présentons nos condoléances les plus attristées aux familles et aux proches de tous les éléments des forces de défense et de sécurité qui ont perdu la vie au cours de ces dernières semaines suite à des attaques terroristes menées contre les localités de Tilwa et Wanzarbé dans la région de Tillabery ;
2-Exprimons notre profonde indignation devant la récurrence et le lourd bilan des attaques terroristes, qui viennent mettre à nu les défaillances et les insuffisances de notre système de sécurité, malgré les énormes ressources financières qui lui ont été officiellement consacrées au cours de ces dernières années ;
3-Réitérons notre revendication relative à la réorganisation, au renforcement des capacités opérationnelles, à l’augmentation des effectifs dans les zones en proie aux menaces sécuritaires, et à l’audit des ressources financières importantes consacrées à la défense et à la sécurité au cours des cinq (5) dernières années dans l’optique de vérifier leur utilisation efficace et efficiente. 
4-Renouvelons notre appel à la dénonciation de tous les accords de défense secrets liant l’État du Niger à d’autres puissances, et à la fermeture immédiate de toutes bases militaires étrangères établies dans notre pays sur la base des tels accords, dans le souci de préserver la souveraineté du pays et contrer toute velléité de recolonisation. 
5-Exprimons notre surprise et notre indignation de voir encore en fonction au sein du gouvernement de la République, et de surcroit à la tête du Ministère des finances, une personnalité qui a avoué publiquement sa collision avec la compagnie AREVA et sa participation à une opération financière des plus opaques portant sur une somme d’environ 200 milliards de francs FCFA ;
6-Exigeons la démission immédiate de Monsieur Massoudou Hassoumi de son poste de ministre des finances et l’ouverture d’une enquête judiciaire pour identifier et châtier, conformément à la loi, toutes les personnes liées, de près ou de loin, à cette triste affaire de transaction financière sur le dos de l’État nigérien ; 
7-Saluons le travail d’investigation remarquable mené par les journalistes nigériens qui continuent de nous révéler toutes les affaires de corruption dont ils ont connaissance, et la prise de position courageuse des magistrats nigériens réunis au sein du SAMAN qui demandent au procureur de la république de se saisir de l’affaire de 200 milliards de francs CFA transférés du compte de la SOPAMINE à un compte domicilié à Dubai ; 
8-Dénonçons et condamnons fermement et vigoureusement la politique va-t-en-guerre choisie par le Gouvernement face aux débrayages des syndicaux des enseignants contractuels, qui s’est illustrée par des menaces, des interpellations et une stigmatisation honteuse des enseignants contractuels par le Ministre de l’intérieur Bazoum Mohamed ;
9-Apportons notre soutien indéfectible à tous les enseignants, en particulier aux enseignants contractuels qui luttent pour le paiement régulier de leurs salaires, l’amélioration de leurs conditions, notamment la fin de la politique de contractualisation et la revalorisation de la fonction enseignante ;
10-Réitérons notre revendication relative à la réhabilitation de l’école publique, qui suppose la revalorisation de la fonction enseignante à travers un système concurrentiel d’évolution de carrière et de rémunération, le paiement immédiat des arriérés de salaires dus aux enseignants contractuels, la mise en place des programmes de formation initiale et d’autres programmes novateurs afin d’améliorer l’apprentissage et répondre aux besoins des enfants, l’amélioration des conditions de vie et d’études des élèves et étudiants à travers notamment l’augmentation de l’enveloppe des bourses et allocations, la construction des salles cours, la réduction des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur, technique et professionnel.
11-Appelons tous les citoyens nigériens, en particulier les parents d’élèves, et l’ensemble des organisations de la société civile, à se tenir prêts pour prendre part aux rassemblements de soutien aux enseignants contractuels et pour la réhabilitation de l’école publique que projettent la société civile, afin de rappeler au gouvernement non seulement notre refus de le laisser écraser les enseignants contractuels, mais aussi notre détermination à nous battre pour une école publique de qualité au Niger. 

Fait à Niamey le 14 Mars 2017