Mais quand c’est après six (6) de gestion du pouvoir que le parti des «intellectuels» sert aux Nigériens une telle écolière déclaration, il y a de quoi s’y attarder. Et le moins qu’on puisse conclure est qu’en faisant une telle prestation, les responsables du principal parti au pouvoir tentent, comme cet enfant qui se retrouve nez-à-nez face à un chien qui cherche à le mordre, de chasser difficilement une certaine peur qui leur monte des pieds à la tête. De quoi le tout-puissant ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum et ses camarades peuvent donc avoir si peur ? De ce «petit parti» qui s’appelle Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANA-AFRICA), dont le leader n’a recueilli que quelque 7% des suffrages aux dernières élections présidentielles, alors même que leur candidat, lui, a recueilli plus de 92% qu’aucun autre Président nigérien n’a eus avant lui ? Les responsables du PNDS-TARAYYA peuvent-ils aussi avoir peu de ces petites organisations de la société civile et ces quelques syndicats des enseignants «manipulés» par une opposition qui n’a qu’une dizaine de partis politiques, alors que la majorité au pouvoir regroupe plus de quatre-vingt (80) partis politiques ? Quoi qu’il en soit, il y a bien quelque chose de très sérieux qui a dû pousser Mohamed Bazoum et ses amis à sortir le 22 mars dernier pour s’attaquer de manière inélégante à l’opposition, à une «certaine presse» et à certains syndicats des enseignants. Se sont-ils, enfin, rendus compte que malgré leur discours populiste les Nigériens ne les écoutent plus ? Si c’est la dénonciation des différentes affaires qui les rend si coléreux, qu’ils se rappellent qu’il y a seulement quelques années c’était cela leur exercice favori, quand ils étaient à l’opposition. A cette époque et s’appuyant sur une «certaine presse» - qui s’est même attribué le célèbre titre de presse d’investigation – ils passaient tout leur temps à fouiller dans les services de l’Etat pour trouver des documents compromettants qu’ils publiaient, de fois sans le moindre respect au caractère confidentiel de certains documents. C’est avec eux que les Nigériens ont connu l’affaire dite Zainab, les LAP, les PSOP et autres. Pourquoi eux vont vouloir qu’aujourd’hui d’autres Nigériens se taisent sur leurs forfaitures, surtout que les leurs portent toutes ou presque sur des milliards de francs CFA, alors qu’avant c’était des affaires de quelque dizaines de millions ? Autant les opposants actuels voudraient que le pays tombe dans l’abîme parce qu’ils ne seraient pas au pouvoir, autant eux les responsables du PNDS-TARAYYA veulent que tout le monde arrête d’émettre la moindre critique sur la gestion des affaires de l’Etat parce qu’ils sont au pouvoir. Mais il leur faut prendre davantage des antidépresseurs car les Nigériens ne sont pas prêts à renoncer à l’exercice des droits que leur confère la Constitution de leur pays.
Oumar Aboubacar Mohamed
31 mars 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui