EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,

Le 20 mars dernier, le peuple Nigérien a fait son choix dans le calme. Je le remercie de m’avoir renouvelé sa confiance pour un deuxième mandat. Je le remercie d’avoir accepté que je reste à son service  pendant les  cinq prochaines  années.  Il a encore cru en moi et je ferai tout pour démontrer qu’il ne s’est pas trompé, la meilleure façon de le faire étant d’honorer mes promesses  de campagne comme ce fut le cas au cours du  mandat qui vient de s’achever.

En effet, pendant  mon premier mandat, l’économie du Niger a connu un taux de croissance annuel moyen de 6%. Cette croissance  a permis à des couches importantes de notre société de franchir le seuil de  pauvreté et de venir renforcer la classe moyenne. Cette croissance a été portée par le secteur agro-pastoral à travers  l’initiative « 3N », les « Nigériens Nourrissent les Nigériens », par les investissements, par la consommation des ménages à travers le renforcement de leur pouvoir d’achat, notamment celui des fonctionnaires, par le secteur des ressources naturelles notamment la mise en exploitation du pétrole brut et sa transformation en  produits pétroliers raffinés dont  le Niger d’importateur  est devenu  exportateur.

Pendant cette période, le taux de pression fiscale a progressé, permettant à l’Etat de mobiliser plus de ressources internes et donc de réduire sa dépendance vis-à-vis  des financements extérieurs. Au total, les ressources financières mobilisées, internes (plus de 73%  du financement) comme externes, soit environ six mille milliards de FCFA, correspondent, à peu de chose près, aux prévisions  du programme de renaissance. La répartition des ressources, entre les différents secteurs, traduit bien notre souci d’asseoir, durablement, les trois termes du  triptyque sécurité-démocratie-développement.

Dans le domaine de la sécurité, nous avons renforcé nos capacités opérationnelles et de renseignements. Des opérations lourdes, mobilisant des milliers d’hommes, ont été conçues et exécutées  pour protéger  les régions frontalières  avec la Libye, le Mali et le Nigéria.  A l’intérieur du  territoire, nous avons mis au point des patrouilles régionales et départementales qui sillonnent quotidiennement les villages pour y sécuriser les populations. Avec le Tchad, nous  avions apporté notre concours au Nigéria  en montant une opération pour y libérer des villes occupées par Boko-Haram. Avec le Bénin, le Cameroun, le Nigeria et le Tchad nous avons mis en place une force mixte multinationale  pour juguler  la menace de cette organisation  dont la barbarie est bien connue. Au Mali, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, le Niger est présent dans les missions des Nations-Unies pour contribuer à la sécurité de ces pays frères. Ainsi notre pays a non seulement maintenu la sécurité et la paix à l’intérieur de ses frontières mais aussi  a contribué à la sécurité et à la paix dans la région.

EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,

La priorité accordée à la sécurité ne nous a pas fait oublier les autres priorités comme la consolidation des institutions démocratiques, l’initiative « 3N », les « Nigériens Nourrissent les Nigériens », les infrastructures, les secteurs sociaux de base, l’accès à l’eau, à l’assainissement et la lutte contre le chômage, notamment celui des jeunes.

Deux indicateurs permettent d’évaluer ce qui a été fait, pendant le quinquennat, dans le domaine de la consolidation des institutions démocratiques : l’indice de perception de la corruption de Transparency  International et l’indice de Reporter sans frontière sur la liberté de la presse. Classé 134ème en 2010 par Transparency International, le Niger  occupe aujourd’hui la 99ème place mondiale. Notre pays n’est certes pas le Danemark mais il a gagné 35 places en cinq ans. Le progrès réalisé dans le domaine de la liberté de la presse est encore plus impressionnant : en cinq ans, le Niger gagne 92 rangs, passant de la 139ème place en 2010 à la 47ème place mondiale aujourd’hui. Nous occupons le 7ème rang en Afrique. Donc, notre pays fait partie des pays les plus libres d’Afrique et du monde.

S’agissant de l’initiative « 3N », les « Nigériens Nourrissent les Nigériens », nous avons tenu le pari de nourrir les Nigériens et réalisé la cible n°1 de l’OMD1 relatif à la réduction de la faim. Nous avions fait la promesse que sécheresse ne sera plus synonyme de famine : cette promesse a été tenue et l’initiative « 3N » a permis de faire reculer la pauvreté qui est, dans notre pays, surtout rurale et féminine.

En matière d’infrastructures, des milliers de kilomètres de routes bitumées ou en terres sont réalisées ou sont  en cours de réalisation, une centrale électrique de cent mégawatts a été construite à Niamey et sera inaugurée dans les prochains jours, des centaines de villages ont été électrifiés,  un important réseau de fibre optique a été installé, d’importantes infrastructures urbaines ont été réalisées dans les villes de Niamey, Dosso et Maradi. Dans ce domaine, s’est réalisé  un vieux rêve, celui d’entendre siffler le train au Niger, le seul pays de l’Afrique de l’Ouest à ne pas disposer ne serait-ce que d’un mètre de rail : le train a enfin sifflé car le tronçon de chemin de fer Niamey-Dosso a été inauguré le 29 Janvier dernier.

Le secteur de l’éducation, quant à lui, a reçu des investissements sans précédent dans l’histoire de notre pays. En cinq ans, nous avons  réalisé dix fois plus de classes par an  que pendant la décennie 2000-2010. Un nombre important d’enseignants a été recruté pendant le quinquennat.  Un effort particulier a été fait pour la formation professionnelle et technique : le taux des enfants orientés vers ce sous-secteur est passé  de 8%  en 2010 à  25% en 2016. Par ailleurs on note la création de quatre nouvelles universités dans le pays.

Les secteurs de la santé, de l’eau et de l’assainissement ont bénéficié également d’importants  investissements. Des centres de santé intégrés ont été  construits, des médecins et des infirmiers recrutés. Un hôpital de référence, l’un des plus grands de l’Afrique de l’ouest, dont l’inauguration est prévue dans les prochains jours,  a été construit et équipé. Des milliers d’équivalents points d’eau ont été installés grâce notamment à la réalisation de forages  d’eau  multi-villages.

Enfin, pendant le quinquennat qui vient de s’achever, il a été créé des  dizaines de milliers d’emplois permanents  et le pouvoir d’achat des travailleurs, notamment celui des fonctionnaires a été renforcé.

Ainsi, l’essentiel  des  promesses faites au peuple Nigérien, il y a cinq ans, ont été tenues. « Ka yi  an gani mun gode », « ni te ir di ir sabu » c’est-à-dire « 6-7Promesses tenues » n’était  pas un slogan de propagande : les réalisations sont réelles, visibles et palpables.

EXCELLENCES,  MESDAMES ET  MESSIEURS,

Le programme de renaissance acte II, que je me propose de mettre en œuvre pendant le quinquennat qui commence aujourd’hui, reprend toutes les priorités de celui qui vient de s’achever : consolidation des institutions démocratiques, sécurité, infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques, urbaines, réseaux de fibre optique, initiative « 3N », secteurs sociaux de base (éducation et santé), accès à l’eau et à l’assainissement, emplois. A ces priorités viennent s’ajouter un  défi  majeur : la renaissance culturelle en vue de la modernisation sociale.

Avant d’évoquer ce défi  majeur, permettez-moi de revenir sur le défi  sécuritaire.  Le terrorisme, c’est le mal absolu mais ce mal doit être l’occasion pour les pays de notre sous-région et du continent  de construire des Etats démocratiques forts et stables, dotés d’armées performantes. Ne dit-on pas qu’avoir un ennemi  à combattre  est, à la fois, la pire et la meilleure des choses ? Tirons donc le meilleur parti de l’adversité que nous impose le terrorisme. Je fonde donc  l’espoir que, de la lutte contre le terrorisme, surgiront des Etats capables d’assurer, une fois pour toutes,  la sécurité des citoyens mais aussi la garantie de  leurs droits politiques, économiques et sociaux. Cette ambition, je l’ai pour mon pays qui sortira, plaise à Dieu, de l’adversité, doté d’une armée  et  d’un Etat modernes.

EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,

Tirer le meilleur parti de la lutte contre le terrorisme, c’est aussi renforcer la coopération  sécuritaire entre pays Africains. Face au danger commun nous devons organiser une riposte commune et concertée.  En effet, le terrorisme a effacé  les frontières géographiques entre  pays et donc aussi la frontière entre sécurité intérieure et sécurité extérieure. On voit bien, par exemple, comment la situation sécuritaire au Nord Mali et le chaos libyen expliquent les attentats de Bamako, de Ouagadougou et d’Abidjan. C’est dire que, tant qu’on n’aura  pas éradiqué le terrorisme au Nord  Mali, tant qu’on  n’aura pas restauré le monopole de la violence de l’Etat malien sur l’ensemble de son territoire et tant qu’on n’aura pas stabilisé la Libye, il est vain de penser pouvoir dormir en paix à Abidjan ou  Abuja, à Accra ou  Bamako,  à Conakry ou Cotonou, à Dakar ou Lomé, à Nouakchott ou N’Djamena, à Niamey ou  Ouagadougou. Restaurer la souveraineté de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire et éteindre le chaudron libyen constituent  des  tâches urgentes.  C’est pour quoi je salue la décision des pays du « G5-Sahel »  de mettre en place une force mixte multinationale sur le modèle de celle mise en place par les pays du bassin du lac Tchad. Cette force doit être déployée, en priorité, au Nord Mali.

EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,

Le renforcement de la coopération sécuritaire entre pays Africains qu’exige la lutte commune contre le terrorisme doit s’accompagner d’une accélération du processus d’intégration économique  entre ces pays. La lutte contre le terrorisme pourrait être ainsi un catalyseur de l’intégration économique. Par exemple, dans le cadre de la lutte contre Boko-Haram, dans le bassin du lac Tchad, nous avons senti le besoin de construire un pont, sur la rivière Komadougou Yobé, entre la ville de Bosso, au Niger, et celle de Mallamfatori au Nigéria. Nous avons  décidé de construire ce pont qui, une fois la sécurité restaurée, facilitera les échanges entre le Niger et le Nigéria. Ce petit exemple montre l’importance des infrastructures à la fois pour la sécurité et pour l’économie. Voilà pour quoi il ne faut pas avoir une vision réductrice de l’intégration qui la circonscrirait aux seuls  aspects économiques.

L’approfondissement du processus d’intégration économique régional  est  fortement tributaire de notre organisation dans les domaines de la sécurité et de la défense et inversement. La réalisation d’infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques etc… a un intérêt à la fois sécuritaire et économique. Des projets, comme celui de la boucle ferroviaire Lomé- Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Abidjan ou comme celui de la route Kidal-Ménaka (au Mali)- Banibangou-Balléyara-Harkanassou-Margou-Falmèye-Gaya (au Niger)-frontières avec le Nigéria et le Bénin, comportent  ce double intérêt.

EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,

Je disais que la lutte contre le terrorisme peut contribuer au renforcement et à la modernisation de nos Etats. Un autre facteur peut y contribuer  également : il s’agit de  la modernisation sociale. Celle-ci nécessitera une renaissance culturelle de notre société qui passe par une libération de l’individu du poids du tribalisme, fort heureusement en  régression dans notre pays, par  l’affranchissement  de l’individu du carcan de l’ethnocentrisme et du régionalisme  et sa protection contre le sectarisme, notamment religieux et contre les risques de radicalisation. L’accent doit être mis sur la responsabilisation de l’individu, le renforcement de sa loyauté par rapport à la patrie et son attachement au bien public. C’est là des conditions nécessaires pour mieux combattre le népotisme, la concussion et la corruption, renforcer la justice, l’égalité et la cohésion sociale.

L’Etat doit créer les conditions d’une rupture réelle avec l’obscurantisme en diffusant le savoir partout, à travers notamment une démocratisation poussée de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. La création des conditions de la transition démographique est un autre aspect de la renaissance culturelle. Nous devons changer radicalement d’attitude par rapport à cette question cruciale.  Pour ce faire,  nous devons  nous inspirer de l’expérience  des pays musulmans qui  ont  réussi  leur transition démographique : c’est le cas, pour citer quelques exemples, de l’Arabie Saoudite, de l’Indonésie, de l’Algérie, du Maroc, de l’Egypte, de la Tunisie, de l’Iran, de la Turquie etc…Ces expériences prouvent à suffisance que notre religion, l’Islam, ne constitue pas un frein dans notre combat pour relever le défi démographique.

EXCELLENCES, MESDAMES ET MESSIEURS,

 La  modernisation  politique et sociale doit servir de support à la modernisation économique. Les efforts de restructuration de l’économie entamée pendant mon premier mandat seront  poursuivis. Notre ambition est de transformer une économie jusqu’ici  dominée par le secteur  primaire  rural en une économie où les secteurs secondaire et tertiaire deviennent prépondérants.

L’ambition de l’acte II du programme de renaissance est aussi de réaliser un taux moyen  de croissance économique  annuelle de 7%. Le programme prévoit  également  de porter le taux de pression fiscale de 17% à 20%, ce qui est un taux encore faible comparativement à celui des pays développés. Sur la base de ces hypothèses et avec l’aide des pays amis et de certaines organisations  de coopération multilatérales, nous mobiliserons les huit mille deux cents milliards de FCFA nécessaires à la mise en œuvre du programme pendant le quinquennat qui commence aujourd’hui. La modernisation de l’économie, c’est aussi l’amélioration du climat des affaires, c’est  également la restauration du monopole fiscal de l’Etat et l’amélioration de l’efficacité de la dépense qui passent par une lutte implacable contre la corruption. Je m’engage à mener un combat résolu contre ce fléau.

Mon vœu le plus cher, c’est qu’ à la fin de mon mandat, lorsque j’aurais quitté le pouvoir conformément aux prescriptions de la Constitution, je laisse un Niger radicalement transformé, un Niger où les institutions démocratiques seront plus fortes, un Niger où la lutte contre  la corruption aura progressé, un Niger où les inégalités auront reculé et la classe moyenne se sera  renforcée, un Niger uni, en paix et en sécurité, un Niger où « la faim zéro » est une réalité, un Niger bien équipé en infrastructures de toutes sortes, un Niger qui aura progressé sur la voie de sa transition démographique, un Niger où l’école sera gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, un Niger où 40% de nos enfants fréquenteront les centres de formation professionnelle et technique  et en sortiront  avec un métier, un Niger où les universités formeront les cadres parmi les plus compétents de la sous-région, un Niger où l’accès aux soins de santé, à l’eau potable et à l’assainissement sera garanti, un Niger où les emplois, notamment pour les jeunes, seront abondants, enfin un Niger résolument engagé dans la réalisation de l’unité de notre continent. Voilà le projet pour lequel, plaise à Dieu, je travaillerai nuit et jour pendant cinq ans. Voilà l’ambition à la réalisation de laquelle j’invite  tous les Nigériens.

VIVE LE NIGER !

VIVE LA REPUBLIQUE ! ».

02 avril 2017
Source : http://lesahel.org/