Mahamadou Issoufou se tape 139 597 000 189 FCFA, « sans rien faire » et sans avoir à s’expliquer devant le parlement

Comme dans les budgets précédents, la présidence de la République dispose d’un budget colossal, concentrant à son niveau, tout ce que l’on peut compter comme projets et programmes à milliards. Une mesure qui permet au Président Issoufou, voyageur devant l’Eternel, de disposer de disponibilités financières même lorsque le Trésor public est asséché. Pour la plupart financés par des ressources extérieures, ces projets et programmes que le “lion” concentre entre ses “griffes”, malgré l’institution d’un compte unique du Trésor, restent prioritaires. Ce sont ces mamelles, en principe rattachés à des ministères techniques, mais dont le Président Issoufou s’est accaparé à dessein.

En se tapant ainsi 139 597 000 189 FCFA, « sans rien faire » et sans avoir à s’expliquer devant le parlement, Mahamadou Issoufou viole délibérément une disposition constitutionnelle qui établit clairement les responsabilités entre les institutions de la République. Pire, en captant tout ce qui est juteux, le Président Issoufou compromet la réalisation de nombre de projets structurants pour lesquels les fonds tractés ont été négociés et obtenus. Il en va du programme 3N qui a fait tant rêver les Nigériens avant de se révéler une coquille vide, mais non moins pourvoyeur de ressources pour ses initiateurs. En neuf ans, les Nigériens n’en retiennent que les slogans flatteurs.

Une évasion massive d’importants fonds publics

La constitution nigérienne consacre un régime semi-présidentiel ; un régime politique dans lequel le président de la République n’a aucune responsabilité devant le parlement. C’est plutôt le Premier ministre, chef du gouvernement, qui a un devoir gestion et de reddition de comptes. C’est pourquoi, à l’entame du magistère, c’est lui qui présente devant l’Assemblée nationale sa déclaration de politique générale. Pourtant, l’essentiel du budget de l’Etat est concentré à la présidence de la République. Une anomalie volontaire imposée par le Président Issoufou. De fait, il a ainsi transformé le régime semiprésidentiel consacré par la constitution en un régime présidentiel fort, favorisant une évasion massive d’importants fonds publics qui échappent pratiquement à un usage programmatif rigoureux. S’il l’a fait pour peser de son poids sur le bilan de l’action gouvernementale en pensant arracher la sympathie des Nigériens, le Président Issoufou est sans doute passé à côté de la plaque.

17 ocobre 2019
Publié le 09 octobre 2019
Source :  Le Monde d’Aujourd’hui