Pour le reste, la déclaration lue par le ministre Kassoum Moctar n’a consisté à faire un procès aux étudiants – à qui il est reproché de n’avoir pas respecté les règles régissant les manifestations – et à égrener tout ce que le régime de la Renaissance aurait fait à l’école nigérienne et qu’aucun autre régime n’ait réussi à faire auparavant. On comprend bien que les partis de la MRN soient dans leur rôle de défendre leur régime. Mais dans une situation de crise comme celle qui prévalu le 10 avril, le bon sens veut que les gens aillent au-delà des considérations politiciennes pour apprécier les faits à leur juste valeur. Comment des structures politiques, au sein desquels militent des Nigériens de toutes les catégories, peuvent-elles banaliser les violences exercées sur la communauté universitaire au sein de laquelle Dieu sait qu’elles comptent beaucoup de militants et d’adhérents ? Comment des partis politiques responsables peuvent-ils, pour le seul souci de soutenir leur régime, banaliser la mort d’un jeune étudiant dont des membres de la famille ont peut-être même parcouru des kilomètres pour aller voter en faveur de leurs candidats ? Tout comme celles du ministre de l’enseignement supérieur Mohamed Ben Omar et de son collègue de la défense Kalla Moutari, assurant l’intérim de son collègue de l’Intérieur aux moments des faits, la sortie des partis de la MRN a choqué de nombreux Nigériens. Et nul doute qu’en prenant sur lui la responsabilité de lire la déclaration, le jeune ministre Kassoum Moctar a terni une bonne partie de son image auprès la jeunesse nigérienne en général et des scolaires en particulier.  

Dan Lamso

19 avril 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui