L’Apr, silencieuse comme une carpe après la réunion du Cndp

Au sortir de la session du Cndp, l’Apr, dont l’opinion publique a attendu un feed-back en vue de statuer sur le sort réservé à ses préoccupations, n’a pas encore pipé mot de ces discussions cruciales. Par contre, Ousseïni Salatou, président du parti Labizé et porte-parole de l’Apr, s’est prononcé sur la question. Contacté par nos soins en vue d’éclairer la lanterne des Nigériens, Ousseïni Salatou a déclaré en substance que le Cndp et la Ceni ont formellement reconnu l’existence de plusieurs problèmes qui plombent le processus électoral. Des problèmes d’une délicatesse certaine d’autant plus que le retard dans l’exécution du calendrier électoral ne fait que s’accumuler davantage. Pire, de l’avis de Salatou, l’Apr est loin d’être rassurée. Il y a même de quoi s’inquiéter puisqu’il a été souligné, au cours de cette réunion du Cndp, que la Ceni, à défaut de pouvoir réaliser le fichier électoral biométrique, va recourir, s’il le faut, au fichier électoral classique. C’est la principale information de la réunion. Dans l’esprit de la plupart des participants à cette réunion, elle sonne le glas du fichier électoral biométrique. Pourtant, aucun acteur politique n’a cru devoir dénoncer une telle éventualité. Ainsi, comme dans la logique qui a prévalu dans le cadre du processus électoral de 2016, le fichier électoral biométrique risque de demeurer une chimère. L’Apr, si furieuse par le contenu de sa lettre du..., n’a pas non plus fait le moindre commentaire sur le sujet. Les alliés se sont compris, dit une source.

Désertion massive des agents d’enrôlement et tablettes et Pc non configurés
Les alertes et les mises en garde de l’Apr ont donc connu un épilogue. S’il n’est pas conforme aux exigences d’un processus électoral rigoureux, avec à la clé des règles de jeu établies en vue de garantir la compétition électorale des acteurs dans l’égalité, l’Apr semble s’y résigner tout de même. En fait, elle n’a, dès le départ, aucune chance d’être écoutée par le Pnds. La lettre par laquelle elle a exigé la convocation d’une session extraordinaire a été perçue, du côté du Pnds, comme un simple coup de gueule auquel il est habitué. Et qu’il sait manifestement gérer. Aux incertitudes se sont désormais greffées des certitudes quant à des difficultés majeures qui entravent l’élaboration du fichier électoral biométrique. Outre celles qui ont été reconnues par le Cndp, il y a également la désertion continue des agents d’enrôlement. Face à une situation prévisible que l’on peut aisément imaginer à travers les lignes du contrat signé par ces agents recruteurs, la Ceni est désemparée. Elle a complètement perdu le contrôle des opérations qui tardent à démarrer. Dans la région de Tillabéry, notamment à Simiri et à Ouallam, le député Diarra de Lumana a informé l’opinion que tous les agents d’enrôlement affectés dans les-dites localités ont déserté leurs lieux d’affectation et regagné Niamey. Sans avoir enregistré le moindre électeur. Le cas de Simiri et de Ouallam n’est pas, malheureusement, isolé. Un peu partout, dans les régions concernées par cette première phase, les recruteurs, face à l’inertie de la Ceni, sont en train de fuir. Certains ont été convoyés dans les localités qu’ils doivent couvrir depuis le 4 octobre. 1à jours après, ils sont toujours au point zéro.

Le Mnsd et l’Apr, condamnés à jouer aux figurants
À la lumière des constats dégagés lors de la réunion du Cndp et au regard de la désertion continue des agents d’enrôlement, le gouvernement a recouru aux appelés du service civique national. Des appelés du service civique national qu’il a mis à la disposition de la Ceni d’octobre 2019 à mars 2020, soit jusqu’à la tenue des élections locales. Ce recours aux appelés du service civique national prouve à suffisance le degré de l’hémorragie que subit la Ceni sur le terrain. À quelques 12 mois de la date retenue pour la tenue des élections locales, le processus électoral nigérien fait peur. L’Apr, constitué du Mnsd et de quelques petits partis sans grande obédience, n’a pas peut-être pas les moyens de son combat politique. Désormais arrimé au Pnds, le Mnsd, qui en constitue la tête de pont, est condamné, selon plusieurs sources, à jouer aux figurants. Quant à l’opérateur technique Gemalto, il étale l’étendue de son incompétence, confirmant les nombreux doutes émis à son encontre dès le départ.
Doudou Amadou

20 octobre 2019
Source : Le Canard en Furie