L'intersyndical des travailleurs du Niger (ITN) qui regroupe les principales centrales syndicales soupçonnée, à tort ou à raison, d'être de connivence avec le gouvernement a, dans un communiqué de presse, publié le 12 avril, condamné les " crimes odieux et crapuleux " du 10 avril 2017. La CNDH, Commission nationale des droits humains, accusé à tort ou à raison d'être " tendre " avec l'exécutif ou à tout le moins de se montrer muette face aux multiples violations des droits humains par le gouvernement a aussi donné de la voix. Cette fois, ce n'est guère pour plaire au président de la République Issoufou Mahamadou.

Sur le plan politique, la semaine dernière, c'était le PJD-Hakika de Mahamane Hamissou, membre de la majorité présidentielle qui dénon- çait les travers du régime ; notamment, l'embastillement du célèbre journaliste Baba Alpha de la télévision Bonferey et de l'activiste Maïkoul Zodi.

Aujourd'hui, c'est le récent Haut représentant du président de la République qui s'indigne face à la gestion gouvernementale de la crise scolaire et universitaire. Dans un communiqué de presse, l'Alliance pour la République (APR) de Seïni Oumarou s'est indigné face à la violence policière contre les scolaires et étudiants avant de demander qu'une enquête soit ouverte. Les leçons …

Le président Issoufou peut s'estimer heureux et invincible. Il a réussi à désarticuler l'opposition politique dès le premier mandat poussant même à l'exil, le plus redoutable de ses adversaires. Au second mandat, il parvient à ajouter à la trop longue liste de ses alliés, son challenger du premier mandat tout en maintenant hors des frontières, le chef de file de l'opposition. Entre temps, il a réussi à s'octroyer un mandat de plus en organisant les élections les plus tropicalisées que le Niger ait connues sans que rien ne se passe. Il continue à diriger le pays d'une main de fer, décidant de qui doit rendre compte, de qui peut tout se permettre, de qui doit bé- néficier de sa liberté et de qui doit aller en prison. Cela, sans que personne ne s'en émeuve ; pas même cette bonne Dame appelée Communauté internationale, prompte à brandir des menaces en parlant de droits humains, de démocratie et de liberté. Le président Issoufou Mahamadou a réussi là où, Mahamane Ousmane, Baré Maïnassara et Tandja Mamadou ont tous, échoué. Il y a de quoi avoir des ailes, de quoi se croire invincible, et à la limite, tout puissant. Et çà, çà peut donner des idées à la ''Tandja'', ou disons, à la Tazartché. Toutefois, le drame du 10 avril et les réactions/condamnations qui s'en sont suivies est venu comme une alerte du genre : " attention, il y a des limites à ne pas franchir ", au risque de perdre ses soutiens et de se mettre à dos, quasiment tout le monde. C'est cela, le véritable enseignement des douloureux évènements de la semaine écoulée. Seulement, le président de la République peut-il en percevoir les signes ? Oui et non.

Oui ! Parce que sa rencontre avec le Comité-directeur de l'USN, samedi, est un indicateur de sa disposition à transiger, pour une fois. L'on se rappelle que lors des évènements ''anti Charlie-hebdo'' de janvier 2015, le président Issoufou avait laissé son Premier des ministres Brigi Rafini rencontrer les oulémas se contentant d'un simple message à la nation, plutôt, creux et menaçant. Aujourd'hui, il prend les commandes et promet à l'USN, la relaxation de tous les étudiants et scolaires arrêtés dès lors qu'ils auront été entendus par un juge. En agissant ainsi, le président de la République porte un coup dur à la séparation des pouvoirs mais qu'à cela ne tienne, Issoufou Mahamadou tente l'apaisement. C'est ce que nous retenons.

Non ! La leçon n'est pas bien comprise au vu des déclarations des membres du gouvernement et le ton qui transportait lesdites déclarations. Menaces : " force reste à la loi ", mensonges : " l'étudiant mort a fait une chute ", mépris : " les forces de l'ordre ont fait preuve de professionnalisme " ont ponctué les sorties médiatiques hasardeuses des ministres. Et puisque l'on ne peut pas imaginer, dans une situation de crise, que des ministres dé- gagent des positions qui ne sont pas celles de l'exécutif auquel ils appartiennent, il est clair que ces positions sont également celles du président Issoufou. De toutes les façons, que cela soit compris ou non par les gouvernants, la preuve est donné que le président Issoufou peut perdre ses soutiens même, les plus fidèles dès lorsque la situation le commanderait. Alors, prudence doit remplacer arrogance.

23 avril 2017
Source :  L'Eclosion