Face à l’urgence, toute la société nigérienne est aujourd’hui interpellée. Chacun est, depuis lors, appelé à mettre du sien, à jouer sa partition pour que la musique de la paix que l’on entend ronronner, sortant difficilement des entrailles de la terre nigérienne endolorie, s’élève dans la nation pour l’envahir dans le choeur entonné de ses filles et de ses fils. Mais avant un autre, c’est le Père de la nation qui, avant de s’en aller après ses deux mandats, est interpellé.
Faire siennes, les chances de paix qui s’offrent au pays…
Le président de la République est constitutionnellement le garant de l’unité nationale, de la cohésion sociale et donc de la paix intérieure. A ce titre, de grandes responsabilités reposent sur ses épaules, des responsabilités auxquelles il ne saurait se soustraire. N’est-ce d’ailleurs pourquoi la Constitution lui commande de s’élever, de se placer au-dessus de la mêlée pour arbitrer, au besoin pour concilier, sinon réconcilier. Magistrat suprême aussi, le même texte qui régit la République, lui donne les clefs pour agir à réguler des tensions politiques et sociales, n’ayant de boussole qui le guide dans son action et ses décisions que l’intérêt supérieur de la nation, la paix dans laquelle les Nigériens devront vivre et l’unité qui doit tisser leur société de plus en plus traversée par de multiples fractures douloureuses. Aujourd’hui, toute la société nigérienne l’observe, se disant que tout dépendra de lui, ou pour mettre fin au rêve des Nigériens qu’on peut entendre depuis des jours de réinventer la paix, ou de replonger le pays dans des situations à l’issue incertaine. Mais d’ores et déjà, ils sont nombreux à croire qu’il pourrait être à la base de cet élan nouveau dont les premiers vents étaient venus de la primature qui a, même avec les difficultés que l’on sait, tenté de renouer les fils du dialogue en ramenant autour de la table et du pouvoir, des protagonistes qui s’y sont éloignés depuis des temps. Sans doute qu’à un niveau, l’on s’est rendu compte de la portée d’un gâchis. Le Niger doit alors avancer sans écouter ces faucons et autres pêcheurs en eaux troubles qui semblent vivre mal ces moments de détente et de rapprochement qui réparent des blessures dans notre société. Sur les réseaux sociaux, quelques individus véhiculent des messages qui ne sont pas de nature à adoucir les coeurs et à permettre à la société nigérienne de se relever de ses blessures et à exalter le pardon et la tolérance.
Il ne s’agit plus, comme dans un unanimisme béat, de marcher ensemble comme si les hommes devaient avoir peur d’être différents, mais de laisser à chaque enfant du pays, prendre la place qui lui revient dans la nation et dans l’espace démocratique. Mais il va sans dire que la construction de la paix n’est pas que du seul ressort du magistrat suprême même si l’on sait que sa seule volonté politique est plus déterminante pour y aller plus sûrement car elle est la condition sine qua non pour que soit possible le dialogue, personne ne pouvant la contrarier. Mais d’abord des composantes de la société… Les Nigériens ont vu le monde qui a convergé depuis des jours au domicile de l’ancien président de l’Assemblée nationale et Chef de file de l’Opposition, sans que jamais, sa maison ne désemplisse, recevant à longueur de journée des militants, des sympathisants, des officiels, des adversaires, des alliés politiques. Si ce monde bigarré et différent a surpris plus d’un observateurs, c’est que l’on a cru y voir le signe d’une détente et surtout la capacité des Nigériens à se surpasser, à savoir dominer leur rancoeurs, à comprendre que les moments difficiles dans une nation et dans une communauté, appellent utilement à un apaisement des coeurs.
Parmi les composantes de la société il y a surtout la délégation de l’Association Islamique du Niger que l’on a vue chez Hama Amadou pour lui présenter ses condoléances suite au décès de sa mère il y a quelques semaines. Ces gestes beaux de milliers de personnages qui se sont relayés souvent par délégations au domicile du Président du Moden Fa Lumana durant toute la fin de la semaine ont montré que notre humanisme ne nous a pas pour autant désertés malgré les méchancetés et les incompréhensions que nous avons souvent eus les uns pour les autres. Et certains observateurs, à juste titre, pourraient se demander si ces gestes tardifs, ne sont-ils pas hypocrites ? Il faut croire que ce sont des gestes sincères qui émanent d’un constat général : le besoin d’accalmie et de paix pour ce pays qui a souffert de tant de turbulences alors même que ses enfants, comme un autre peuple, sont aussi capables du meilleur. Ces Ulémas doivent donc prendre leur place de régulateurs de tensions sociales et politiques pour accompagner le Niger dans la dynamique actuelle en aidant d’abord à une réconciliation sincère qui rendra possible la coexistence politique pacifique dans notre démocratie. Ils ont un rôle important à jouer, sans chercher un victorieux ni un perdant, convaincus que dans l’effort d’apaisement, le Niger reste le seul gagnant. Il faut d’ailleurs espérer que se joignent à eux d’autres leaders d’opinions pour impulser cette dynamique jusqu’à ce que la bombe sociale et politique qui couvent soit désamorcée. Des hommes….
La paix est l’affaire de tous car l’absence de paix nuit à tous : au pauvres et aux riches, aux gouvernants et aux gouvernés. Les temps de turbulences n’épargnent personne. Tous les Nigériens doivent alors se joindre à ce grand mouvement pour qu’ensemble, ils puissent construire la paix dont on a besoin dans ce pays. C’est pour quoi l’on ne peut que condamner certains agissements en porte-à-faux avec l’air du temps que certains – des hommes et une certaine presse – ne peuvent saisir pour comprendre que ce pays n’a plus besoin de es tiraillements qui l’avaient nourri pour s’engager comme tous les autres à bâtir la paix, déjà menacée par des ennemis qui viennent de l’extérieur. Il n’est que de l’irresponsabilité que de vouloir faire obstruction à cet élan. Quand on voit le monde qui a convergé au domicile de Hama Amadou, l’on ne peut que comprendre et soutenir ce besoin de paix qui s’exprime chez les Nigériens. Qui ne l’avait-on pas vu ? Ils étaient tous là, auprès de Hama, pour lui présenter leurs condoléances. La facture des personnalités que l’on a vues là, montre bien que des lignes bougent et par les réseaux sociaux, les images de ces rencontres ont été diffusées, comme pour communiquer avec un peuple qui évolue depuis un certain temps dans une logique de doute et même souvent d’affrontement. On a vu d’abord le ministre de la renaissance culturelle, le ministre de l’Intérieur, Bazoum Mohamed, le haut représentant du président de la République, Seini Oumarou, la présidente du front indépendant, FOI, Mme. Bayard Gamatié, une délégation du CDS Rahama, une délégation de l’Association Islamique du Niger, l’Honorable député Attiya, le ministre Salah Habi, le ministre des Affaires étrangères, Kalla Ankouraou, la première dame Malika Issoufou, le président de l’ANDP Zaman Lahiya, Hassoumi Massaoudou, etc.
Comment ne pas croire que tous ces mouvements humanistes et humaines soient un gage de décrispation quand on sait qu’il y a quelques mois, se rendre à n’importe quel événement social d’un opposant et surtout du Moden Fa Lumana expose à des représailles, le social ne pouvant plus avoir de place dans l’adversité en temps-là, heureusement derrière nous.
En vérité, l’avenir de ce pays préoccupe bien de partenaires et bien d’hommes politiques soucieux du pays, le seul dont ils peuvent se revendiquer.
Peut-être, enfin, peut-on espérer une renaissance d’un pays que des clivages et des adversités irréductibles avait rabaissé. Il ne faut donc écouter que l’âme de notre peuple pour lui éviter des épreuves inutiles. Notre grandeur est dans notre capacité à pouvoir nous surpasser pour avancer ensemble, sans trop regarder dans le rétroviseur de l’Histoire. N’est-ce pourquoi, Kala Lubu, dans Une Saison au Congo d’Aimé Césaire, pour son peuple qui célèbre l’indépendance proclamée, après des années de luttes anticoloniales, rappelle que le temps n’est plus aux récriminations car ditil, « l’enfantement se fait toujours dans la douleur, mais quand l’enfant nait, on lui sourit » dans l’oubli de tout qu’une mère aura vécu et enduré comme souffrances tout le temps qu’elle l’a porté pour ne vivre que du bonheur d’entendre son premier cri qui annonce sa venue au monde. Notre pays a besoin de paix, rendons-là lui !
Il nous faut humaniser notre vie politique. Enterrons les haches de guerre et cultivons la paix pour se fleurs à la postérité.
Par Waz-Za
1er décembre 2019,
Publié le 18 novembre 2019
Source : LActualité