Nous l'écrivions dans notre précédente parution, au stade actuel, le seul à pouvoir tirer profit de la déchirure du parti au pouvoir est le Président Issoufou. Comment ? Cela lui permettrait de s'imposer en seule alternative viable pour 2021. Ce n'est pas possible, pourriez-vous dire. D'abord la constitution ne le permet pas mais encore, le chef de l'Etat a d'ailleurs clairement indiqué qu'il s'en tiendra à ses deux mandats constitutionnels légaux. Sur le dernier point nous vous ferons remarquer par des exemples assez simples que le Président Issoufou a fait plusieurs promesses qu'il n'a pas tenues. Pour un bref rappel, retenons qu'il a juré sur le Saint Coran de respecter et faire respecter la Constitution du 25 novembre 2010. Pourtant, rien que le non-respect du quota sur le genre dans ses différents gouvernements viole la loi et donc la Constitution qui renvoie à celle-ci ; il a promis d'investir le quart du budget national dans l'éducation, il ne l'a jamais fait. La liste est longue. Donc, la profession de foi de ne pas vouloir aller au-delà de ses deux mandats est à mettre dans le lot de toutes ses autres promesses que les Nigériens ne connaissent que trop bien. Le dénigrement orchestré il y a quelques mois contre le régime semi-présidentiel et la révision engagée de la Constitution ne sont pas pour rassurer. Aussi, l'opinion ne cesse de s'interroger sur les véritables motivations ayant conduit le Président Issoufou à attirer, au prix de moult sacrifice et énergie, le MNSD-Nassara dans la majorité présidentielle. Veut-il que le MNSD l'aide dans un éventuel Tazartché, chose, que ce parti connaît déjà pour avoir été celui par lequel, l'ancien président Tandja Mamadou avait obtenu la prolongation illégale desonmandat?Ilyadequoi s'inquiéter quand on sait que la quasi-totalité des acteurs de cette triste période gravitent aujourd'hui autour de la planète Renaissance. Une planète comparable à la Terre - avec tous les moyens de subsistance - tandis que les autres, se trouvant sur Mars, manquent jusqu'à l'eau potable et les graines. Un autre aspect à prendre très au sérieux, c'est cette capacité du Président Issoufou à tenir en joue ses alliés - politiques ou apolitiques - à travers des dossiers compromettants. Cela permettra de
leur faire exécuter n'importe quel projet que ça leur plaise ou non. Ils sont des soutiens inconditionnels non pas parce qu'ils croient ou sont d'accord mais simplement, parce qu'ils n'ont pas trop le choix : soutenir ou aller en prison. Ça, c'est une stratégie très efficace et c'est probablement ce qui a permis au président de la République de s'en sortir dans tout ce qu'il a entrepris ; de réussir là où d'autres avant lui, ont échoué. Il s'en ait fallu d'un hold-up électoral pour que feu le président Ibrahim Baré Maïnassara soit empêché de gouverner, Issoufou l'a bel et bien réussi ; avant lui, Ali Saïbou avait fait les frais du 9 février 1990 ayant causé la mort de trois étudiants, sous la Renaissance, il y en a eu plus ; en 2005, dans son élan de majoration de la TVA, Hama Amadou, Premier ministre a été arrêté net par une lutte citoyenne contre la vie chère, aujourd'hui, sous le président Issoufou, tout est cher, on privatise les magasins sous douanes et rien ne se passe ; Mahamane Ousmane, président de la République a fait les frais de sa mésentente avec son premier ministre d'alors, en 2014, Issoufou a pu se débarrasser du président de l'Assemblée nationale sans être inquiété outre mesure. Ceci pour dire que le chef de l'Etat s'est donné les moyens de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué, lamentablement. Une raison suffisante pour le faire espérer réussir à aller au-delà de ses mandats constitutionnels, c'est-à- dire, là où, le Président Tandja a échoué. Attendons de voir.
Ibrahim Yero
10 mai 2017
Source : L'Eclosion