Aujourd’hui, dans ces élucubrations, l’on ne peut que voir l’échec sinon l’incapacité de la CENI à assurer la mission dans la satisfaction des différents acteurs et aujourd’hui, c’est elle-même qui donne la preuve que certaines composantes politiques de l’échiquier avaient bien raison de douter de sa neutralité autant que de ses compétences même si, à sa dernière sortie médiatique, c’était le président Me Souna lui-même de la commission qui se flattait, disant à qui veut l’entendre toute l’expertise en matière électorale dont il peut se prévaloir pour vouloir que pour ce, on lui fasse confiance et le laisse aller dans la mascarade qui commence. En fait, personne ne doute de ses diplômes, mais ici, c’est de son coeur que l’on doute quand on sait qu’il a un penchant politique que ne peuvent trahir ses proximités politiques avec les milieux socialistes. Cela change tout ce qui peut le rendre crédible aux yeux de certains acteurs et surtout lorsque, comme pour faire douter d’une probité, malgré les critiques qui le visent depuis des années, il s’entête à avancer, ne se souciant plus du consensus minimal dans la nation, de sa crédibilité, de sa réputation et de l’image que les Nigériens devraient avoir de lui quand il peut rester insensible à tant de reproches dont il ne peut pas se laver.
Mais depuis que certains alliés, et non des moindres, ont commencé à grincer des dents, boudant à leur tour le processus, et ce pendant que le candidat du pouvoir, nonobstant les critiques, continue une campagne électorale avant l’heure, et sentant venir son isolement dans un processus qui ne fait pas consensus, les Renaissants avaient compris qu’ils allaient dans le mur et qu’il fallait pour cela céder à la pression qui venait et ce dans la crainte d’un renforcement d’une opposition dont ils ont peur malgré qu’ils la minimisent, car personne ne doute qu’ils ont conscience de son enracinement dans le peuple, de l’importance de sa côte renouvelée dans l’électorat nigérien déçu d’une gouvernance socialiste catastrophique. Les cris qui jaillirent de la mouvance au pouvoir et qui dénonçaient les conditions de préparation des élections, ne pouvaient pas passer inaperçus et pour une fois, le Pnds Tarayya pouvait saisir la menace pour décider enfin de concéder quelques souplesses pour accéder à une revendication politique majeure qui exigeait la tenue des élections locales avant les élections législatives et présidentielles. Faut-il croire que si le système a cédé à cette demande c’est parce qu’il l’aurait fait de bonne foi ou parce qu’il redoute que l’APR qui se démarquait de sa position, ne puisse prendre définitivement ses distances avec le camp du pouvoir pour rejoindre l’opposition ? Cette lecture est tout à fait fondée quand on sait combien le Pnds souffre de voir d’autres acteurs partir vers l’opposition, en l’occurrence vers le Moden/Fa Lumana qui a cristallisé toutes ses appréhensions et justifier toute son anxiété.
Par ailleurs, s’il est vrai qu’on peut légitimement se réjouir de cette petite avancée, peut-on croire que les inquiétudes sont aujourd’hui toutes dissipées pour croire que le processus électoral puisse se dérouler dans la sérénité et dans la confiance des acteurs ? Rien n’est moins sûr. On peut à ce propos se rappeler qu’en 2011 déjà, c’était à un haut niveau que la Renaissance assurait qu’elle ne pouvait s’accommoder d’élections tropicalisées et pouvait mettre en avant un parcours pour s’en défendre, ce qui ne l’avait pas empêchée de perpétrer le hold-up le plus mémorable de l’histoire de notre démocratie. Aussi, dans ce que disait dans ses commentaires le président de la CENI confinée par la Renaissance, on pouvait entendre que l’incertitude plane sur le nouveau schéma qu’il dit être tributaire de certains facteurs dont entre autres la finalisation du fichier et son acceptation par tous, l’impression des cartes, l’audit du fichier et la disponibilité des financements qui sont une autre incertitude. Pourtant, pour ce dernier point, on ne peut qu’être surpris d’entendre la CENI évoquer cet autre problème quand on peut se rappeler que le président de la République, Issoufou Mahamadou et certains de ses sbires, non sans orgueil, promettaient d’organiser les élections sur fonds propres, dispensant l’Extérieur de tout appui financier. Les mêmes, dans l’oubli de leurs vieilles vanités, semblent revenir pour compter encore pour la tenue de ces élections sur les partenaires du pays, mais sans les rassurer de tenir des élections crédibles dans le pays, toute chose qui aurait pu les inciter à s’engager aux côtés de la Renaissance pour l’organisation impeccable des prochaines élections. Pourquoi, la CENI qui devrait se montrer à la hauteur de sa mission, n’a pas été capable de tenir de tous ces paramètres et convaincre de la fiabilité du background onusien dont aime à se flatter, en bon socialiste, le président de la CENI ? Si aujourd’hui, comme tout autre observateur de la scène, la CENI pouvait avoir les mêmes craintes quant à la possibilité pour elle de respecter les délais constitutionnels, c’est qu’elle doit comprendre qu’elle a échoué tragiquement pour finalement pousser le pays dans des situations complexes. Faut-il croire, comme a pu le dire un acteur politique à propos de la gestion des fonds de l’armée, qu’en plus du pays que c’est le président Issoufou qui a été ainsi trahi par les siens, que la CENI, elle aussi, en créant par son incapacité des situations porteuses de germes de discordes et de tensions, qu’elle aura aussi trahi un président qui promettait de s’en aller un soir d’avril 2021, pour laisser le pays aux mains d’un successeur démocratiquement élu, dans une situation post-électorale qui préserve la stabilité des institutions et du pays ?
Me. Issaka Souna et sa CENI ne peuvent donc se plaindre de personne car il va sans dire que même pour la diaspora, s’ils l’avaient voulu, ils allaient pouvoir enrôler la neuvième région mais puisqu’ils semblent avoir leur agenda, ils jouaient sur le timing pour créer une situation de «force majeure» pour justifier de l’impossibilité de recenser les Nigériens de l’extérieur et peut-être demain, pour surprendre l’APR à laquelle on donne aujourd’hui des gages dérisoires, pour expliquer que pour telle ou telles autres raisons, il ne serait plus possible de tenir les élections locales surtout que face à l’urgences à respecter les délais constitutionnelles pour les présidentielles, il urgerait plutôt de doter le pays de nouvelles institutions pour ne pas sortir des prescriptions constitutionnelles. En cela, l’acquis qui pourrait faire gonfler l’APR n’est plutôt que très mince et appelle de sa part plus de prudence. Il y a d’ailleurs des faits qui donnent à douter de ce petit pas fait pour une fois, pour satisfaire une demande populaire.
Rester méfiant…
Ce ne sera certainement pas la dernière fois que le Pnds Tarayya tentera de rouler les acteurs politiques dans la farine, car ayant cette prétention de pouvoir ruser avec tous comme si un autre pouvait ne pas être capable d’intelligence pour comprendre ses manoeuvres. La concomitance de deux faits majeurs pourrait expliquer les subites gentillesses des Renaissants qui concèdent finalement – du moins théoriquement – la tenue d’abord des élections locales. L’on sait que c’est au moment où, drapé de son costume de président en Exercice de la CEDEAO, le président nigérien initiait une mission au Mali pour tenter de juguler la crise. Par une telle offensive, la communauté ouest-africaine s’apprêtait à partir au Mali pour aider les Maliens à transcender leurs divergences afin de mettre le pays à l’abri des turbulences qui prennent de l’ampleur. C’était donc en ce moment que s’enflammait au Niger le débat autour du processus électoral, avec désormais des alliés qui s’en méfient, ne se privant pas de les dénoncer. En conduisant la délégation à Bamako, il va sans dire que le président nigérien ne pouvait qu’être mal à l’aise à aller demander aux frères maliens ce que lui, ne peut faire chez lui, notamment cultiver la tolérance politique et provoquer le dialogue politique au sein de la classe politique. On ne peut convaincre qu’en donnant le bon exemple or en l’espèce les socialistes ne sont pas un modèle à vendre. Quand on peut voir ces réactions sur les réseaux sociaux, de la part de tant de Nigériens que de Maliens, l’on ne peut que souffrir de ce qui arrive au premier Nigérien que nombre d’Africains ne peuvent comprendre dans ses agissements, obnubilé d’être ce personnage d’une envergure internationale et qui aurait la solution à tous les problèmes quand chez lui, tout devient problème.
Il ne faut non plus pas oublier que c’est au même moment que venait au Niger une mission de la Francophonie qui arrivait soi-disant pour auditer le fichier biométrique. La mission est d’autant curieuse que le fichier n’est même pas encore disponible et surtout que les affichages ne sont pas terminés, encore moins les réclamations et les corrections éventuelles ? L’OIF, veut-elle, dès à cette étape, donner un quitus à ce qui n’est même pas fini ? Cette mission parait donc trop suspecte pour cette raison, mais aussi parce qu’on apprend que c’est le président sortant qui aurait demandé qu’elle vienne, non la CENI ou les partis politiques. En accédant à une revendication somme toute majeure comme la tenue préalable des élections locales, le régime de la Renaissance veut montrer aux hôtes de la Francophonie qu’il fait montre de disponibilité et d’ouverture. Il n’y a pourtant rien qui puisse permettre de croire à cette volonté quand on sait qu’à la veille du sommet de l’UA 2019 également, la Renaissance avait exprimé ces mêmes bonnes intentions pour appeler au dialogue alors qu’il ne s’en servait qu’à tromper des hôtes qui venaient et qui devraient avoir une bonne image du Niger et de sa démocratie. On se souvient que, se servant d’une structure d’anciens présidents africains, le régime en place, usant de manipulations, pouvait profiter pour mettre sur les feux de la rampe un Mamane Ousmane, ancien président nigérien, comme pour faire croire que les relations du pouvoir avec ses adversaires seraient lices.
Très vite, et juste après la fin du sommet, on devrait comprendre que les Renaissants n’ont changé en rien et qu’il ne faut pas compter sur eux pour civiliser les relations politiques en apaisant le climat politique qui se dégrade de jour en jour entre les différents acteurs de plus en plus méfiants pour ne plus être capables de se réconcilier, de cultiver la tolérance politique dans un pays qui en a pourtant grandement besoin. Conjoncturellement, la Renaissance pouvait polir son image et se faire confiance lorsque certains agendas politiques voudraient qu’elle donne l’impression d’être dans les normes. C’est dire, pour les naïfs, que la Renaissance, en faisant montre, par calcul sans doute, de ces bonnes volontés qui surprennent, qu’elle n’a pour autant pas dit son dernier mots relativement aux conditions d’organisation des prochaines élections et qu’il faille pour cela rester sur ses gardes pour encore veiller sur le processus. D’ailleurs, qui n’a pas été étonné d’entendre le président de la CENI, pour la première fois, sur un ton très mesuré, prétendre – car personne ne pouvait le croire – que la CENI serait toujours à l’écoute de ses partenaires et notamment des acteurs politiques pour répondre à leurs attentes pour aller, ainsi qu’elle le prétend, dans le sens de ses désirs. Ça trompe qui ? Peut-il croire que les Nigériens ont oublié ses arrogances quand il pouvait avoir la certitude des soutiens politiques de qui vous savez ?
Sans doute qu’on cherche à endormir les consciences. Ce qu’on peut entendre ces derniers jours ne ressemble ni à la CENI ni aux caciques du Pnds. Un répit peut-être pour laver des cerveaux, les abrutir, les abêtir même, pour ne plus savoir le choix qui vaille pour eux et pour le pays et sa démocratie.
Vigilance…
Gobandy