Vigie, Mamane Abou l’a été dans le mouvement associatif, au sein duquel, plusieurs acteurs de la société civile ont bénéficié de ses conseils. Il ne manquait jamais de nous livrer gracieusement des affiches publicitaires qui rehaussaient l’éclat de nos manifestations pacifiques. Souvenons-nous de la marche historique du 15 mars 2005, il était là, au côté de la Coalition Equité Qualité contre la vie chère ; comme membre fondateur de l’ANDDH, structure avec laquelle les forces démocratiques ont défendu et obtenu la Conférence Nationale Souveraine, qui allait refonder la République et la lancer sur les rails d’une démocratie à jamais irréversible dans notre pays.
D’ailleurs, pour sa probité, la Conférence Nationale Souveraine lui avait confié le poste de Président de la redoutable Commission Crimes et Abus qu’il dirigea avec une main de fer.
Le Niger a perdu un fils méritant, l’un des plus ingénieux, l’un des plus innovateurs, un visionnaire et assurément un ‘’juste’’. Moi, je perds un Grand-frère. Je perds un fidèle ami de trente ans. Mon parent à plaisanterie ; j’étais son « Baâdaré » et quand, je lui rétorquais, je lui disais : « toi aussi tes ancêtres ont traversé l’Ader pour se réfugier à Belbédji ». Nos éclats de rire résonnent encore dans mes oreilles et surtout dans mon cœur. Je perds un ami très proche que j’admire, que j’envie, parce que, comme le dit un dramaturge Grec Eschyle : « Il est peu d’hommes enclins à rendre hommage, sans quelques mouvements d’envie, au succès d’un ami.»
Je perds un ami de trente ans de lutte. Permets-moi de t’appeler « mon refugié de Belbédji ». Tu y reposes aux lieux où tes ancêtres reposent ; et ceux qui t’ont accompagné m’ont rapporté que le ciel t’appartient désormais. Je perds un ami de trente ans. Je pleure parce qu’il y a des larmes quand on a mal. Je parle d’une mort d’un militant activiste comme moi, mais j’essaie de me consoler, car disait Albert Camus : « parler de ses peines, c’est déjà se consoler. »
Je perds un ami de trente ans. Je me console, tant bien que mal. Parce que la mort fait partie de la vie. Derrière la douleur se réfugie la joie n’est-ce pas « mon Grand Targui de Belbédji ? » Je me console parce que je tiens cette vérité du poète Birago Diop : « les morts ne sont pas morts. »
Les amis de lutte, ta famille et tes collaborateurs garderont ce souvenir de ton rire, de ta rigueur, de ton éternel optimisme et de ton combat. Tu laisses un vide immense derrière toi. Et c’est avec beaucoup de tristesse et de compassion que je présente mes sincères condoléances à ton épouse, tes enfants, tes frères et sœurs, tes parents, tes amis et connaissances, tout en leur témoignant mon ferme soutien dans ces moments extrêmement difficiles. Ta vie a été belle. Repose en paix Maman !
Moustapha Kadi Oumani
Président de l’ONG CODDAE