Un autre quartier où le problème est plus sérieux, Doubai, situé à l’extrémité Est de la ville, dans certaines concessions depuis deux semaines aucune goutte n’a coulé des pompes. Aliman, un agent de développement s’alimente dans d’autres coins de la ville, lui il a un moyen de transport, imaginez la souffrance de tous ces pauvres gens qui n’ont ni moyen de transport, ni moyens de se payer quelques bidons avec les revendeurs. En hochant la tête, il respire et lança mais où va-t-on si les pauvres n’arrivent même pas à boire à leur soif ?

Ibrahim qui habite un peu plus loin, dans une colère à peine retenue, s’en prend à la société d’exploitation des eaux (SEEN) d’Agadez. Pour lui, elle ne se soucie pas de ces clients, des citoyens honnêtes qui payent leur facture, et ce qui m’agasse c’est le choix de ce mois béni de ramadan pour plonger les gens dans ce calvaire. Chaque jour ce père de famille parcours 14 Km pour aller dans un village prendre l’eau avec les jardiniers, je pense, le mieux c’est de retourner à nos traditions, nous dit il, prendre l’eau gratuitement au puits.

Ahmed lui ne comprend pas cette situation que traverse son quartier Doubai, en montrant du doigt le nouveau château inauguré il y a à peine deux mois et qui se dresse juste devant sa maison. Il se demande à quoi sert tout cet investissement de l’Etat car cette situation existait depuis l’année dernière. Arahmat,   à côté, lance un appel à la SEEN de revoir ses installations ou de trouver une solution définitive à ce problème, car pour elle les femmes et les enfants sont les principales victimes.

A sabon Gari, l’eau coule mais à des heures tardives ; certains chefs de familles veillent jusqu'à 2h du matin pour faire le plein des ustensiles, Mallam souleyman dénonce cette situation ; car sans cette denrée même la religion ne sera pas bien pratiquée, il faut que les autorités s’intéressent à ce problème pour mettre fin à la souffrance de leurs administrés, dit-il. Abdoulay, l’enseignant est habitué, depuis plus d’un an. Il règle l’alarme de son appareil pour ne pas manquer la corvée, pourtant il se rappelle des promesses faites par les autorités communales qui ont prédit une fin rapide à la situation mais le calvaire ne fait que s’amplifier.

Le problème est passager

Selon Elh Rabiou ISSOUFOU, Directeur régional de la SEEN exploitation d’Agadez, le problème est passager, la capacité de la société n’arrive pas à couvrir Agadez car la ville grandit précise-t-il, cela est dû essentiellement aux grandes chaleurs enregistrées ces derniers temps et à l’insuffisance de la ressource, explique ce responsable de la SEEN. La société reconnaît un problème de réseau dans certains quartiers qui sont en élévation et des efforts sont faits pour corriger ce qui peut l’être. C’est pour remédier à cette insuffisance que la société a activé un projet qui est censé amener de l’eau en quantité suffisante, son volet électrique n’est pas encore fini, ce projet est censé amener de l’eau additionnelle à la ville explique Mr Issoufou : « ça fait beaucoup des forages, ça fait beaucoup des pompes , il faut alimenter en énergie électrique, les groupes sont la mais il faut changer tous les circuits électriques , changer les transformateurs et ces derniers sont commandés précise le chef d’exploitation et ils sont entrain d’arriver au Niger, dés qu’ils seront là le projet sera boucler et Agadez n’aura plus de problème d’eau conclut le Directeur.       .

Des arguments sans fondement

Le constat vient de la société civile qui se réfère au plan de développement communal de la commune urbaine d’Agadez. En son axe1, accès des populations aux services sociaux de base de qualité, l’eau fait partie des priorités. Pour Sanoussi Lamine MAHAMAN membre du mouvement patriotique pour la citoyenneté responsable MPCR Agadez et président du rassemblement pour les jeunes, les arguments avancés par la SEEN ne tiennent pas vu les efforts déployés par l’Etat à travers la construction des châteaux pour renfoncer les capacités de mobilisations et des retenus d’eau dans la ville, pour cet acteur de la société civile. En principe le problème ne devrait pas se poser, les familles sont éprouvées selon lui par les veillées et cette situation est préoccupante connaissant le contexte actuel en cette période de Ramadan. Il fustige cette atteinte aux droits de consommateurs qui payent chaque mois des factures qu’ils n’ont pas consommées. Mr Sanoussi regrette le silence des autorités qui ne font rien pour que la situation soit décantée, en tant que acteur de la société civile et défenseur des droits de consommateur, le président du rassemblement pour les jeunes attire l’attention de ceux qui ont en charge la commercialisation de l’eau notamment la SEEN de revoir ses services envers la population.

Intchirwak Abou, membre de l’ANDDH à Agadez déplore les coupures pendant cette période de chaleur et du Ramadan, quand on sait que l’accès aux ressources énergétiques c’est un droit pour tous les citoyens et les services des eaux et l’électricité sont des services de base. Pour lui, quand il faut faire la prestation de service, il faut la faire avec beaucoup plus de moyen de qualité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui à Agadez où les droits des citoyens sont spoliés, violés car tout service de base doit avoir normalement sa déontologie, son mécanisme de fonctionnement, des dispositions réglementaires qui le régissent. Ces dispositions sont urgemment à prendre pour qu’il n’y ait pas de défaillances, ajoute ce défenseur de droit de l’homme, en rappelant le moment choisi par la SEEN pour faire souffrir la population.

Ces délestages récurrents à Agadez rentrent dans l’actif de la violation des droits humains. Il demande à cette société d’exploitation d’eau qui peut se targuer de son indépendance de prendre toutes les dispositions pour mieux servir les consommateurs. Enfin, Intchirwak Abou demande aux autorités d’avoir un droit de regard sur cette problématique, parce que la surveillance, et le fonctionnement leur incombent ; ils doivent interpeller la SEEN qui est là pour le bien être des citoyens et non pour contribuer à la dégradation des droits de citoyens.

Quelle alternative pour soulager la population ?

La première vient du conseil municipal d’Agadez, le maire regrette que, malgré des investissements à hauteur de 1,5 milliard de Francs CFA par la SPEEN, société d'État, et la construction d'un nouveau château d'eau, les problèmes perdurent dans sa ville. La mairie porte secours aux populations éprouvées. Elle met en exécution une opération de distribution gratuite d’eau, où deux citernes font le tour des différents quartiers qui ont un problème crucial d’eau. Adamou Habi, un agent de la mairie en charge de l’opération rassure que cette opération va se poursuivre pour accompagner les citoyens très abattus par le jeûne en ce moment de grande chaleur et qui font en longueur de journée la chasse de cette denrée rare qui coûte chère dans la capitale de l'Aïr, ces derniers jours. Dans la période actuelle de grosses chaleurs, cette situation qui met en danger en particulier les enfants et les personnes âgées est inadmissible, ajoute Rhissa Feltou, maire de la commune urbaine d’Agadez.

La deuxième vient de la SEEN, en attendant le fonctionnement du projet censé amener de l’eau additionnel à la ville, la société d’exploitation des eaux du Niger (SEEN) Agadez a mis en place un planning, un plan de délestage qui à diviser les quartiers en deux parties. Une première partie de la ville est servie de 06H à 16H, et une partie composée de quartiers éloignés et en élévation, de 16H à 06H. Nous pensons que cela va soulager les souffrances des populations, avance le chef d’exploitation de la SEEN, impuissant face à cette étape dure que traverse sa société qui n’arrive pas à satisfaire sa clientèle et de nombreux consommateurs de la ville d’Agadez. Vivement une solution rapide car comme le dit un adage touareg ‘’AMANE IMANE’’ autrement dit l’eau c’est la vie.

ISSOUF HADAN

30 mai 2017
Source : La Nation