{xtypo_quote}Plus qu’un frère...{/xtypo_quote}

Le temps s’est arrêté un mardi 5 janvier, mon cœur s’est figé, tout s’est ralenti autour de moi, vertiges et malaises, mal être car je venais de perdre un être si cher à mon âme...

Ce n’est pas du cinéma, malheureusement. C’est vivre dans tout son être l’une des cruautés de ce monde où l’on découvre sur certains sinueux chemins de l’existence, des personnes d’exception, des hommes avec un grand « H », qui ne doivent jamais partir car leur absence blessera la beauté du monde.

Inoussa Ousseini, « Dukoutous » pour ses intimes, était incontestablement un Grand Homme ! Le temps d’un parcours, long et semé d’épisodes marquants, nous avions dès nos cinq ans, cultivé la fraternité de choix dans sa plus belle manifestation. Plus tard, chacun suivant sa route, nous étions restés soudés par ce lien si fort tissé aux aurores de nos existences. C’est ainsi que même après de très longs moments de silence, comptés en mois ou en années, le temps d’un coup de fil ou d’une rencontre parfois fortuite, nous nous retrouvions avec la même chaleur, la même complicité, comme si c’était hier seulement que nous nous étions quittés.

Son empreinte est indélébile dans ma vie comme dans celles de plusieurs, au Niger et ailleurs sur le continent ainsi que dans le reste du monde qu’il aura réussi à subjuguer par son génie créateur dans le domaine culturel particulièrement, mais aussi par l’exemplarité d’un parcours humain survolant les mesquineries, les lâchetés et autres petitesses. Oui, il était grand notre Dukoutous, faisait ou tentait tout en grand et rêvait grand pour son prochain, son pays, son continent !

Dévoué comme jamais en amitié, je repense notamment à cet épisode si poignant qui résume plutôt bien quelques traits de caractère de cet Homme fait de courage et de fidélité. C’était au milieu des années 80, embastillé au secret et dans des conditions très difficiles, j’ai reçu un jour en véritable cadeau du ciel, un petit poste radio envoyé par Inoussa depuis Ouagadougou, terre des hommes intègres. Il y vivait à l’époque, assumant les fonctions de Directeur Général du CIDC- CIPROFILMS.

Dukoutous prit ainsi des risques énormes pour moi, impliquant notamment son vieil oncle, Georges, résidant à Tillabéri et membre du parti Sawaba. Ensuite, sorti de prison quelques années plus tard, oublié de tous ou presque, je devins son protégé. En effet, avec entre autres Mamoudou Diop, Aimé Bolho, le Président Ali Saibou et le Premier Ministre Mamane Oumarou, il m'a discrètement et efficacement soutenu afin de me permettre de me reconstruire un destin plus favorable en allant poursuivre des études aux États-Unis. Il me surnomma affectueusement « Le gitan », en référence à mes multiples pérégrinations.

Dukoutous en maestro du Septième art, à la députation, au gouvernement, dans la diplomatie culturelle, autant de stations notables où il aura fait un passage remarqué et remarquable.

Mes pensées les plus émues pour ceux qui te pleurent sincèrement aujourd’hui et spécialement pour Aiché, épouse modèle qui a été là à tes côtés, toujours en soutien, complice de toutes les fortunes de la vie.

 « Le souvenir, c'est la présence invisible » disait Victor Hugo. À jamais présent tu resteras dans mon esprit et dans mon cœur, mon cher frère !

Puisse Allah t'accorder le repos éternel. Amen.

Par Maman Sambo Sidikou